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DEVANCIERS ET SUCCESSEURS DE MOLIÈRE

Publié le 25/04/2011

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   A) LES DEVANCIERS    La lutte contre la préciosité avait été commencée avant Molière. Certains auteurs avaient déjà fort durement critiqué le langage des Précieux : Agrippa d'Aubigné dans le Baron de Fœneste, Charles Sorel dans le Francion (1622) et dans le Berger Extravagant (1627). Et Molière, qui n'a jamais hésité à prendre son bien partout où il le trouve, a imité certains passages de ses prédécesseurs. Il a subi l'influence d'auteurs italiens ; mais surtout, il a trouvé son bien chez les auteurs espagnols, latins et français (auteurs dramatiques et conteurs), anciens et contemporains. Il a ainsi emprunté des sujets, parfois en les modifiant fort peu des situations, des scènes ou des répliques. Cela ne fait de doute pour personne. On lui a de son temps et jusqu'à nos jours vivement reproché cette manière de faire, et on l'a souvent accusé de plagiat. «

« m'entourent comme abeilles.

Les pleurs près de mes pieds coulent comme torrents.

» (Visionnaires, acte I sc.

7). (V.

égal, acte II sc.

2, acte IV sc.

4 et 6. Dans cette pièce, comme dans les Femmes Savantes, des gens de bon sens essaient de montrer leur erreur à cesfolles. Phalante : Mais c'est une chimère où votre amour se fonde, Car que vous sert d'aimer ce qui n'est plus au monde ? Mélisse: Nommer une chimère un héros indompté ! On trouve aussi dans cette pièce un certain poète Amindor, sorte de Trissotin, qui s'écrie : « Siècle! si tu pouvais savoir ce que je vaux, J'aurais une statue en la place publique...

» Saint-Évremond.

Dans les Académistes de Saint-Évremond (1643), acte I, se.

2, la scène où Colletet et Godeau secongratulent avant de se disputer, offre quelque analogie avec la scène Trissottin-Vadius.

Les vers de Saint-Évremond sont sans talent, la scène est longue et lourde.

Molière a cependant pu s'inspirer de cette plaisantecontradiction, les personnages passant de l'adulation à l'invective sans transition et ce, du fait de leur vanité et deleur susceptibilité.

Mademoiselle de Scudéry.

Même chez Mademoiselle de Scudéry, à côté de la savante modeste, Sapho, se dressel'épouvantable figure de la pédante Damophe, caractère assez proche de celui de Philaminte (Le Grand Cyrus, 1648). Chappuzeau.

Mais les vraies savantes, nous les retrouvons, identiques à celles de Molière, dans le Cercle desFemmes ou L'Académie des Femmes de Chappuzeau (1648).

Ces dames académiques ne sont rien d'autre que desfemmes savantes.

On voit Emilie pleurer les erreurs de langage de Lisette, tout comme Philaminte, celles de Martine. «...

Que ces âmes brutales Font de peine, et comment, sans perdre la raison, Pourrait-on longtemps vivre avec untel vison? Elle m'a fait cent fois de pareilles saillies, Et n'a su distinguer les Morales des Vies...

» Quant à la philosophie personnelle de Chappuzeau, ne se rapproche-t-elle pas de celle de Molière? « Une femme qui lit, et qui lit Campanelle, Que c'est un beau moyen de gâter sa cervelle ! Et que, tandis qu'elle acette démangeaison, Un mari passe bien son temps à la maison.

Quand sur tous ces auteurs son faible esprittravaille, Que de valets en bas ont beau faire gogaille, Et qu'on a souvent tort d'imposer au cerveau, Que le vin vatrop vite et s'enfuit du tonneau! Une bonne quenouille en la main d'une femme Lui sied bien et la met à couvert detout blâme, Son ménage fleurit, la règle va partout, Et de ses serviteurs elle vient mieux à bout.

» Furetière.

On peut enfin mentionner, comme source possible des Femmes Savantes, le Roman Bourgeois deFuretière, paru en 1666, qui a fourni à Molière le trait du Gros Plutarque à mettre les rabats, et où bien des traitspropres au bourgeois Chrysale se trouvent indiqués assez abondamment. Mais, même chez les principaux, chez Chappuzeau et chez Desmarets de Saint-Sorlin, académistes et précieusessont plutôt des ébauches ou des caricatures; elles n'ont pas la vie des personnages de Molière.

Lorsqu'on compareces œuvres diverses aux Femmes Savantes, on voit que l'originalité de Molière subsiste, tout comme elle subsiste enface des modèles qu'il a dépeints; l'accusation de plagiat contre Molière est sans grande valeur.

Pourquoi s'acharnerà discuter de ces questions et à prolonger de vaines querelles, alors que la grande originalité du génie moliéresque,c'est la manière comique. B) LES SUCCESSEURS DE MOLIÈRE Molière avait peut-être voulu vaincre la préciosité avec les Précieuses Ridicules, mais la préciosité demeura.

Aprèsles Femmes Savantes, le pédantisme demeura...

Si Molière a eu du succès, avouons que ce succès ne fut pas unecomplète victoire, parce qu'on ne corrige pas une tendance inhérente à l'esprit humain par une comédie, siremarquable soit-elle. D'autres, après Molière, ont continué la lutte.

Ce sont : La Bruyère, qui se moquera du bel esprit Cydias, portrait,dit-on de Fontenelle; le Père Bouhours, qui discutera, en 1687, des expressions précieuses plus nombreuses quejamais; Boileau surtout, qui vint en aide à Molière dans ses Satires.

Mais il plaidait des procès déjà jugés oupendants.

Dans toute son œuvre, on sent qu'une bataille se livre.

Boileau ne discute pas de théories, il dépeint des. »

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