Devoir de Philosophie

Caudillos d'Amérique

Publié le 27/05/2013

Extrait du document

Pendant tout le XIXe siècle, la vie politique hispano-américaine est dominée par les caudillos, - propriétaires d'hacienda, aventuriers, ou chefs de bande - qui, s'appuyant sur des allégeances personnelles et un vaste réseau de dientèfes, conquièrent le pouvoir, soit à l'issue d'un pronunciamiento, soit par voie électorale. Si la plupart contribuent à unifier leur pays, si certains les modernisent. tous exercent un pouvoir autoritaire et arbitraire...

« LE CAUDIUO 11 FONDAHUI » • Chronologiquement, le premier type de caudillo est celui des• fondateurs • de la nation.

Lieutenants et successeurs direct d'un « libertador • -un libérateur de la patrie-, ils participent activement aux gwrres ll'llHlépe•­d•Me de leur pays .

Ce n'est qu'ensuite qu'ils mettent leur capacité militaire au service de leur intérêt propre.

• Figurent parmi cette catégorie !'Argentin Juan Manuel de Rosas et le Vénézuélien José Antonio Paez, mais aussi Juan José Florès en Équateur (1830-1834 et 1839-1845), Andrès de Santa-Cruz en Bolivie {1829-1839), Francisco de Paula Santander en Colombie (1832-1837) ou encore Diego/osé Victot' Pon.les au Chili (1830-1837).

• À travers son • destin national •, son indéniable patriotisme, le caudillo fondateur est un unificateur, un rassembleur .

À ce titre, le règne de Juan Manuel de Rosas contribue largement à forger la nation argentine .

• Enfin, la poigne des caudillos fondateurs garantit malgré tout la stabilité minimale sans laquelle l'État ne peut se développer .

LE CAUDILLO• D'OIDIE DDE-Iٕ • Passé le milieu du XIX' siècle, le projet libéral l'emporte à travers l'Amérique latine, souvent sous la bannière d'un caudillo • d'ordre et de progrès •.

Guzman Blanco au Venezuela et Porfirio Diaz au Mexique en sont les plus illustres exemples.

• Ce type de caudillo entreprend de moderniser son pays : il met en place une administration centralisée et efficace, il développe les communications et notamment le télégraphe, agent du centralisme et instrument de lutte indispensable contre les caciques régionaux, il lance de grands travaux et embellit les capitales sur le modèle européen .

• Acquis aux idées du « tout économique •, ce caudillo ouvre largement son pays aux capitaux étrangers .

Au Mexique, la valeur de la pl'OllrKtlotl hHlllstrlflle passe ainsi de 90 à 162 millions de pesos de 1892 à 1903 .

LE CAUDIUO • NATIONAUSTE » • Le caudillo • nationaliste • incarne la réaction à l'aliénation du pays aux intérêts étrangers.

• Le cas du vénézuélien ClprlollO Castro, au pouvoir de 1899 à 1908, est significatif .

Reprenant en main les rênes de l'économie, il s'en prend aux intérêts allemands et britanniques et exproprie une grande compagnie nord-américaine qui exploitait l'asphalte .

IWlîMIMI L'tUMINATION DU CAUDIWSME • Si nombre de caudillos prennent ainsi le pouvoir par la force armée, arborant un titre de • général •, nombre d'entre eux sont des civils .

Dans les premières années du xx• siède, au Mexique, Porfirio Diaz est avocat Venustiano Carranza propriétaire d'hacienda, Alvaro ~ Obreg6n :.AU...?.1F ·1•• éleveur de bétail.

Les , mouvements insurrection­nels dirigés par Emiliano Zapata et ,..lldlo VI/Io ajoutent à l'instabilité politique .

• Guerrier et non militaire, le caudillo n'est pas animé d'un esprit de corps comme le sont les officiers de carrière.

• Le développement d'armées nationales régulières instituées -ironie du sort -par les caudillos eux-mêmes rend de plus en plus difficile l'utilisation d'armées personnelles par un quelconque potentat engendrant ainsi le déclin du caudillisme .

• C'est pourquoi le caudillisme a plus longtemps survécu dans quelques petits pays où les armées étaient demeurées des polices personnelles -en République dom inicaine avec la dictature de UN Ill.AN CON11AS1t Rafael Trujillo jusque dans les années 1950, au Nicaragua avec celle d'~ S-Our jusque dans les années 1970 .

• Il est impossible de juger l'action du caudillisme de façon globale tant celle-ci varie d'un État à l'autre et d'un dirigeant à l'autre .

