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La croyance au progrès

Publié le 18/09/2011

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La croyance au progrès

A) LA LUTTE CONTRE LE FANATISME : (1)

La Tolérance est en général la vertu de tout être faible destiné à vivre avec des êtres qui lui ressemblent. L'homme, si grand par son intelligence, est en même temps si borné par ses erreurs et par ses passions qu'on ne saurait trop lui inspirer pour les autres cette tolérance et ce support dont il a tant besoin pour lui-même et sans lesquels on ne verrait sur la terre que troubles et dissensions. C'est, en effet, pour les avoir proscrites, ces douces et conciliantes vertus, que tant de siècles ont tait plus ou moins l'opprobre et le malheur des hommes ; et n’espérons pas que sans elles nous rétablissions jamais parmi nous le repos et la prospérité.

On peut compter sans doute plusieurs sources de nos discordes. Nous ne sommes que trop féconds en ce genre ; mais c’est surtout en matière de sentiment et de religion que les préjugés destructeurs triomphent avec plus d’empire et des droits plus spécieux, c'est aussi à les combattre que cet article est destiné. Nous établirons d'abord sur les principes les plus évidents la justice et la nécessité de la tolérance ; et nous tracerons, d'après ces principes, les devoirs des princes et des souverains. Quel triste emploi cependant, que d'avoir à prouver aux hommes des vérités si claires, si intéressantes, qu'il faut, pour les méconnaître, avoir dépouillé sa nature ; mais s'il en est, jusque dans ce siècle, qui ferment leurs yeux à l'évidence et leur cœur à l'humanité, garderions-nous dans cet ouvrage un lèche et coupable silence ? Non ; quel qu'en soit le succès, osons du moins réclamer les droits de la justice et de l'humanité et tentons encore une fois d'arracher au fanatique son poignard et au superstitieux son bandeau. (...)

Tiré de <■ L'Encyclopédie ».

B) LA LUTTE CONTRE L'IGNORANCE

« Nos espérances sur l'état à venir de l'espèce humaine peuvent se réduire à ces trois points importants : la destruction de l'inégalité entre les nations, les progrès de l'égalité dans un même peuple, enfin le perfectionnement réel de l'homme.

Il arrivera donc ce moment où le soleil n'éclairera plus sur la terre que des hommes libres, ne reconnaissant d'autre maître que leur raison ; où les tyrans et les esclaves, les prêtres et leurs stupides et hypocrites instruments n’existeront plus que dans l'histoire et sur le théâtre, et l'on ne s'en occupera plus que pour plaindre leurs victimes et leurs dupes ; pour s'entretenir, par l'horreur de leurs excès, dans une utile vigilance : pour savoir reconnaître et étouffer, sous le poids de la raison, les premiers germes de la superstition et de la tyrannie si jamais ils osaient reparaître.

Par un choix heureux et des connaissances elles-mêmes et des méthodes de les enseigner, on peut instruire la masse entière d’un peuple de tout ce que chaque homme a besoin de savoir pour l'économie domestique, pour l'administration de ses affaires, pour le libre développement de son industrie, et de ses facultés, pour connaître ses droits... pour être maître de soi.

L'égalité de l’instruction corrigerait l'inégalité des facultés, tout comme une législation prévoyante diminuerait l'inégalité des richesses. Elle accélérerait le progrès des sciences et des arts en leur créant un milieu favorable et en multipliant les artisans... L'effet serait une augmentation de bien-être pour tous. »

Condorcet, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l'esprit humain (1793).

(1) Dans la société d’Ancien Régime. l'Eglise catholique est intimement liée à I Etat. La monarchie est réputée d'essence divine : le roi est le représentant de Dieu sur terre : le clergé est le premier ordre de l’Etat et jouit d'immenses privilèges L'Eglise se sert toujours au XVIII» siècle du bras séculier, entendons du pouvoir de l'Etat, pour imposer ses dogmes. Protestants et juifs n'ont aucun droit, pas même d'état civil. Les protestants ne recevront un état civil que par l'édit de 1787. La Sorbonne veille jalousement sur la doctrine catholique et censure tous les écrits qui lui portent atteinte. Le chevalier de la Barre est décapité à Abbeville à l'âge de dix-neuf ans, le 1»r juillet 1766, pour n'avoir pas Oté son chapeau sur le passage d'une procession le jour de la Fête-Dieu 1765. Aussi les Philosophes considèrent-ils le combat pour la tolérance et la liberté de penser comme essentiel. Voltaire, qui publie en 1763 son Traité sur la tolérance, mena une lutte sans trêve contre l'intolérance et le fanatisme. Il suffit de rappeler la part qu'il prit à l’affaire Calas (1762), è l'affaire SIrven (1764), à celle enfin du chevalier de la Barre (1765). L'Encyclopédie participe à ce combat contre l’intolérance, le fanatisme et la superstition. En de nombreux articles, elle s'en prend au catholicisme, auquel est reproché d'avoir, au cours des siècles, permis de nombreux crimes par son intolérance et, par sa méfiance de la pensée libre, entravé le progrès des sciences.

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