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GOULAG

Publié le 22/02/2012

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Avec le Laogai maoïste, le Goulag (Glavnoié oupravlénié laguerei : Administration centrale des camps) stalinien représente le plus vaste système de camps de travail forcé du xxe siècle. Ces initiales sont devenues célèbres dans le monde entier grâce au best-seller d'Alexandre Soljénitsyne, L'Archipel du Goulag, paru en Occident en 1973-1974. Le temps d'une génération, entre 1930 et 1953, environ quize millions de personnes passent par les camps et les colonies de travail du Goulag. À son apogée, au début des années 1950, il compte environ deux millions et demi de détenus, surveillés par un immense appareil d'encadrement de plus de 200 000 personnes. Outre les détenus condamnés à une peine de travail forcé par une juridiction ordinaire ou à l'issue d'une procédure d'exception, le Goulag gère des millions de « déplacés spéciaux » ou « colons de travail », déportés collectivement, sur un pseudo-critère de classe (« koulaks », « ci-devant ») ou sur une base ethnique, et assignés à résidence dans des « villages » et « peuplements spéciaux » des régions inhospitalières de l'URSS. Cet espace dit de « la zone », aux marges du camp, à mi-chemin entre l'univers libre et celui des détenus, constitue l'une des particularités les plus fortes du système goulaguien. Un univers à plusieurs cercles, où la gabegie, le laisser-aller, l'abandon, le hasard semblent jouer un rôle plus important qu'une volonté systématique d'extermination de victimes expiatoires. Les recherches récentes font état d'un taux de mortalité annuel moyen de 4 % environ (soit près de un million et demi de décès en une vingtaine d'années) avec, toutefois, de très grands écarts, selon les années (20 % en 1942, entre 0,5 % et 2 % dans les années 1948 à 1953) et selon les types de camps. Les détenus politiques, une minorité. Contrairement à une opinion répandue, les « politiques », condamnés pour « activités contre-révolutionnaires » au titre de l'un des 14 alinéas du tristement célèbre article 58 du Code pénal soviétique ne constituent qu'une minorité (environ 25 %) des détenus. La majorité des zeks (détenus) sont en fait des « citoyens ordinaires », condamnés en moyenne à cinq ans de travail forcé pour avoir enfreint l'une des innombrables lois répressives qui criminalisent une multitude de petits délits et pénalisent un nombre croissant de comportements sociaux (« abandon du poste de travail », « parasitisme », « spéculation », « non-accomplissement du nombre minimal de journées-travail dans les kolkhozes », etc.). Vingt années durant, les immenses complexes pénitentiaires du Goulag fournissent une main-d'oeuvre abondante pour d'immenses chantiers pharaoniques : canal Baltique-mer Blanche, canal Moscou-Volga, second Transsibérien (BAM), mines de nickel de Norilsk, combinat charbonnier du Kouzbass, gisements aurifères de la Kolyma. Au début des années 1950, toutefois, la rentabilité économique du Goulag est mise en question. La disparition de Staline en 1953 amène ses successeurs à démanteler rapidement un système devenu trop lourd, secoué par une vague de révoltes et d'émeutes. Dès avril 1953, une large amnistie permet la libération de la moitié des détenus. La majorité des « politiques » est relâchée après le XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) en février 1956. Le Goulag ne survivra pas à la déstalinisation. Nicolas WERTH

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