• Fils des luttes pour l'indépendance, le caudillo introduit une nouveauté : le légalisme .

Même si lui-même accède au pouvoir par un coup d'État il met en place des institutions .

• Élu• dans des conditions douteuses , plébiscité, affublé d'un titre de président taillé à sa mesure, il n'en quitte pas moins volontairement parfois, le pouvoir qu'il lui arrive de céder très légalement à son successeur .

José Antonio Paez agit ainsi à l'issue de son premier mandat, en 1835.

En dépit des aléas d'un parcours souvent tortueux, le caudillo fait faire à son peuple l'apprentissage de la démocratie .

• Le caudillo se méfie de l'Église , parfois jusqu'à l'antidéricalisme .

• rabolition de l 'esdavage peut aussi être mis au crédit du caudillisme.

Antonio Lopez de Santa-Anna le fait au Mexique, Ram6n Castillo au Pérou (1855-1862) .

• Plus généralement, le caudillo contribue à l'unification et à la modernisation des États latino-américains.

• Toutefois, certains caudillos aveuglément conservateurs comme Rafael Carrera au Guatemala ou José Gaspar Rodriguez Francia au Paraguay ont retardé l'évolution de leur pays .

• Plus généralement le caudillisme s'est le plus souvent traduit par des régimes policiers arbitraires responsables de nombreuses et meurtrières exactions.

• Dans l'ensemble, les notables, auxquels les caudillos s'opposaient pour leur ravir le pouvoir, ont plus souffert de ces régimes que le peuple .

DES LEGS IEDOUTABLES A.

LA VIE l'OUllQUE LA11NO-AMtllCAINE • C'est justement parce qu'il était démagogique et qu'il reposait sur l'exploitation du pouvoir à des fins personnelles que le caudillisme a laissé de redoutables legs à la vie politique latino-américaine .

• run des principaux est la corruption : les caudillos ont établi les principes selon lesquels s'enrichir est un droit et enrichir les s iens une obligation ..

•Un autre est le contournement de la loi, pratiqué et justifié par le caudillisme par pur opportunisme .

• Aujourd'hui, l'Amérique latine souffre encore des survivances d'une organisation sociale fondée sur des rapports personnels de fidélité et de protection.

Car si le caudillisme est éliminé sur le plan national, il perdure sur le plan local et régional.

W PllNCIMLES FIGUIES CAUDIWSME LE PAllAGUAYEN fllAllCIA • Chef de guerre, héros de la guerre d'indépendance contre l'Espagne {1811), José Gaspar Rodrfguez Francia (1766-1840) s'empare du pouvoir en 1814 et règne en maître tout puissant jusqu'à sa mort.

Surnommé • El Supremo •, il limite la puissance de l'Église , soumet l'aristocratie, isole le pays du reste du monde et limite le rpmmerce à son profit personnel.

Toutefois, il stimule efficacement la croissance de l'industrie et de l'agriculture locale.

LE VtNtzUtUEN PAEI • Nommé général en chef à la bataille de Carabobo (1821) par Simon Bolivar (1783-1830), José Antonio Paez (179Q-1873) est l'artisan de la séparation du Venezuela et de la Grande Colombie (1829).

Élu président du Venezuela {1831-1835, 1838-1843), il prend la tête de la révolte contre le gouvernement conservateur de José Tadeo Monagas (1848).

Fait prisonnier et condamné à l'exil aux États-Unis (1850), il est rappelé en 1858 pour organiser l'armée et pacifier le pays, avant de remplir un troisième mandat (1861-1863) .

Après avoir unifié son pays, Paez se montre très attentif aux questions d'éducation.

LE llouvlEN 5ANTA CIUI • Chef de guerre métis, lieutenant du général Antonio José de Sucre , le • libérateur • du pays (1825), Andrès Santa Cruz (1792-1865) s'empare du pouvoir en 1829 et se fait élire président Artisan de la Constitution libérale de 1831 qui abolit l'esclavage, il pacifie le pays, restaure les finances et promeut une série de réformes .

Renversé en 1839, il s'exile en France et meurt à Saint-Nazaire .

LE Coi.oMllEN SAllTAllDEI • Homme de loi et lieutenant de Simon Bolivar, Francisco Paula de Santander (1792-1840) lutte pour l'indépendance de son pays (1819).

Contraint à l'exil après voir conspiré contre le même Bolivar (1828), il revient en 1830 et participe à la révolution qui aboutit à l'éclatement de la Grande Colombie -Colombie, Venezuela , Équateur et Panama .

