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L'écume des jours : Analyse depuis : « Les cheminées se rapprochaient... » à « Ce sont des graines sélectionnées. » (p.273-277) - Commentaire

Publié le 03/03/2011

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            L'auteur de L'écume des jours, Boris Vian, a vécu à cent à l'heure dans un monde imaginaire qu'il s'est construit, né de la découverte d'une tuberculose dès 1936 qui lui laissait une faible espérance de vie. Ayant grandi dans une famille aisée, le crack de 1929 provoqua de nombreux changements dans sa vie. D'abord son père se mit en quête de travail, alors que sa rente lui suffisait jusqu'alors. Vian suivit une école d'ingénieure, qu'il finit en 1942. Sa carrière commence à l'AFNOR, où il pratique une activité quelque peu absurde, mais qui lui laisse beaucoup de temps libre. Il vit malgré tout dans une période de guerre, dans laquelle il ne s'implique pas. Il a horreur de la politique et la bulle qu'il s'est façonnée lui permet de se sentir à l'écart de ces choses. Durant ses études, il fit la rencontre de Michelle Léglise, jeune femme intelligente, dont l'union donnera naissance à deux enfants. Son père meurt dramatiquement en 1944, le fragilisant et mettant en péril sa vie conjugale. A partir de là, il va se consacrer à des activités plus artistiques, telles que l'écriture et la musique jazz, très en vogue en ce temps d'après-guerre. 

« également la critique du secteur tertiaire, qui se retrouve dans les paroles du « vieil homme »(l.22): « Et maintenant, je suis arrivé, voyez-vous...

je peux rester à mon bureau et lire lemanuel toute la journée...

» (l.42-43).

Ces paroles révèlent d'une part que le travail qu'ilfournit est improductif, car il ne fait rien.

De plus, aucun élément ne semble montrer qu'ilsache pourquoi il le fait, si ce n'est afin de faire tourner le système, ni pour qui il le fait.D'autre part, il a atteint la seule promotion possible, étant donné la dimension de finalité dansses paroles « je suis arrivé ».

Mais ceci n'est que le premier élément de la critique del'auteur. Dans les premiers paragraphes du passage, beaucoup d'éléments dessinent peu à peu unecage qui emprisonne l'homme: « Les cheminées se rapprochaient » et « son cœur vibrait dans sapoitrine comme une bête enragée » (l.1-2) révèlent le sentiment de peur de Colin, comme si ilpressentait qu'il se rendait à l'intérieur d'un piège.

Cet environnement est décrit trèsnégativement, comme auparavant dans le roman quand ils traversaient les mines de cuivre; « Le solglissait et se dérobait sous ses pieds », « la route durcissait », la cheminée est « comme unpal », des « oiseaux foncés tournaient »(l.4-8), qui nous font penser à des corbeaux ou à descharognards qui attendent de fendre sur leur proie.

Un autre élément marquant est la « fuméeverte »(l.8); le vert est souvent considéré comme une couleur diabolique, très négative.

L'auteursuisse Ramuz, dans La grande peur dans la montagne, en fait usage au moment où le glacier qui menace les montagnards prend un aspect menaçant.

Il reste encore deux éléments qui accentuent lasensation d'emprisonnement de Colin : le fait qu'il n'y a « qu' une porte »(l.11) illustre la fatalité, et enfin les « lames acérées » (l.13) signalent le danger. C'est dans cet environnement que le travail est introduit à Colin, connoté au champlexical de l'épaisseur : des « plaques de verre de plusieurs centimètres d'épaisseur »(l.16), la« voix cassée et épaissie » (l.29) de l'homme en blouse blanche, ainsi qu'un peu plus loin « ungros massif (...) très épais » et « une lourde couverture de laine »(l.66-67).

Ces élémentsdénotent la lourdeur de tout ce qui l'entoure et qui l'emprisonne, au contraire des notes de jazzqui procuraient à l'auteur un sentiment de légèreté et d'évasion.

Le travail est exposé en tantque piège pour l'homme qui l'use.

Cette partie du livre est un moment où tout va mal, Colin estforcé d'avoir un travail pour soigner Chloé, dans un univers qui ne cesse de se défaire.

Ilrétrécit tout au long du livre, et plusieurs éléments soulignent cette usure dans ces pages.

Lepatron, ou embaucheur, lui-même reconnaît que « cela vous use »(l.34).

Cela se constate sur sonphysique, âge de seulement vingt-neuf ans, il passe « une main ridée et tremblante à travers lesplis de son visage »(l.40-41) et il a un « rire cassé »(l.30).

Cet homme est victime d'unvieillissement prématuré, comme le cuisinier Nicolas, auquel Colin s'adresse en ces mots quelquespages plus tôt : « tu vieillis trop »(p.130).

Alors que l'embaucheur semble ne pas savoirpourquoi il travaille, Colin trouve sa raison dans l'argent : « c'est bien payé »(l.33) et « J'aibesoin d'argent »(l.44).

C'est une chose de vouloir de l'argent, mais dans le cas présent, letravail est tellement horrible selon l'homme que ça n'en vaut même pas la peine : « cela ne vautpeut-être pas le prix »(l.35).

Le patron argumente en faveur de l'usure en tenant ces propos :« Au bout de trois mois vous en aurez moins besoin »(l.46-47), ce qui donne une dimension fatale,Colin n'arrivera pas à garder sa volonté de travailler intacte, à l'abri des détériorations.

D'ailleurs une paire d'éléments exprime la déshumanisation de l'être, qui devient unmoyen de production comme un autre, assimilé à une machine.

On le ressent bien dans l'ambiance del'usine, où il est recommandé qu'il « entre sans frapper »(l.20), méprisant une politesse debase.

Cette perte d'humanité est la plus frappante au moment où ils s'entretiennent sur l'état deChloé: Colin est convaincu d'aimer sa femme bien qu'elle soit malade - « Je l'aime »(l.54) -,tandis que l'homme en blanc s'exprime de manière beaucoup plus critique: « Quand une femme estmalade, elle n'est plus bonne à rien.

»(l.52-53).

Cette objectivation de la femme nous révèle unecritique que Vian lance contre le principe de femme-objet.

Dans ce livre, les femmes sont souventaimées car elles sont des sources de plaisir et non pour ce qu'elles sont.

Cette situation seretrouve dans une autre de ses œuvres, L'arrache-cœur.

Jacquemort, le protagoniste soi-disant psychanalyste, va à la rencontre de plusieurs femmes avec l'objectif de les psychanalyser, maisces relations deviennent très vite intimes.

Dans le roman présent, un étrange sentiment se. »

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