Devoir de Philosophie

Commentaire de poème La Loreley, Guillaume Apollinaire,

Publié le 03/04/2011

Extrait du document

apollinaire

Version:1.0 StartHTML:0000000168 EndHTML:0000018318 StartFragment:0000000468 EndFragment:0000018301

Commentaire de poème

La Loreley, Guillaume Apollinaire,

 

Bacharach est une ville proche d’une falaise sur la rive droite du Rhin connue depuis l’Antiquité. Elle est le sujet d’histoires fantastiques du Moyen Age. Apollinaire reprend la légende de cette femme-sorcière qui séduisait les marins qui en oubliant de naviguer dans les violents courants du Rhin allaient se briser sur les rochers, la Loreley. Ce poème est composé de 19 distiques qui abordent le thème de la puissance maléfique de l’amour qui conduit à la mort. Comment Apollinaire réutilise-t-il cette légende ? Comment par des jeux d’échos donne-t-il à ce thème une nouvelle profondeur ?

 

Ce poème serait un conte puisque le poème commence par une indication de lieu « À Bacharach », et débute comme un conte : « il y avait » qui renvoie à un temps passé. Sa musicalité pourrait faire penser à un chant populaire.

 

A la chanson populaire, Apollinaire emprunte les reprises plaintives comme « Mon cœur me fait si mal », répété trois fois. « Mon beau château », « il y avait une sorcière blonde » rappellent des refrains de chansons. Les rimes pour l'oreille plutôt que pour l'œil montrent peut-être la destination orale du poème. Les distiques, à rimes plates ou simples assonances font aussi penser à la chanson populaire ainsi que la simplicité du lexique et l'emploi de la forme dialoguée. De plus les nombreuses assonances et allitérations de ce poème lui confèrent une grande musicalité (vers 10, 11, 30, 31, 32)

 

Mais Apollinaire, reprenant un thème et des formes traditionnels, inscrit aussi ce texte dans la modernité en supprimant toute ponctuation.

Au vers 2, l’expression « d’amour » est au centre du vers impair, ce qui permet d’insister sur le thème de la mort d’amour.

Ainsi le vers 20 « Mon cœur me fit Si mal du jour où il s'en alla » est composé de 13 syllabes et son rythme heurté évoque la souffrance et le sanglot. Le vers 26, allongé jusqu'à 17 syllabes traduit le grandissement surnaturel du personnage féminin.

 

Si l'on s'attache au portrait dressé par le poète, on s'aperçoit que l'apparence physique de la Loreley est réduite à sa chevelure et à son regard.

 

Les expressions évoquant sa chevelure montrent la blondeur en relation avec le soleil: « une sorcière blonde » (vers 1), « ses cheveux de soleil » (vers 38). « Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés » (vers 31) confirme l'affinité de la Loreley avec les éléments: l'air et le feu.

 

Un autre élément entre en jeu : les yeux (thématique importante chez Apollinaire). Il y a une gradation au niveau de la description des yeux : d’abord on parle pierreries (v. 5) ; ensuite ils ont maudits (v. 7) ; et enfin on les compare aux flammes (v. 9).

Enfin, la comparaison des yeux avec les astres ou le Rhin, aux vers 26 et 38, souligne le rapport de la Loreley avec la nature cosmique et avec l'eau.

Tout au long du poème, on insiste sur le fait que la malédiction peut se retourner conter elle et que le malheur va se changer en folie.

 

Pourtant, même liée avec le cosmos et les éléments, la Loreley d'Apollinaire n'est pas un personnage surnaturel comme les sirènes. Elle est plutôt une femme qui possède des pouvoirs surnaturels, une sorcière. Elle est liée à un lieu précis et à une époque, le Moyen-âge, évoquée par l'évêque qui juge, les flammes du bûcher, le couvent et les « chevaliers avec leurs lances »

 

Sur le plan moral, l'attitude et le comportement de sorcière ne sont pas confirmés: son pouvoir lui est étranger, elle l'exerce contre son gré. D'ailleurs, sa passivité est soulignée par le texte: « elle laissait mourir d'amour », (vers2), « ceux qui m'ont regardée », (vers 10); elle marque son refus: « jetez, jetez aux flammes cette sorcellerie » dit-elle à l'évêque. Le démonstratif « cette » souligne l'horreur qu'elle éprouve pour son pouvoir de mort dont elle désire se purifier par les flammes du bûcher. Au lieu d'être une sorcière, elle semble elle-même ensorcelée: « mes yeux sont maudits » (vers 7); elle est la victime d'un pouvoir surnaturel qu'elle possède sans le maîtriser.