Élu en 1832 premier président de la République de Colombie -Colombie et Panama actuels- , il persécute les partisans du bolivarisme et dissidents à l'unification, mais mène une politique progressiste, s'attachant en particulier au développement de l'éducation.

Vaincu aux élections de 1837, il abandonne le pouvoir, mais poursuit sa carrière politique comme député de l'opposition jusqu'à sa mort.

L'AaGEllllN IOSAS • D'origine noble, Juan Manuel Rosas (1793-18n) devient un grand propriétaire et lève une armée .

Chef des fédéraliste en 1828, il se fait octroyer les pleins pouvoirs et exerce une dictature sanglante (1835-1852) .

Cependant son centralisme autoritaire favorise l'essor de l'économie.

Renversé, il s'exile au Royaume-Uni et meurt à Southampton .

LE MmCAIN SANTA ANNA • Chef de guerre ambitieux, Antonio L6pez de Santa-Anna (1794-1876) aide plusieurs présidents à prendre le pouvoir à partir de 1822 avant d'effectuer lui-même un coup d'État puis de se faire élire président de la République {1833-1836) .

Sa politique centralisatrice violente engendre la sécession du Texas en 1835 .

Sa carrière est une suite de complots, d'exils et de courtes périodes de dictatures -sept au total.

Il est une dernière fois renversé en 1855 et meurt dans l'oubli.

LE GllAIDw:rtQUE CAmu • Métis d'origine indienne et noire, Rafael Carrera (1814-1865) prend en 1838 la tête d'une révolte populaire contre le gouvernement libéral.

Il s'empare du pouvoir en 1839 et mène jusqu'à sa mort une politique autoritaire et très conservatrice, entravant le développement économique et social du pays.

LE VtNtzUtUEN GuUIA.N BLANCO • VictLprésident de la république du Venezuela (1863-1868), chef de l'insurrection libérale en 1870, Antonio Guzman Blanco (1829-1899) devient président provisoire de la République avant d'être élu en 1873 .11 gouverne de manière autoritaire.

Incarnation de I' • autocrate civilisateur •.

il modernise le Venezuela en s'opposant à la hiérarchie catholique, en instaurant le mariage civil, en organisant et en améliorant le fonctionnement de l'administration, en équipant le pays et en reconstruisant Caracas sur le modèle de Paris.

li quitte le pouvoir en 1888 et se retire définitivement en Europe .

Il meurt à Paris .

LE MEXICAIN DIAz •Avocat d'origine métisse, Plll'lll1o Dioz {1830- 1915) acquiert le titre de général en s'illustrant dans la lutte contre l'empereur Maximilien -- ---- (1864-1867).

Il est exilé aux États-Unis après s'être soulevé contre Benito Juarez (1871 ).

Mettant fin à une longue période d'anarchie (1876), il s'empare de la présidence qu'il conserve jusqu'en 1911 (sauf de 1880 à1884) .

Établissant un pouvoir personnel fort -le • porfiriat • dont la devise est • pain et baton • -, il développe notablement l'économie mexicaine, favorisant en particulier les investissements de capitaux étrangers.

Renversé par l'alliance du caudillo Francisco Madero (1873-1913) et des révo­ lutionnaires &lillollO _,,,.

et Pancho Villa, il se retire à Paris.

FIANCO, VIAi CAUDIU.O OU WLGAllE DICTAllUI • L'Espagne aœi a COIH1U quelques figlres de caudillos.

en partiajer chnnt les guerres carfisœs au XIX' si6de.

• En 1936, le général,.,_.."'-­ ........

(1892-1975), chefdejtm cknntla guerre civile d'Espagne (1936-1939), prend le tilre de • caudillo •.

Le terme s'entend en espagnol au sens de • chef, guide•, l'équivalent du Duce en Italie.

ou du Ril1ler en Allemagne.

• Franco se distingue toutefois des caudillos~du XIX' siècle .

Toul d'abord, c'est un militaire de carrière.

H est animé d'un esprit de corps et est lié aux olliciers qui le suivront par le biais de son autorité hiérarchique et non par celui d'aliqeanœs persolRielles.

De plus, ses actes de rébellion sont lllOIMs par une ~politique- le rejet du Front Populaire et de la République - et non par des intérêts personnels.

Enfin, Franco inslaure une dictalure militaire fondée 5lH' IHI parti unique.

la Phalange.

et consolide son régime en rétablissant la monardlie, dont il srlllStitue dès 1947 régent à vie.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles