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Faut il douter de soi?

Publié le 10/04/2005

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    II. Une morale de l'action efficace ne peut souffrir le doute   -Douter de soi, du point de vue de l'action, est une erreur. En généralisant le doute, l'être devient problématique, et dans l'action le sujet n'est qu'irrésolution et indécision. Que faire si l'on n'est sûr de rien ? Descartes insiste donc sur la nécessité temporaire du doute hyperbolique, qui ne doit pas interférer avec la nécessité d'agir, et propose comme pratique la morale par provision. La seconde et la troisième maxime de cette morale révèlent ce besoin de pallier à l'incertitude du moment : « Etre le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais » et « changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde » (Discours de la méthode, III). Il s'agit d'agir en quelque sorte en méconnaissance de la situation, mais de porter la certitude sur sa décision et sa résolution à agir, et non pas sur l'issue de l'action, qui nous échappe du fait de son inscription dans un ordre du monde inaccessible.   -  Cette morale, d'inspiration stoïcienne (Manuel d'Epictète), permet l'action dans l'entreprise du doute. Mais la troisième maxime reste ambiguë. Devons-nous abandonner notre connaissance du monde, pour être sûr de soi ?

La recherche philosophique, dans sa continuelle enquête, fait route au bord d’un abîme : la folie du doute. Quotidien philosophique, mais aussi état mental que chacun en son for intérieur connaît, dans différentes configurations : de la rumination sans fin de problèmes métaphysiques à la crainte tétanisante des microbes, des accidents, et ce jusqu’aux inévitables questions « qui suis-je ? « et « que dois-je faire ? «. Douter des choses du monde et, à plus forte raison, douter de soi, peut apparaître comme un défaut, une inutilité dangereuse. Mais dans l’impératif d’exercer son jugement et d’assurer à soi certaines réalités, le doute peut être envisagé comme un outil de travail. Entreprendre de douter de soi place ainsi le sujet dans une position mal assurée, problématique. La célèbre injonction de Socrate « connais-toi toi-même « est autant un but à atteindre (le savoir humain), qu’une exigence méthodologique et morale à pratiquer (la sagesse). Mais le sujet peut-il vivre ensemble ces deux attitudes ? La nécessité d’agir au quotidien laisse-t-elle au sujet le loisir de douter de son être ? Existe-t-il une voie moyenne, où la réponse du « qui suis-je ? « permet de répondre à « que dois-je faire ? « ?

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