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40 Tout l'après-midi, Yvan avait réfléchi au moyen de s'en sortir.

Publié le 06/01/2014

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40 Tout l'après-midi, Yvan avait réfléchi au moyen de s'en sortir. Il avait remarqué que les pieds tubulaires de la table pouvaient se dévisser, mais sans outils il n'avait réussi qu'à se blesser. Il désossa alors les stylomines, confectionna un pas de vis avec deux languettes métalliques, et reprit son travail de démontage. L'un des pieds finit par céder. Il s'éreinta une bonne heure à l'utiliser comme levier pour briser sa chaîne et desceller le piton du mur, mais il avait beau s'y meurtrir les bras et les mains, l'ensemble était trop solide. Il ne pourrait s'évader qu'en assommant son geôlier pour lui prendre ses clés. Il savait ce qu'il risquait s'il manquait son coup. Yvan avait répété ses gestes un nombre incalculable de fois. L'homme qu'il aurait à affronter était plus robuste que lui, et il était violent. Il ne retiendrait pas ses coups. Yvan n'avait pour lui que l'effet de surprise. Ça se jouerait dans les premières secondes. Il plaça le pied dévissé à sa droite, dans une position apparemment normale. Quand il entendit du bruit dans le garage, il s'installa à son travail, une main sur la jambe, l'autre tenant une feuille qu'il faisait mine de lire attentivement. C'était l'attitude la plus favorable pour l'attaque qu'il avait préméditée. Il tournait le dos à la porte d'accès du local. Celle-ci comportait un oeilleton permettant de regarder dans la pièce avant d'y pénétrer. Un sourire en coin, Eddy se réjouit de voir son prisonnier à l'ouvrage. Il s'approcha pour poser sur la table l'enveloppe kraft que lui avait transmise Marion. Mais à peine avait-il tendu le bras qu'Yvan, de sa main libre, se saisit brusquement du pied métallique. La table, déséquilibrée, bascula vers l'avant, tandis qu'Eddy recevait à l'estomac un coup de barre qui le plia en deux. Yvan lui asséna alors un deuxième coup sur la nuque. Eddy s'effondra, un voile rouge devant les yeux. La barre roula au sol. Yvan tira sur sa chaîne pour atteindre le corps inerte et s'emparer des clés, en vain. L'autre se remit à bouger. Yvan tenta de piétiner son visage, mais c'était trop tard. Il avait perdu la partie. Dans les secondes qui suivirent, il sentit les coups déferler sur lui. Une saveur amère envahit sa bouche. Il revint à lui lentement, dans un halo ouaté. Presque aussitôt, la douleur le crucifia. Allongé sur le dos, il attendit que cesse le bourdonnement qui emplissait son crâne. Puis il s'assura qu'il n'avait pas de fractures l'empêchant de se mouvoir. La chaîne tinta à ses poignets et à ses chevilles. La soif le torturait. Eddy lui rendit visite dans la soirée alors qu'Yvan continuait de geindre, recroquevillé contre le mur. -- T'auras ta gamelle après avoir regardé ce que ta copine t'a apporté. Yvan se redressa comme il put et agrippa le rebord de la table. Le meuble avait été réparé. Il s'assit et ouvrit l'enveloppe kraft. -- T'as intérêt à te montrer productif. Et sage. Sinon, ce sera le tour de la petite. -- Ne la touchez pas ! cria Yvan. La porte se referma à nouveau derrière lui. * Dès son retour à Paris, Marion s'était enfermée dans sa chambre. Ce que lui avait appris la tapisserie de Saint-Remi pourrait peut-être s'emboîter avec d'autres éléments. Plus elle aurait d'indices sérieux à communiquer au ravisseur, plus elle serait en mesure de négocier. Elle voulait juste entendre la voix d'Yvan, s'assurer de son état, de son moral. Qu'il tenait le coup. Jane frappa doucement à sa porte et entra avec une tasse de thé et quelques gâteaux. -- Je t'apporte un remontant. -- C'est adorable. Pardonne-moi d'être aussi distante en ce moment, mais il faut que je termine ce travail. C'est important pour moi. Elle n'osa pas dire « vital ». -- Je le vois bien. -- Mmm... Merci pour les sablés ! C'était une façon de congédier sa tante gentiment. Marion n'avait qu'une crainte, que son téléphone sonne au mauvais moment. Elle relut le distique mystérieux de la tenture et s'attarda sur la présence du mot « puis ». Celui-ci la ramena au plan du château de Chambord, à son puits de lumière au centre de l'escalier à double révolution. Elle visualisa le plan du donjon central et sa superposition avec le carré de Polybe. Elle reproduisit aussi le quadrillage, et l'idée jaillit : le carré magique d'ordre 5 ! En quelques clics, elle trouva la distribution spécifique des vingt-cinq premiers chiffres complétant ce carré. La grille se distinguait par la somme de chacune de ses colonnes, rangées ou diagonales, toujours égale à 65, soit la moitié de 130, un premier lien avec le nombre 13. Ce fameux 13, révélé comme une seconde clé, apparut de façon éclatante aux yeux de Marion. Il était gravé au centre du carré, précisément sur l'escalier dessiné par Léonard de Vinci. Le plus remarquable est que le 13 apparaissait à de nombreuses reprises. Quels que fussent les deux nombres symétriquement positionnés autour de lui, leur somme serait toujours égale à 26, soit deux fois 13. Enfin, la somme de tous les nombres du carré donnait 325, soit 25 multiplié par 13. Marion songea immédiatement à des expertises menées sur les oeuvres de Léonard qui évoquaient ce nombre. Les dimensions de La Joconde par exemple, avec 76,96 centimètres de hauteur pour 53,08 de largeur. Sa hauteur était aussi égale à l'inverse de 0,013, et sa largeur égale à pi multiplié par 1,3 puis 13. L'épaisseur elle-même de l'oeuvre le mettait en évidence. Des mesures au dixième de millimètre révélaient une épaisseur de 13,1 millimètres. Ce nombre était encore plus prégnant dans le tableau Sainte Anne, la Vierge à l'enfant, avec une largeur de 130 centimètres. Les correspondances surgissaient de partout. Dimensions, chiffres symboliques, alignements sur de grandes distances. Mieux, un point commun les reliait de manière inexplicable : comment Léonard de Vinci pouvait-il déjà utiliser le centimètre comme unité de mesure, alors que le système métrique n'avait été conçu que deux siècles après sa mort ? Comment les bâtisseurs étaient-ils parvenus à aligner avec autant de précision leurs édifices sur des distances aussi considérables, au vu des imprécisions criantes des cartes de leur époque ? Marion reprit les tracés qu'Yvan avait réalisés. De toute évidence, les rois suivaient des desseins secrets qui empruntaient à une science détenue par des initiés. Elle s'intéressa alors au château de Versailles, miroir et creuset de la monarchie absolue. En reliant Chambord, Versailles et Reims, on obtenait un triangle isocèle parfait. Elle acheva son croquis et vit apparaître la division en deux triangles rectangles, à l'aplomb du château de Fontainebleau. Or, les triangles rectangles ne se contentent pas d'être parfaits, ils sont remarquables par leurs dimensions, et pour figurer les valeurs 1, 2,  , la grande règle mathématique. Ces valeurs permettant également de mettre en évidence le nombre d'or, phi. Poursuivant ses recherches, Marion s'intéressa à la topographie de l'époque. Au XVIe siècle, arpenteurs et géomètres ne pouvaient aligner avec une telle précision des monuments sur des centaines de kilomètres. Marion en était convaincue. L'un des soucis majeurs des monarques était de disposer d'une cartographie sérieuse pour administrer efficacement leur territoire et leur sujet. Elle découvrit alors que François Ier avait fait l'acquisition d'un ensemble de vingt-sept cartes de la Géographie, de Ptolémée, qui représentaient les tracés les plus précis du monde exploré. Puis le nom d'un célèbre cartographe apparut dans ses recherches : Piri Reis, aussi célèbre que controversé. Un fragment d'une de ses cartes avait été retrouvé en Turquie, au début du XXe siècle, lors de la restauration d'un palais ottoman. Ce planisphère aurait été réalisé en 1513, seulement deux ans avant le début du règne de François Ier. Il était si précis, jusque dans les contours du continent austral, qu'il soulevait nombre d'interrogations. Charles Hapggood, un universitaire américain, l'avait transmis pour examen à l'US Air Force. La réponse qu'il avait obtenue était stupéfiante. Pour l'US Air Force, le dessin des côtes pouvait être corrélé aux résultats du profil sismique de la calotte glaciaire antarctique, réalisé par l'expédition de 1949. Sachant que le littoral du continent blanc était alors recouvert par 1,5 kilomètre de glace ! L'US Air Force ajoutait qu'elle n'avait aucune idée de la manière dont ces informations avaient pu figurer sur une mappemonde datant de 1513. Marion contempla une photo de la carte de Piri Reis en se demandant quelles découvertes pourraient révéler la piste qu'ils remontaient. * L'enveloppe kraft libéra un parfum d'espoir quand Yvan la décacheta. À partir des calculs opérés par Marion, une intuition se forma dans son esprit. Il fouilla dans ses notes et se souvint d'une liste intéressante qu'il avait dressée au sujet des grandes réalisations menées par François Ier durant son règne. Peut-être pourrait-il alors établir une relation intéressante avec la progression de leurs recherches ? Il s'arrêta sur le château de Villers-Cotterêts, dont François Ier avait lancé la construction en 1533. Cet endroit était devenu célèbre par l'ordonnance, signée en 1539, décrétant que tous les actes devaient désormais être rédigés en français. Yvan dégagea son espace de travail pour reprendre la carte sur laquelle il reliait les points susceptibles de révéler de nouvelles découvertes. Après plusieurs tentatives, une ligne l'intrigua. Elle joignait la basilique rémoise de Saint-Remi au château de Villers-Cotterêts, en formant un angle à quarante-cinq degrés. Il poursuivit la ligne tracée et entreprit de lire le nom des villes traversées. Il s'arrêta net quand il tomba sur un toponyme presque identique à celui du point de départ, Chambord, mais avec un s et non un d à la fin. Chambors, s de symétrie, s de salamandre... Un autre village français portait le même nom que celui où était construit le grand château de François Ier. En prenant du recul, Yvan observa que le tracé global formait un 7, le chiffre de l'Apocalypse. Respectant sa méthodologie habituelle, il s'intéressa au milieu de la droite qui passait par la basilique Saint-Remi de Reims et Chambors. Le point qu'il marqua sur la carte correspondait presque au site du château de Villers-Cotterêts. Mais presque seulement, et non parfaitement. Yvan plissa les yeux pour déchiffrer le nom du village sur lequel se trouvait exactement le point. Il le prononça plusieurs fois à voix basse avant de le transcrire sur une feuille. Son visage s'illumina. Le jeu de piste allait bientôt toucher à sa fin. Jamais il n'aurait imaginé trouver la clé de l'énigme en étant emprisonné dans un endroit aussi sinistre, sous l'emprise d'un maniaque. Il recouvrit d'encre ce qu'il venait d'écrire puis déchiqueta la feuille. Il fit de même avec d'autres dessins devenus inutiles. Son pouls s'accéléra. Yvan se tourna vers la porte avec dans les yeux une lueur d'espoir.

