Devoir de Philosophie

COMMENTAIRE COMPOSÉ DE « CARMEN », MERIMÉE ‒ DE LA LIGNE 1177 à 1217 ‒ LITTERATURE

Publié le 18/06/2011

Extrait du document

       Ce court passage de la nouvelle Carmen, écrite par Prosper Mérimée en 1845, est un extrait du récit enchâssé à l'histoire initiale. Don José, a rencontré la jeune bohémienne Carmen, et devient, par sa faute, bandit. Avant d'être exécuté à mort, il souhaite raconter leur histoire au narrateur : aussi bien de quelle façon ils se sont rencontrés, puis aimés que les circonstances dans lesquelles don José a assassiné Carmen. De fait, elle affirme ne plus l'aimer, et, malgré toutes ses implorations pour la convaincre de prendre un nouveau départ, elle refuse de suivre son ancien « rom «.  Avant même les premières lignes de ce passage, le lecteur devine que le meurtre de Carmen va avoir lieu. Pourtant, il est surpris par l'attitude et les réactions des personnages. Nous allons donc étudier les différents aspects de cet assassinat.

« leur histoire d'amour.

De ce fait, elle rompt le lien avec violence, et mépris.

A ça s'ajoute la répétition successive du« Non! », tout en frappant du pied le sol, comme l'aurait fait une enfant devant ses parents.

Seulement, l'enjeun'est, ici, pas l'interdiction de dessert au prochain repas mais la mort ; et c'est cette ultime provocation qui l'yconduira. En effet, don José cède prise et tue Carmen.

Nous allons donc nous pencher sur la nature de ce crime : il peut êtreinterprété de différentes façons.

C’est ce qui fait l’objet de la deuxième partie de ce commentaire.Pour commencer, on peut le penser prémédité.

En effet, don José lui faire d’abord dire une messe par un ermite,avant de l'emmener dans une « gorge solitaire ».

C'est une vallée étroite, profonde et assez déserte pour devenir lelieu rêvé des assassins : à l'abri des regards et donc sans témoin.

De plus, don José précise que l'arme du crime qu'ila utilisé est « le couteau du Borgne [qu'il avait] pris » après l’avoir tué, puisqu’il était le mari de Carmen et « ayantcassé le [sien] ».

On peut donc en déduire qu'il avait déjà dans l'idée un futur meurtre, puisqu’il avait de suiteremplacé son couteau hors d’usage et emmené un autre sur lui, prêt à servir.La conclusion du meurtre prémédité semble donc être la plus évidente.

Pourtant cet homicide a aussi certainsaspects d'un crime passionnel.Il est vrai que l'élément déclencheur est le fait que Carmen ait jeté sa bague.

On peut donc supposer que le gestede don José est dû à l'arrogance de Carmen.

C'est donc un accès de colère, des coups fanatiques.

D'ailleurs, donJosé cherche, tout au long de son récit, à justifier son geste au narrateur.

Ainsi, il parle de « fureur » qui le «possédait ».

Ceci prouve bien l’amour qu’il porte encore à Carmen.

Lorsqu’il dit au narrateur : « Tout, monsieur, tout; je lui offris tout, pourvu qu'elle voulût m’aimer encore », il emploie l'anaphore du « tout ».

Ainsi, il essaye desoulager sa conscience, reporter la faute sur Carmen en insistant sur le fait qu’elle avait le choix.

De même, donJosé parle de son acte avec toujours autant d'émotion, de passion.

En effet, il n'a en aucun cas oublié Carmen.

Àça s'ajoute l'arme qu'a choisi d'utiliser don José, c'est-à-dire le couteau ; symbole du crime passionnel.Ce crime possède donc de nombreux aspects d'un crime passionnel.

Néanmoins, d'autres éléments peuvent nouspermettre d'affirmer que ce meurtre n'était peut-être qu'un simple aboutissement, un meurtre fatidique : unefatalité.Carmen fait d'ailleurs allusion au destin à plusieurs reprises, et déjà bien avant le passage en question.

Elle dit que «c'est écrit ».

D’autre part, elle s’est laisser amener dans cette « gorge solitaire » sans aucunement chercher à fuirou manipuler don José alors qu’elle savait pertinemment à quoi s’attendre.

Du reste, don José nous dit qu' « elle [tombe] au second coup, sans crier ».

Ainsi, Carmen neconteste pas : elle a donc accepté.

On pourrait même élargir cet « accord » au choix puisqu’elle dit : « Vivre avectoi, je ne le veux pas ».

Elle accepte le destin.

En effet, peut-être leur histoire d'amour était-elle prédestinée à finirde cette façon.

L’assassinat de Carmen était une fatalité, notamment en raison de leurs divergences d'opinion et deprincipe.

De son côté, Carmen veut vivre de façon éphémère, et se lasse sans cesse de ses nouveaux « roms »tandis que don José souhaite s’engager pour l’éternité.

Ces deux mentalités sont incompatibles et, par conséquent,leur couple courrait, dès le départ, à la perte et donc à la mort de Carmen. Ce sont les mentalités, les attitudes des personnages face à ce crime, face à la mort que nous étudions dans cettedernière partie du commentaire.Pour commencer, l'audace de Carmen, l'intrépidité dont elle fait preuve face aux menaces de don José estsignificative.

En effet, elle lui aura tenu tête et provoqué jusqu'au dernier instant.

Ainsi, dès les premières lignes,don José nous la décrit « immobile, un poing sur hanche, [le] regardant fixement ».

La description de son attituderévèle clairement son arrogance, à travers sa position et sa détermination, par son regard fixe.

On imagine alorsCarmen, reposant sur ses solides appuis, prête à faire face à la mort.

D'ailleurs, à aucun moment on ressent lamoindre peur dans son comportement.

Au contraire, elle ne cesse de provoquer don José, et donc la mort, si bienque, alors qu' [il tire] son couteau », elle continue à lui tenir tête ; et, même après avoir été frappée de deux coupsde couteau, « son grand œil noir [le regarde] fixement », tout comme lors des premières lignes du passage, et ce,jusqu'à ce que ses yeux se ferment.Ainsi, on pourrait croire que Carmen abandonne face à don José ; pourtant, c'est tout le contraire.En effet, Carmen abandonne, non pas face à don José mais face au destin.

Et c'est, justement, le fait de s'êtrelaissé mourir qui donne cette force au personnage : bien que menacée de mort, elle garde son sang-froid et refusede se soumettre à un homme qu'elle n'aime plus.

Elle revendique d’ailleurs, en parlant d’elle à la troisième personneque : « Carmen sera toujours libre.

Calli elle est née, Calli elle mourra ».

Elle reste donc fidèle à ses principes, croyances et traditions :en choisissant la mort, elle a choisi la liberté et c'est par là qu’elle a remporté son duel, puisque c’est un don Josécomplètement anéanti qu'elle laisse derrière elle.

C'est d'ailleurs en prison, et, rappelons-le, peu de temps avant samise à mort que don José témoigne de son histoire au narrateur.

Ainsi, au lieu de tirer satisfaction de son crime il enest, au contraire, encore plus abattu.

Il se fera alors exécuté avec, toujours derrière lui, les grands yeux noirs deCarmen, libre. Pour conclure, on retiendra que la passion de l'un, la provocation de l'autre et les principes de chacun auront menéau dénouement de cette tragédie amoureuse, dont on retiendra surtout l'aspect passionnel, même si ce meurtrepourrait être qualifié de prémédité ou fatidique.

Un meurtre qui aura, au final, bien plus anéanti qu'apaiser don José. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles