Les brevets : freins ou moteurs de l’innovation ?
Publié le 09/02/2012
Extrait du document
Joseph Aloïs Schumpeter a développé une théorie originale de la croissance économique. Une entreprise dépense une partie de son capital dans ce qu'on appelle Recherches et développement. Après un laps de temps indéfini, les ingénieurs découvrent une invention. A partir de cette invention, l'entreprise va pouvoir produire des innovations ( produits ) mineures en quantité jusqu'à aboutir au « produit phare « qu'est l'innovation majeure, objectif de toutes les recherches et dépenses de l'entreprise. Seulement pour protéger son innovation majeure de la concurrence, l'entreprise fait appel à l'Etat qui lui délivre un brevet, permettant une protection sans faille du nouveau produit face à la concurrence. L'entreprise va donc se retrouver en situation de monopole sur le marché de ce produit. Elle va donc obtenir assez rapidement une rente monopolistique lui permettant de rembourser d'une part ses dépenses en Recherches et développement et d'autre part d'obtenir du profit lui permettant à nouveau d'investir. Il est intéressant de se demander si les brevets sont bénéfiques ou néfastes à la propriété intellectuelle.
«
trouvées si cette motivation de l’exclusivité n’existait pas.
Chaque chercheur aspire à être le
premier à trouver quelque chose de nouveau, et cela force la compétition qui crée du progrès.
Obtenir un brevet, c'est accepter un monopole limité dans le temps, sur votre invention ce qui
encourage l'innovation car cela oblige les inventeurs à inventer d’autres choses.
Un des avantages
majeurs du système des brevets est la nécessite pour breveter de publier l’intégralité des données
qui permettent de construire l’invention pour rendre la lecture accessible à d’autres une fois la
date de limitation du brevet arrivée à échéance.
Ceci est fondamental, car cela oblige les gens
pour obtenir le brevet à révéler leur technique.
Les règles de divulgation sont assez strictes: les
spécifications doivent être suffisamment détaillées pour que n'importe qui avec «l'homme de l'art»
de l'invention puisse bâtir la technologie revendiquée, et ils doivent aussi divulguer le "meilleur
mode" de la construction de l'invention.
Briser les règles peut avoir des conséquences graves, car
un brevet qui ne divulgue pas suffisamment l'invention revendiquée peut être déclaré invalide.
Et
puisque les spécifications du brevet tomberont dans le domaine public une fois le brevet expiré,
nous obtenons une voûte énorme et en croissance constante de la technologie que n'importe qui
peut utiliser pour construire de nouveaux produits.
Si cette protection n’existait pas, la
divulgation de l’innovation ne serait plus nécessaire et la technique pourrait bien être oubliée ou
enfermée comme des secrets commerciaux offrant un avantage concurrentiel.
Il est impossible
d’obtenir un brevet sur une invention qui est connue, utilisée ou publiée.
De même il est
impossible d’obtenir un brevet sur une amélioration à une invention qui serait «évidente» à toute
personne ayant compétences ordinaires dans le domaine.
En termes pratiques, cela signifie qu'il
est maintenant beaucoup plus difficile d'obtenir un brevet car il faut attester que votre invention
n’est pas une évidence pour quelqu'un qui essaierait de résoudre le même problème avec les
mêmes outils.
En ce sens, il est maintenant beaucoup plus facile de défendre une action en justice
des brevets. La législation sur les brevets jalonne l'histoire du développement des Etats modernes
et du capitalisme.
Ce même aspect relève un des points néfastes qui font des brevets un frein à l’innovation.
L’existence et la façon dont le brevet est pratiqué par les entreprises a tendance à faire sortir la
technologie du terrain des ingénieurs et des concepteurs et à la faire passer sur le terrain des
juristes qui vont négocier, échanger des brevets entre les entreprises.
Cela entraine un
ralentissement de l’innovation.
En effet ce sont les juristes et non les ingénieurs qui rédigent les
brevets.
De plus, certaines sociétés ne voient que l’aspect lucratif des brevets et en amassent un
maximum sans s’en servir, mais à seule fin de faire des procès.
Depuis les années 1980, les
entreprises ne cessent de demander toujours plus de brevets.
Ainsi, aujourd’hui, dans des
secteurs où la recherche est primordiale, il y a saturation de brevets qui bloque les s actions
innovatrices nécessaires au développement humain ( biotechnologie par exemple ).
Cela entraîne
un grave mécontentement dans le monde de la recherche.
Les brevets interdisent ou font barrage à des
recherches des plus pertinentes.
En résulte un grave problème de régulation et d'entrave à la liberté d'entreprise.
Dans le cadre de l'économie libérale mise en place, la dérégulation est un paramètre majeur qui va à l'encontre
des brevets et des situations de rente monopolistiques de Schumpeter.
Sa théorie est donc en désaccord complet
avec le fonctionnement structurelle de l'économie de marché actuelle.
C'est aussi une raison pour laquelle les
brevets sont aujourd'hui ouvertement critiqués et posent problèmes à l'économie.
Cette saturation entraîne des
situations de blocage, d'incertitude, d'enchevêtrement des droits et des coûts sur le marché. De plus, cette
masse encombrante de brevets est monopolisé par u cartel de multinationales.
L’argument
économique n’est pas négligeable, déposer un brevet entraine des coûts très importants (autour de
20 000 euros en France), soit cinq fois plus cher qu’aux Etats Unis.
En réalité le coût de la dépose
du brevet est assez faible (autours de 35 euros) mais ce sont les frais annexes de plus d’un millier
d’euros par an qui alimentent la facture.
C’est le périmètre d’application du brevet qui gonfle la
note.
Un chercheur académique de classe moyenne n’aura pas nécessairement l’argent suffisant
pour breveter son invention et devra faire appel à une banque pour déposer son brevet.
Le plus
dur dans un brevet pour un individu, ce n’est pas d’avoir le bout de papier, mais c’est d’exploiter
et de protéger son brevet.
On constate une nette inégalité entre le chercheur universitaire de
classe moyenne et les grandes entreprises qui emploient des chercheurs pour produire des brevets
en masse.
Le monopôle de l’invention par l’inventeur implique un ralentissement de la
propagation du brevet dans l’humanité en général, car les brevets peuvent bloquer l’utilisation
d’une technologie pour tout le monde pendant vingt ans ou plus.
Pour déposer un brevet il faut
que le sujet soit inédit, or si une publication a déjà été faite sur le sujet, il est impossible de.
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