« Ce fameux 13,révélé comme uneseconde clé,apparut defaçon éclatante auxyeux deMarion.

Il était gravé aucentre ducarré, précisément surl’escalier dessinéparLéonard deVinci.

Leplus remarquable estque le13 apparaissait àde nombreuses reprises.Quelsquefussent lesdeux nombres symétriquement positionnésautourdelui, leur somme seraittoujours égaleà26, soit deux fois13.Enfin, la somme detous lesnombres ducarré donnait 325,soit25multiplié par13.Marion songea immédiatement àdes expertises menéessurlesœuvres deLéonard quiévoquaient cenombre.

Les dimensions de La Joconde par exemple, avec76,96 centimètres dehauteur pour53,08 delargeur. Sa hauteur étaitaussi égale àl’inverse de0,013, etsa largeur égaleà pi multiplié par1,3puis 13. L’épaisseur elle-mêmedel’œuvre lemettait enévidence.

Desmesures audixième demillimètre révélaient uneépaisseur de13,1 millimètres.

Cenombre étaitencore plusprégnant dansletableau Sainte Anne,laVierge àl’enfant , avec unelargeur de130 centimètres.

Lescorrespondances surgissaient departout.

Dimensions, chiffressymboliques, alignementssurdegrandes distances.

Mieux, un point commun lesreliait demanière inexplicable : commentLéonarddeVinci pouvait-il déjàutiliser le centimètre commeunitédemesure, alorsquelesystème métrique n’avaitétéconçu quedeux siècles après samort ? Comment lesbâtisseurs étaient-ilsparvenusàaligner avecautant deprécision leurs édifices surdes distances aussiconsidérables, auvudes imprécisions criantesdescartes deleur époque ? Marionrepritlestracés qu’Yvan avaitréalisés.

Detoute évidence, lesrois suivaient des desseins secretsquiempruntaient àune science détenue pardes initiés.

Elles’intéressa alorsau château deVersailles, miroiretcreuset delamonarchie absolue.Enreliant Chambord, Versailleset Reims, onobtenait untriangle isocèleparfait.Elleacheva soncroquis etvit apparaître ladivision endeux triangles rectangles, àl’aplomb duchâteau deFontainebleau.

Or,lestriangles rectangles nese contentent pasd’être parfaits, ilssont remarquables parleurs dimensions, etpour figurer lesvaleurs 1, 2,  , la grande règlemathématique.

Cesvaleurs permettant égalementdemettre enévidence le nombre d’or, phi . Poursuivant sesrecherches, Marions’intéressa àla topographie del’époque.

AuXVIe  siècle, arpenteurs etgéomètres nepouvaient aligneravecunetelle précision desmonuments surdes centaines de kilomètres.

Marionenétait convaincue.

L’undessoucis majeurs desmonarques étaitdedisposer d’une cartographie sérieusepouradministrer efficacement leurterritoire etleur sujet.

Elledécouvrit alors que François I er avait faitl’acquisition d’unensemble devingt-sept cartesdela Géographie , de Ptolémée, quireprésentaient lestracés lesplus précis dumonde exploré.

Puislenom d’uncélèbre cartographe apparutdanssesrecherches : PiriReis, aussi célèbre quecontroversé.

Unfragment d’une de ses cartes avaitétéretrouvé enTurquie, audébut duXXe  siècle, lorsdelarestauration d’unpalais ottoman.

Ceplanisphère auraitétéréalisé en1513, seulement deuxansavant ledébut durègne de François I er .

Il était siprécis, jusque danslescontours ducontinent austral,qu’ilsoulevait nombre d’interrogations.

CharlesHapggood, ununiversitaire américain,l’avaittransmis pourexamen àl’US Air Force.

Laréponse qu’ilavait obtenue étaitstupéfiante.

Pourl’USAirForce, ledessin descôtes pouvait être corrélé auxrésultats duprofil sismique delacalotte glaciaire antarctique, réaliséparl’expédition de. »

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