Devoir de Philosophie

L'Avare de Molière

Publié le 09/04/2013

Extrait du document

Molière, pris de court par l'interdiction de Tartuffe, dut se hâter de terminer L'Avare. Il est probable que cette obligation l'a déterminé à écrire sa pièce en prose plutôt qu'en vers. Elle fut représentée pour la première fois le 9 septembre 1668.


« EXTRAITS La Flèche, victime de la tyrannie d'Harpagon HARPAGON.

- Tu fais le raisonneur.

Je te baillerai de ce raisonnement-ci par les oreilles.

(Il lève la main pour lui donner un soufflet.) Sors d'ici, encore une fois.

LA FLÈCHE.

- Hé bien ! je sors.

HARPAGON.

- At­ tends.

Ne m'empor­ tes-tu rien ? LA FLÈCHE.

- Que vous emporterais­ je? HARPAGON.

- Viens çà, que je voie.

Montre-moi tes mains.

LA FLÈCHE.

- Les voilà.

Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N'est-il point là ? N'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête.

Rends-moi mon argent, co­ quin ...

(Il se prend lui-même le bras.) Ah! c'est moi.

Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais.

Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami! on m'a privé de toi; et puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; (.

..

).

C'en est fait, je n'en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré.

N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m'apprenant qui l'a pris ? Euh ? que dites-vous ? Ce n'est personne.

Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu'avec beaucoup de soin on ait épié l'heur e ; et l'on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils.

HARPAGON.

- Les autres ? Sortons.

Je veux aller r-':'.""!"-~,_---.

........

__,..r-t' ..

,.......,,._._,....,...,._ __ « BRINDA VOINE.

-Vous savez bien, monsieur, qu'un des devants de mon pourpoint est couvert d'une grande tache de l'huile de la lampe.

LA MERLUCHE.

- Et, moi, monsieur, que j'ai mon haut-de-chausses tout troué par­ derrière ...

» LA FLÈCHE.

-Les voilà.

LA FLÈCHE.

- Les autres? HARPAGON.

-Oui.

HARPAGON.

-N'as-tu rien mis ici dedans ? LA FLÈCHE.

-Voyez vous-même.

HARPAGON, il tâte le bas de ses chausses.

- Ces grands hauts-de-chausses sont propres à devenir les receleurs des choses qu'on dérobe et je voudrais qu'on en eût fait pendre quelqu'un.

LA FLÈCHE.

-Ah ! qu'un homme comme cela mériterait bien ce qu'il craint! et que j'au­ rais de joie à le voler ! Acte I, scène 3 quérir la justice, et faire donner la question à toute la maison : à servantes, à valets, à fils, à fille , et à moi aussi.

Que de gens as­ semblés ! ( ...

) Eh ! de quoi est-ce qu'on parle là ? De celui qui m'a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleu r qui y est ? De grâce , si l'on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l'on m'en dise.

N'est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent Harpagon découvre le vol de sa cassette HARPAGON.

- (.

..

)Au voleur! au voleur! à l'assassin ! au meurtrier ! Justice, juste ciel! je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent.

tous, et se mettent à rire.

Vous verre z qu'ils ont part sans doute au vol que l' on m'a fait.

« CLÉANTE.

- Vous pouvez choisir, ou de me donner Mariane, ou de perdre votre cassette.» N OT ES D E L'É DIT EU R « Malgré les défauts que je viens de remarquer dans L'Avare de Molière et malgré ceux qui peut-être me sont échappés, je crois cependant pouvoir avec justice proposer cette pièce comme un modèle parfait de la belle comédie.

Ceux qui connaissent le théâtre trouvent dans la peinture des caractères cette vérité qui est si nécessaire à la scène.

L'on peut ainsi dire que Molière est presque le seul dont les ouvrage s plaisent à ceux qui entendent le théâtre, et à ceux qui ne l'entendent pas.

Tout y est si ingénieusement amené, que le comique s'y présente naturellement à chaque instant, et se trouve à la portée de tous les spectateurs , parce qu'il est tiré du fond de la chose même, ou du ridicule du caractère.

» Louis Riccoboni, Obs ervations sur la c omédie et sur le génie de Moli è re, Veuve Pissot, Paris, 1736.

« L'ensemble des spectateurs qui rient à L 'A var e riraient moins s'ils avaient mieux conscience de leur propre individu.

»Paul 1 portrait de Molière par Pierre Mignard (détai l), mu sée de la Coméd ie-Française I J.

L.

Charmel 2, 3.

4, 5 dess ins de Dubout , éd.

And ré Sauret , 1953 Acte IV, scène 7 Léautaud, Le Théâtre de Maurice Roissard, Gallimard, 1958.

« Molière, dans un moule de comédie raisonnable, a écrit le théâtre le plus noir de la littérature de tous les temps.

Il a épinglé l'animal-homme comme un insecte, et avec une pince délicate, il fait jouer ses réflexes.

Harpagon, seul comme un vieux chien avec son os, est un égoïste tragique.

» Jean Anouilh, Cahiers de la compagnie Madeleine Renaud-Jean-Louis Barrault, Julliard, mai 1958 .

MOLI ÈRE 11. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles