Arlequin assis de Picasso

« Peintr e e spagnol A n alyse • Après les Arlequins des périodes bleue et rose , après l'aventure cubiste, où l'on trouve diverses interprétations de ce thème, le person­ nage de la commedia dell ' arte est une fois encore le sujet d'œuvres nouvelles , et cette fois-ci en association avec le portrait du peintre Jacinto Salvado .

À cette époque - nous sommes en 1923 - Picasso revient à une expression plus tradition­ nelle et se tourne vers la peinture néo-classique , plus particulièrement vers l'œuvre d'Ingres dont il nous donne ici une interprétation très person­ nelle.

La technique de cette œuvre inachevée où le dessin reste en évidence montre en effet que Picasso s'est efforcé d'adopter les méthodes ingresques pour atteindre des résultats compara­ bles.

La précision du dessin , les effets d'ombre et de lumière modelant un corps aux proportions idéales, les accords assourdis des tons précieux sont autant d' hommages à l'art d'Ingres.

Il ne s'agit pas ici d 'un exercice gratuit, ni d'une pure démonstration de virtuosité.

Picasso , qui a toujours été un dessinateur hors -pair , revient à une expression plus graphique.

Le signe prend de plus en plus d 'importance dans ses œuvres ; c' est lui qui organise l'espace du tableau indépendam­ ment d' un rapport vraisemblable à la réalité.

On retrouve le même procédé dans plusieurs œuvres de l'artiste.

C'est le cas d 'une œuvre cubiste comme Arle­ quin et femme au collier, de 1917 (voir ci-contre) , où, en dépit d'un l angage stylistique très diffé ­ rent, le dessin joue un rôle essentiel dans l'orga­ nisation de l 'espace.

Ici aussi , le parti pris est extrêmement original.

À ce propos Jean Leyma­ rie remarque que « Picasso se réserve la liberté de choisir, selon l'impulsion du moment et la nature du sujet, le mode d'expression le plus adapté [ ...

] pour détruire le style en faveur de la vérité de l'expression ».

Hu ile sur toile 130 x .97 cm L ' œu vre C Le tableau, signé et daté en bas à droite, est entré dans les collections nationales grâce au legs de la baronne Gourgaud en 1965 .

Il est exposé au musée national d'Art moderne du centre Georges­ Pompidou dont les collections comporte nt un bel ensemble d 'œuvres de l'artiste , remarquablement complété par celles du musée Picasso à l'hôtel Salé.

Archives Nard1n i f) Arlequin et femme au collier , musée national d 'Art moderne, Paris.

Du même peintre .

PICTO 942 à 953 Photo musée national d'Art moderne, Paris.

© Nard ini Editore.

1993 .

VPC Larousse-Laffont pour l'édition française 1993 ©P.

Picasso by S .IAE 19-32. »