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Autrui nous délivre-t-il de la solitude ?

Publié le 17/09/2011

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Dans son sens le plus concret, la solitude est isolement, privation d'autrui. Par définition donc, l'homme entouré d'autres corps ne saurait être seul. On touche ainsi à la conception de la présence d'autrui, au centre de l'analyse de Merleau-Ponty. Celui-ci conclut que c'est d'abord en tant que corps qu'autrui nous apparaît, l'intersubjectivité étant inter corporéité, le corps est bel et bien accessibilité. Ainsi, Robinson contemplait son visage éteint d'homme seul, le comparant à un visage animé par une conversation: "Il comprit que notre visage est cette partie de notre chair que modèle, réchauffe et anime sans cesse la présence de nos semblables".

« Même sans en venir à des conflits agressifs il n’est pas toujours aisé d’être dans une relation équilibrée etbienfaisante avec autrui.

Sartre souligne dans Huis Clos que autrui par sa présence peut m’être être hostile etmenaçant.

En effet à travers sa célèbre formule « l’enfer c’est les autres », il suggère que le regard d’autrui, lorsqu’ilme méprise ou me condamne sans pitié, peut m’enfermer comme en une prison dans une image déshumanisée demoi-même.

De plus, notre subjectivité engendre un problème de communication entre les consciences.

L'isolementdes consciences qui, faisant de l'altérité l'essence de l'autre, enferme les êtres dans leurs différences.

L'altérité setraduit par l'impossibilité d'une relation réelle entre les sujets, nous sommes proprement imperceptible au regard desautres, condamnés, malgré leur présence, à une solitude inévitablement inscrite au plus profond de nous.

Autrui mefige dans mes possibilités, et me considère comme un objet.

Pour lui, je ne suis que ce qu'il voit en cet instant,cette rencontre va donc être un conflit parce que ce n'est autre que la rencontre d'une autre liberté face à moi, quinie la mienne.

Si toute solitude est, à la conscience humaine, condamnable, quelque soit l’effort que nous fassionspour améliorer notre condition, celui-ci peut se retourner rapidement contre nous. Mais si, la présence d'autrui ne nous évite pas toujours la solitude, elle peut cependant aider chacun à la surmonterà condition que se forgent entre les hommes des relations authentiques. Il convient à présent de mettre en avant l’intérêt du dialogue, un échange qui se produit entre deux consciencescherchant à communiquer dans la réciprocité.

Tandis que le monologue est négation d'autrui, le dialogue lui, estreconnaissance d'autrui dans son altérité, il est reconnaissance de l'existence et de la validité d'un point de vueautre que le sien.

C'est par un effort de dialogue que nous devons entrer en relation avec autrui, sa présence seulenous laissant, le plus souvent indifférents.

Le dialogue est un mode de connaissance d'autrui, qui permet d’établiravec lui des rapports solennels, de qualité, mais qui ouvre aussi sur la connaissance de soi: par la confrontation depoints de vue, l'homme développe des façons d'être qui restent imperceptibles dans la solitude.

Le dialogue avecautrui est une source d'enrichissement permanent.

Ce n'est, en somme, pas la présence d'autrui qui nous évite lasolitude; c'est le dialogue avec autrui.La communication et les rapports interpersonnels sont essentiels à l'homme puisqu'ils lui permettent de s'enrichir aucontact d'autrui et de se trouver en se donnant.

Ainsi l'amour de soi, selon Rousseau, fait naître en nous uneattention toute particulière pour notre personne, et apparaît de première nécessité: s'aimer, s'assumer, savoir êtreseul pour ensuite aider les autres.Avoir soi-même des bases personnelles solides avant de pouvoir les transmettre à autrui, telle est la logique de toutacte désintéressé.

En ce sens, la présence d'autrui, l'instauration de relations avec autrui suppose que l'on assumesa solitude. Enfin, L'amour ou l’amitié, sont des tentatives sublimes de concilier la proximité et la distance qui coexistent dansl'analyse sartrienne de la présence d'autrui.

C'est accepter sa solitude pour mieux l'aménager.En effet, nous avons toujours si vite fait de condamner à la fois solitude et égoïsme.

Or, souligne Aristote dans lecadre de son essai sur l'amitié, tous deux sont nécessaires à l'établissement de relations de choix avec autrui.

Ils’agit du seul sentiment de bienveillance active et réciproque.

L’amitié, dit-il, est « ce qu’il y a de plus nécessairepour vivre », nul bonheur n’est pensable si on est privé d’amis: "le soi-même, que l'homme de bien aime, il le partageavec l'autre: c'est la Raison qui leur est commune, et qui ne parvient à son plein exercice que s'ils la cultiventensemble.

Ainsi, l'égoïsme est en même temps désintéressement.Si nous continuons de voir dans l'expérience amoureuse la forme privilégiée du lien à l'autre, nous semblons loin,toutefois, de cette idée selon laquelle, à travers l'amour, on annulerait solitude et conflits.La sympathie et l'amitié constituent déjà deux modes très intéressants de la Communication entre les consciences.Elles permettent, en effet, d'entrer en contact avec autrui et d'échanger ce qu'il y a de plus personnel entreindividus : les sentiments, les idées, les jugements. A l’issue de l’analyse du sujet que nous venons de réaliser, à savoir : "la présence d'autrui nous évite-t-elle lasolitude"? Nous avons exposé la conception de la solitude d’après l’opinion commune, celle-ci étant considérée dansson sens le plus matériel, on a pu montrer les limites d'une vision trop simpliste de notre rapport au monde.

De lamise à l’écart a découlé le désespoir et l'isolement physique momentané a découvert un état d'abandon moral.

On a,en dernier lieu, mis en avant la nécessité de s'accommoder d'un tel paradoxe, d'assumer sa solitude pour mieux ladépasser.La présence d'autrui ne suffit donc pas à nous éviter la solitude mais il nous revient de faire face à la difficultémorale qu'a révélé notre étude pour bâtir, sur les bases solides de la sincérité, des relations authentiques avec nosprochains.. »

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