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Comment établit-on un fait scientifique ?

Publié le 12/06/2009

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scientifique

a) Observation et expérience. Contrairement à une façon de voir superficielle, les faits scientifiques ne se présentent pas tels quels, s'offrant à l'esprit sans effort de sa part, comme un don de la nature. Il faut les rechercher, les identifier, les établir. C'est pourquoi l'on parle justement de l'acquisition des faits, ce qui suppose tout un art, celui de l'investigation expérimentale dont il faut étudier règles et difficultés. Observation et expérience en sont les deux instruments principaux. Mais comment les différencier précisément? • On peut songer à l'ordre de succession des deux opérations mais à vrai dire elles alternent et il est également assez vain de vouloir différencier observateur et expérimentateur. • La différence activité-passivité vient à l'esprit. L'observation est plus passive mais elle ne saurait l'être totalement, elle est seulement plus réceptive. • La vraie différence, selon CLAUDE BERNARD, est que l'expérience est une observation invoquée ou provoquée en vue de faire naître ou de contrôler une idée. L'observation est, en principe, la constatation pure et simple du donné. Mais nous objecterions qu'il est difficile de la concevoir sans la présence d'aucune idée pour l'animer. • L'observation est ce qui montre les faits, l'expérience ce qui instruit sur eux : information d'une part, justification de l'autre. Deux attitudes, du reste, rigoureusement complémentaires et qui s'enchaînent nécessairement dans le processus de l'expérimentation.

scientifique

« enveloppe le réel, le cachant et le manifestant à la fois.

Au soleil que nous donnent les sens se substitue le soleildes astronomes, mathématiquement et physiquement étudié.Certes l'intuition sensible — ou autrement dit la perception — demeure indispensable mais le critère de l'expériencephysique est l'observabilité générale des phénomènes par des moyens artificiels prolongeant ou rectifiant les organesdes sens. L'instrumentation. La science moderne ne se conçoit pas sans l'imposant arsenal des appareils et des instruments. Distinguons en gros :• Les instruments d'amplification tels que les microscopes et les télescopes optiques ou électroniques.• Les instruments d'enregistrement direct (procédé graphique) ou indirect : photographie, cinématographie, e t c...• Les instruments d'analyse tels que le spectroscope.Grâce à cette instrumentation et aux divers dispositifs qu'on peut agencer.

l'observation cesse d'être qualitative etempirique pour devenir quantitative et rationnelle.

On l'appelle alors : observation armée.

Même chose pourl'expérience.Réfléchissant à l'importance de cet armement technique, G.

BACHELARD souligne la facticité de la connaissancescientifique, sans donner à ce mot un sens péjoratif.

Il y voit la preuve de l'activité de la raison : « Les phénomènesde la science contemporaine ne commencent vraiment qu'au moment où l'on met en marche les appareils.

Lephénomène est donc ici un phénomène d'appareil.

»L'expérience implique la production ou la reproduction artificielle des phénomènes, la variation de leurs conditions etautres opérations, indispensables pour la découverte des lois et qui requièrent la plupart du temps des dispositifstechniques.Mais instruments et appareils sont d'autant plus intéressants qu'ils permettent la mesure. La mesure. Pour être positive, une connaissance doit prétendre à l'exactitude et à la précision.

De plus elle doit mettre en oeuvre des procédés permettant de transposer les faits naturels du registre de la qualité au registre de laquantité.

C'est à ces deux exigences que satisfait la mesure.

Connaître c'est mesurer, a-t-on dit.

La formuleconvient parfaitement aux sciences expérimentales.

La mesure est une opération technique par laquelle onconstruit, à l'aide d'une unité conventionnelle, une quantité idéale ou abstraite, qui doit se trouver, à la fin del'opération, juste égale à une quantité concrète donnée.

Mathématiquement, mesurer une quantité c'est la comparerà une grandeur de même espèce prise comme unité.Les éléments de la mesure sont donc : un phénomène ou un objet à mesurer, un paramètre ou étalon choisi, unjugement de comparaison entre l'un et l'autre.La notion de mesure n'est pas des plus simples et elle engage toute une philosophie.• Mesurer c'est introduire le nombre et la grandeur dans les choses, c'est mathématiser le réel.• On peut se demander si la mesure est une convention, ou bien une connaissance qui sans être conventionnellereste relative à l'esprit humain, ou bien si elle porte sur le réel tel qu'il est en soi.• L'exactitude de la mesure fait problème : actuellement, on la considère comme approchée et on l'associe à l'idéede statistique.• Les échecs de la mesure sont imputables soit au réel soit aux procédés de la science soit à l'interférence de cesdeux éléments : la microphysique a mis en évidence les difficultés de la mesure dans le monde des microphénomènesdont il n'est pas possible de préciser à la fois la vitesse et la position.

De là est sortie la crise du déterminisme.• La mesure importe à la méthode expérimentale et comme instrument de découverte et comme instrument depreuve : des mesures précises sont aptes à départager hypothèses ou théories rivales.

Enfin il faut se demander jusqu'où doit s'étendre l'empire de la mesure.

En dehors des sciences expérimentaleson se heurte à des réalités qui lui sont réfractaires : les faits psychologiques, les faits historiques, les faitssociaux.

Cependant la mesure s'introduit dans les sciences humaines et seul l'esprit proprement dit échappedans son essence à son impérialisme.

c.) Les rapports de l'idée et du fait. Rien de plus simple au premier abord, que la notion de fait.

Le fait, semble-t-il, c'est ce qu'il suffit de constater,d'observer pour en faire le point de départ de la science expérimentale.

On le suppose donné dans sa réalité ets'offrant spontanément à l'esprit.

Cependant on a pu dire : « Le fait n'est pas ce dont la science est faite mais ceque fait la science en se faisant.

» Formule qui, sous l'apparence d'un jeu de mots, invite à s'interroger sur la vraienature du fait scientifique dans sa relation à l'idée qui l'interprète. Le fait et le réel. A première vue ce qui caractérise le fait c'est son objectivité, son extériorité, son indépendance à l'égard de l'esprit, la résistance qu'il lui oppose.

Ainsi conçu le fait ne s'invente pas, il se découvre tout au plus.

Lephysicien et le chimiste l'entendent bien ainsi, l'historien également qui se défend d'inventer ou d'imaginer lesévénements qu'il évoque.

Les faits sont, en ce sens, des réalités données, d'ordre naturel ou humain, s'imposant àla conscience qui les perçoit ou les constate sans les créer et sans intervenir d'abord dans leur manifestation.

Ilsconstituent les aspects du donné, de la réalité concrète que l'esprit ne construit pas et ne saurait tirer de lui-même. Le fait et l'activité de l'esprit.

A la réflexion, le statut du fait n'apparaît pas si simple.

Remarquons que la science désigne du nom de faits des phénomènes qui échappent à l'observation vulgaire pour n'être accessibles qu'à une. »

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