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CLAUDE VIGÉE

Publié le 05/09/2012

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La «lutte avec l'ange«, qui de nous ne l'a entreprise un jour ? Je doute, en tout cas, que les poètes fassent jamais autre chose, même quand ils ne se croient occupés que des objets les moins célestes, si agressivement fermés sur leur symbolique indéchiffrable...

« 182 Il me semble en vérité que ce passage parle beaucoup mieux que je ne saurais le faire en faveur de Claude Vigée.

Dès son entrée en scène, qui n'est pas sans rappeler quelque peu (le déhanchement du rythme, le passé simple) le style de Patrice de la Tour du Pin, voilà qu'un poète nous jette ses clefs.

C'est.

à présent la serrure qui nous manque.

Nous ne savons pas très bîen s'il ne va pas nous falloir crier Pouce ou convenir, au contraire, que nous savons, de toute éternité, qu'il n'est de Jacob et d'ange qu'en nous-mêmes, et que nous nous étions acharnés à l'oublier.

Car, du pre· 1nier coup, nous son1mcs touchés, mis en demeure de col­ loquer sur l'essentiel que trois questions de Gauguin résu· ment pour toujours : « Qui sommes-nous ? D'où 'venons· nous ? Où allons-nous ? ».

Comme Patrice de la Tour du Pin, comme Pierre Emma· nuel, Claude Vigée sent le besoin de donner à la poésie un support rhétorique solide et constant.

Il ne veut pas renoncer pour autant aux conquêtes de la poésie de son temps, faites par intuition ou par hasard ou bien encore au prix de cette «identification du chercheur à l'objet de la quête », dont Edgar Poe nous a suggéré l'exercice.

Il essaie donc de se donner une poétique où le concours de l'involontaire et de la volonté soit harmonieux et efficace.

Se trompe-t-il dans son dosage, se laisse-t-il séduire, par exemple, par le prestige d'une construction rigoureuse ? Il va jusqu'au pastiche de du Bellay : Bienheurenx anjnurd'hui ceux qui n'ont de fortnn.e Que l'infidèle onbli cl'une vie importune Et qni n'ayant reg;oet des anciennes saisons Légers de souvenirs, laurés d'indifférence, Près d'affronter enfin l'ultime délivrance V oif~nt s'abattre sans pleurs les pans de nos maisons Cède-t-il, au contraire, à son désir d'expression totale, il n'est pas loin de tomber dans le baroquisme du détail, l'incommunicabilité de la « musique d'âme », qui rendent souvent vains les poèmes de Rilke.

Mais, le plus souvent, il réussit à faire cette synthèse difficile grâce à laquelle la sensation et l'idée se découvrent une commune origine et adoptent un identique mode de cheminement :. »

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