Victime, elle l'est encore car elle est mal-aimée: ses yeux sont impuissants à retenir le seul homme dont elle désire être aimée: « Mon amant est parti pour un pays lointain » (vers 15). Loreley est une amoureuse désespérée, qui souffre: «mon cœur me fait Si mal » est repris trois fois en écho. Puis elle appelle la mort, comportement peu habituel pour une sorcière.

Enfin, elle est croyante, elle demande au représentant de l'Église d'intercéder en sa faveur: « Priez plutôt pour moi la Vierge », alors que l'évêque rit. L'inversion des rôles évêque/sorcière est mise en valeur par le jeu de mots: riez », « priez » puisque c’est la sorcière qui demande à être jugée.

 

A partir du distique 11, on revient à une focalisation externe, l’intensité dramatique retombe, on change de temps puisqu’on est dans le passé. D’autres personnages apparaissent avec les trois chevaliers décrits dans les détails : « avec leur lance, jusqu’au couvent, noir et blanc… »

Une sorte de menace commence à se faire sentir. Le poète appose le blanc symbole de purification (les vierges) au noir symbole de deuil (les veuves). C’est une opposition symbolique entre le lieu de la purification et celui de l’enchantement.

A partir du distique 16, l’atmosphère devient oppressante ; les chevaliers sont pris au charme de la Loreley. Les choses vont vite. On voit beaucoup le lexique de la folie.

Le thème des yeux revient à nouveau (me mirer, vue, vu, yeux).

 

Dans cette légende d'amour et de mort, le thème de la mort est omniprésent. La Loreley sème la mort autour d'elle « Elle faisait mourir d'amour tous les hommes à la ronde ». Elle veut mourir et elle meurt en effet; le verbe mourir revient cinq fois dans le poème. Pourtant le dénouement est très bref et ne donne guère d'explication sur les causes de sa mort.

L'ordre de l'évêque qui l'envoie au couvent semble précipiter sa décision: créature liée à la nature, au cosmos, a la couleur, elle ne pourrait pas vivre cloîtrée et « vêtue de noir et blanc » L'évêque, subjugué, avoue son amour: « Je flambe dans ces flammes » et il n'a pas la force de l'envoyer sur le bûcher. Il la déclare irresponsable « Menez jusqu'au couvent cette femme en démence » (vers22), « Va-t-en Lore en folie » (vers23)

 

Les circonstances de la mort restent elles aussi susceptibles de plusieurs interprétations. La Loreley demande aux chevaliers de voir son château, puis elle ajoute: « Pour me mirer encore une fois dans le fleuve ». Or elle a dit plus tôt « Si je me regardais il faudrait que j'en meure » Elle est consciente qu'elle peut être victime de la malédiction de son regard. Elle serait donc tentée par le suicide. Sa résignation ne se serait alors qu'apparente « Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves » (vers 30)

Une autre interprétation serait que, victime d'une hallucination liée à son désir, elle croit rejoindre son amant, elle ne veut pas mourir: «... il m'a vue il m'appelle/Mon cœur devient si doux... » Mais dans sa joie de retrouver son amant, elle oublierait son funeste pouvoir et serait victime de son propre pouvoir maléfique: « Elle se penche alors et tombe dans le Rhin / Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley ».

 

Ou bien, autre interprétation possible, cet appel de l'amant n'est que la forme que prend l'appel du fleuve l'attirance de l'eau. La Loreley rejoindrait ainsi, comme une ondine, un élément cosmique avec lequel elle est en intime et mystérieuse communion. Elle rejoindrait les éléments naturels, partenaires de sa puissance: le soleil et le Rhin.

Dans ce cas, le poème ne serait plus un chant de deuil mais une apothéose comme le suggère l'assonance finale: Loreley / soleil.

APOLLINAIRE

« La Loreley »

P.99

 

Guillaume Apollinaire (1880-1918) est écrivain naturalisé français (né polonais). Il est l’un des plus grands poètes français (début 20s) et écrit notamment des nouvelles. C’est le précurseur du surréalisme.

 

Loreley est un personnage de légende, son intérêt pour sa culture Allemande date de 1901.

Brentano, poète du 19siècle : Il a déjà utilisé ce personnage et en a fait une autre version.

 

C’est l’histoire d’une sorcière vampirique traduite devant un tribunal ecclésiastique (religieux) et est condamné à vivre dans un couvant dans lequel doivent l’amener 3chevaliers. Elle veut regarder une dernière fois le Reins, et tombe dedans. Elle entraine dans sa chute les 3chevaliers.

Tout 4 meurent sans prêtre, ni tombe.

 

Cette femme symbolise « la femme vampire » qui vampirise les hommes, elle détient les hommes par son pouvoir.

 

I- Un récit folklorique et légendaire

 

a) Un poème à la manière d’un lied*.

 

*Un lied: Chanson répétitive.

Le poème est à la manière d’un Lied.

- Par sa longueur à 19strophes

- Le poème se compose de rime suivie. rime embrassé.

- Le poème se compose également de distiques = 2strophes + 2vers

Ces rimes suivies et distiques donnent au poème un rythme régulier.

- Certains éléments fonctionnent comme des refrains :

à Reprise de phrases: ver 14-16

à Reprise anaphoriques = Répétition

3fois  « mon coeur » = vers 17-19-20

à Répétition d’1 même mot , à la suite:

V.10 : « jetez, jetez »

V.32 : « Loreley loreley »

- La longueur du mètre (nbr de syllabes) = entre 12 et 14 syllabes.

12 syllabes = Alexandrins .

 

Cette longueur variable va donner au texte une prononciation proche de celle de la prose . (lecture non-traditionnelle)

 

b) Les éléments de la culture Allemande

 

- Les lieux décrits :

V1 : Bacharack

V29 ; V33 : le Rhin

 

- Des personnages :

V21 : 3chevaliers V6 : magicien

V5 et V32 : Loreley

 

- Les éléments de la chrétienté médiéval :

V.3 : l’évèque V14: Et que Dieu nous protège

V.13 : la vierge V30 : Le couvent des vierges

 

c) Un texte narratif et symbolique

 

Ce poème raconte une histoire dramatique qui se compose selon 3 mouvements :

Strophe 4 à 12 : jugement

Strophe 13 à 19 : Départ vers le couvent et mort de Loreley .

 

- On note un élément dramatique avec l’abandon de l’héroïneà V15

- Texte construit comme un conte. Il possède des éléments symboliques traditionnels .

àMode de narration : on commence par « il y avait »

àLes chiffres : V21 les 3 chevaliers

àLes couleurs opposées

àDes éléments magiques : V6 Magicien ; V12 Sorcellerie

V7 Yeux maudits .

àSymbolique de la mort du personnage :

V37 Sorcellerie : pour avoir vu dans l’eau Loreley.

 

II- La séduction

 

a) Un physique de séductrice

 

Elle a une beauté inhumaine.

Elle séduit avec ses yeux et cheveux: V31-38

à Fait l’abondance de sa chevelure et leur longueur

à « yeux »: champs lexical de la lumière en mouvement :

V5 ( allitération ( répétition de consonne ) - V9 - V23 - V6-38 .

à Les yeux ont un pouvoir maléfique .

 

b) La malédiction de Loreley

 

Cette malédiction lui permet :

- Pouvoir illimité sur les hommes

V2 « qui laissait d’amour tout les hommes… »

- Les hommes ont la conviction que cet amour n’est pas humain.

V6 «  jetez aux femmes cette sorcellerie… »

 

Elle-même en ai victime car son amant l’a quitté en la qualifiant mystérieuse : V19 - V15 - V20 .

Elle veut mourir car elle n’en peut plus car elle se trouve trop belle et la façon dont elle les séduits est malheureux .

 

- L’évêque préfère se damner plutôt que la tué.

 

c) Le mythe de Narcisse

 

Ce qui la perd, c’est sa tentation (V27 à 29).

Elle croit voir son amant (V34) .

V36-37 : Comme dans le mythe, elle ment de s’être vu dans le reflet.

Un élément différé de ce mythe.

à Cette femme en demeure : V22

à En folie aux yeux tremblants : V23

 

Conclusion :

 

Le charme du texte réside dans le jeu des sonorités, les répétition. Ce texte opère une incantation magique ( répétition ).

L’eau est le symbole de la mort .

Liens utiles