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Complétez cette citation d'Alain : « Penser, c'est dire ... à ce que l'on croit ».

Publié le 22/02/2012

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alain

« 2° Discussion A) Le jugement d Alain semble véridique (Thèse). Il semble, à première vue, possible de discerner dans le jugement d'Alain des éléments dynamiques et féconds.

Et,en effet, nous avons été enfants avant que d'être des hommes, selon une formule célèbre, et cet état de passivitéinitiale a engendré, en nous, un ensemble de préjugés dont il nous faut bien tenter de nous défaire, si nous voulonsparvenir au vrai.

Pré-jugé : le terme même est significatif.

Quelque chose a été, en nous, jugé et affirmé sans qu'unélément réel d'autonomie et de libre construction soit intervenu, sans que nous ayons, nous-mêmes, fait etengendré notre vrai.

Modelés par la société et par ses affirmations, nous avons été soumis au règne de l'opinion etde l'incertaine et inconsistante croyance.

Pour élaborer notre vrai, ne nous faut-il pas, précisément, « dire non »,nier ce qui est, devant nous, de manière apparemment immédiate et, néanmoins, construite par la société et leshommes ? Penser, c'est alors appliquer rationnellement notre esprit aux divers éléments de la représentation et, encette tâche, briser l'assurance du sens commun.

Pour penser, il nous faut donc repartir à zéro, mettre à distancenotre crédulité primitive, qui représente le fond même de nos croyances initiales.

Nous avons été, dans notreenfance, et bien au-delà, mus par une espèce d'opinion, d'origine sensible ou sociale.

Cette double opinion s'exprimeen nous, mais elle n'est pas nous-mêmes.

Pour penser, il faut, dès lors, dire non aux trompeuses illusions, mettre àdistance notre crédulité primitive, nous dégager de l'adhésion naïve et irréfléchie aux contenus variés de lareprésentation.

Ainsi, penser, c'est « dire non » et il semble difficile de ne pas acquiescer au jugement d'Alain.Penser, c'est tout effacer pour tout recommencer, s'affranchir de toutes les pesanteurs et de toutes les tyranniesintellectuelles.

Songeons à la Première Méditation de Descartes où il révoque tout en doute, le sensible et, aussi,l'intelligible.

En cet acte de penser, d'une audace inouïe, il efface tout et s'efforce de repartir à zéro.

Ici lanégativité de l'esprit s'exprime dans sa grandeur.

Pour conquérir le vrai, il faut, préalablement, dire non.Ainsi, toute étude de l'acte de penser semble lier cet acte, indissolublement, à la négativité spirituelle.

Écoutons iciles analyses d'Alain.

En soulignant que penser, c'est peser ce qui vient à l'esprit, suspendre son jugement, secontrôler soi-même et ne pas se complaire, il a magistralement montré que « penser, c'est dire non » : « Penser,c'est passer d'une idée à tout ce qui s'y oppose, de façon à accorder toutes les pensées à l'actuelle pensée.

C'estdonc un refus de la pensée naturelle et, profondément, un refus de la nature, qui en effet n'est pas juge despensées.

Penser c'est donc juger que tout n'est pas bien en nous comme il se présente ; c'est un long travail et unepaix préalable » (Alain, Les arts et les dieux, p.

1078).

Penser, c'est donc refuser l'immédiateté naturelle, se dégagerdes choses et des représentations et les nier.

Penser, c'est manifester sa capacité de refus et de non-adhésion.

Ilsemble donc tout à fait légitime d'acquiescer, en ce sens, au jugement d'Alain.

Il nous semble véridique, dans lamesure où la vraie pensée représente un exercice cathartique et critique. B) Critique et antithèse : l'affirmation nietzschéenne. Mais, à vouloir tout nier, tout effacer pour tout recommencer, à vouloir repartir à zéro, la pensée ne se dissout-ellepas, alors, dans le pur négatif? Tel semble être, comme nous allons le voir, le péril recelé par la négativité.Et, en effet, penser, c'est dire non, c'est rompre le cercle des évidences établies et la chaîne du quotidien, c'estdécider de repartir à zéro.

Mais alors, cette pensée qui dissout tout, qui anéantit tout, ne risque-t-elle pas d'êtreprise ainsi dans un mouvement de dissolution sans fin? Niant et néantisant tous les objets et toutes lesreprésentations, la pensée s'égare, alors, en un flux total et une dissolution intégrale.

Allant, indéfiniment, au-delàde tous les contenus de la représentation, la pensée, désormais, n'est plus à même de construire et de créer.

Telest le risque, par exemple, du scepticisme.

Disant « non » aux représentations, les dissolvant indéfiniment, lesceptique demeure, précisément, dans le pur néant et ne sait plus s'en évader.

Dès lors, quand la pensée se faitcapacité de tout nier, de tout pulvériser et « néantir », c'est le néant ou le vide qui apparaît le péril majeur del'esprit.

Ainsi ce dernier est-il entraîné en un mouvement de négation absolue.Mais, alors, que signifient la négativité, la pensée comme acte de «dire non»? Rien d'autre que le vertige d'undésordre s'engendrant indéfiniment, rien d'autre que l'absolue inquiétude.

La pensée se découvre dans sa vacuité,en un jeu indéfini.

Elle a tout anéanti, tout dissous : ce qu'elle expérimente alors, c'est l'anéantissement de toutesles formes de l'être.

Penser, c'est dire non, c'est détruire : mais ce qui demeure, en cette opération semblepurement négatif.

La pensée constructive paraît ainsi avoir disparu, au sein de ce flux de déterminations niées.Dès lors, si la pensée qui se meut dans l'élément du négatif, qui « dit non », qui se confie à la puissance du négatif,n'aboutit, trop souvent, qu'à la dissolution sceptique ou négativiste, on peut, dans une tout autre perspective, voirdans la pensée une forme essentiellement affirmative.

L'acte de pensée réel et authentique ne consiste-t-il pas,bien davantage qu'à « dire non », à acquiescer au réel tel qu'il est, à assumer la réalité telle qu'elle est ? Penser,c'est, alors, saisir, dans les choses et dans la vie, ce qui doit en être assumé et accepté.

Au «non» de la négativités'oppose, ici, une affirmation essentielle, celle, par exemple, que l'on peut trouver dans la philosophie de Nietzsche.Penser alors, ce n'est pas « dire non », c'est affirmer, c'est créer.

Le « non » cède la place au « oui ».

Bienentendu, il n'est nullement question, dans cette perspective, d'abandonner tout exercice critique.

En effet, lepenseur, qui discerne dans la réalité des éléments positifs, qui dit « oui », est également en mesure de critiquer,éventuellement, le réel, grâce à la force de son oui.

Ici, c'est l'affirmation qui possède un pouvoir critique.

Si le «non » se manifeste, c'est à travers la médiation du « oui », qui seul représente la pensée et l'exercice réfléchi del'intelligence.

Ainsi, penser serait dégager, dans l'existence, les éléments positifs qui s'y trouvent.

Penser, ce seraitaffirmer la vie et non pas « dire non ».

Au « travail du négatif» dont nous parla Hegel et dont nous parle aussi Alain,dans la formule proposée à notre étude, s'oppose une pensée essentiellement affirmative, désireuse de dire oui à lavie.

Dans cette perspective, il est illégitime d'affirmer que « penser, c'est dire non ».

En effet, c'est le positif quidoit servir de fondement à la pensée car la négation en tant que telle n'est que vide absolu.. »

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