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La guerre du Sonderbund

Publié le 05/04/2013

Extrait du document

• Depuis la fin du xviiie siècle, la Suisse forme une association d'entités politiques diverses. Elle regroupe treize cantons, des pays sujets et des États indépendants. Présentant de fortes inégalités en droit et de forts contrastes en termes de développement économique, ces cantons sont devenus ingouvernables.

• La Révolution française éveille des échos profonds dans les treize cantons où les libéraux appellent à la délivrance du joug aristocratique. En janvier 1798, les villes vaudoises se soulévent contre Berne et prodament la République lémanique, ...

« • Les cantons conseivateurs bénéficient en outre de l'appui des grandes puissances européennes : le Pacte de 1815 a été condu dans le cadre du congrès de Vienne, et sa modification nécessite la signature de tous les signataires dudit congrès.

• D'autre part la Suisse accueille sur son territoire de nombreux réfugiés politiques, ce qui lui vaut des difficultés avec ses voisins .

Les tensions sont particulièrement vives avec la France à la suite du séjour, en 1838, de Louis-Napoléon Bonaparte.

• La situation politique est d'autant plus confuse que les libéraux sont débordés sur leur • gauche » par les radicaux dont le programme défend le renforcement du lien fédéral, la liberté religieuse -en fait, un antidéricalisme à peine voilé -et l'expansion économique .

Un pas supplémentaire est franchi en 1841 lorsque le gouvernement radical d'Al'fOrle décide de fermer huit couvents après que les catholiques du canton se sont révoltés contre une révision constitutionnelle leur étant défavorable.

LA CHATION DU 5DNDEUUND • En 1844, en réaction à la décision du gouvernement d'Argovie, le canton de Lucerne fait appel aux jésuites afin de leur confier l'enseignement secondaire .

A leur tour les radicaux répondent en formant des corps francs qui, fusils à la main, lancent par deux fois -en 1844 et en 1845 -une expédition destinée à renverser le gouvernement de Lucerne .

C'est un échec.

De plus, le sang a coulé : le deux ième assaut se solde par une centaine de morts .

En revanche, les radicaux marquent un point sur le plan politique en prenant.

en février 1845, le pouvoir à Lausanne .

• Face aux deux expéditions des corps francs et à la montée en puissance des radicaux.

les cantons catholiques décident alors de se rapprocher afin d'établir une défense commune .

Le 11 décembre 1845, ils décident de signer dans le plus grand secret une• alliance séparée• -ou •Son­ derbund• .

Ce dernier regroupe les cantons de Lucerne, Uri, Schwyz, Valais, Fribourg.

Zoug et Unterwald .

• Parallèlement.

des contacts -contraires au Pacte de 1815 -sont noués avec les puissances étrangères, notamment l'Autriche, mais aussi la Prusse, la Russie, la France et la Sardaigne, qui considèrent.

non sans raison, que les événements de Suisse constituent une menace pour l'ordre européen.

Aussi offrent-elles leur appui diplomatique , de l'argent.

voire des armes .

• Dès 1846, l'existence du Sonderbund est connue .

Aussitôt.

radicaux et libéraux réclament à la Diète sa dissolution.

Mais à cette date, ils sont encore minoritaires .

Toutefois, la victoire des radicaux lors des élections d'octobre 1846 à Genève, qui précèdent leur succès dans les cantons de Vaud et de Saint-Gall, fait pencher la balance en leur faveur .

La Diète, où les cantons hostiles au Sonderbund sont désormais majoritaires, prononce la dissolution du Sonderbund, le 20 juillet 1847, par douze voix contre sept et trois abstentions .

• l.'.expulsion des jésuites, en septembre 1847 , ajoute à la tension .

La guerre parait inévitable bien que des émissaires radicaux aient cherché, sur l'initiative du canton de Zurich, à résoudre le conflit de façon pacifique .

Les catholiques préfèrent l'affrontement plutôt que de chercher à exploiter les divergences entre radicaux et libéraux .

Car si les libéraux désapprouvent le Sonderbund, ils ne s'estiment pas en droit de s'y opposer, alors que les radicaux exigent sa dissolution .

• Le point de non-retour est atteint le 29 octobre 1847 lorsque les députés du Sonderbund choisissent de se retirer de la D iète.

Aussitôt.

celle-ci décide de dissoudre le Sonderbund par la force.

UNE CAMPAGNE coum 0 PIU MEUllll~ll • l.'.armée du Sonderbund est placée ....

=--- sous le com­ mandement du colonel Jean-Ulrich de Sal/s-Sogllo.

Entre-temps, la levée des troupes a été approuvée par une consultation populaire dans les cantons de Schwyz, d'Uri, de Zoug.

d'Unterwald et du Valais .

En revanche, Lucerne et Fribourg n'ont pas procédé de la sorte .

Parallèlement.

les cantons conseivateurs ont entrepris des travaux de fortification et de défense de leurs frontières .

• De son côté, la Diète confie le commandement de l'armée fédérale au général Guillaume-Henri Dufour, qui accepte le poste en dépit d'une évidente réticence à participer à une guerre civile, comme en témoigne la lettre qu'il envoie à la Diète le lendemain de sa nomination : •Je m· efforcerai de maintenir lordre et la discipline dans les troupes fédérales [ .•.

), de tout faire pour adoucir les maux inséparables d·une guerre.

• • Dufour entend mener une guerre rapide afin d'épargner les vies et les biens.

C'est pourquoi, dans les ordres qu'il adresse à ses troupes, il rappelle qu'il s'agit d'une guerre entre frères et demande en conséquence d'éviter tout ce qui pourrait engendrer la haine et un quelconque esprit de vengeance.

Il ordonne notamment à ses soldats ------------ .....

------------! d'épargner les blessés et de prendre LE TEXTE DE l!'AWANCE DU SONDEllUND • • Les cantons de Luœme, Uri, Sdlwy.r, Unterwald, Zoug.

Fribourg et le valais.

pour protéger leurs droits souverains et territoriaux.

s'engagent.

au cas oil l'un ou l'autre serait l'objet d'une agression, à repousser en commun celle-ci par tous les moyens à leur disposition, en se conformant au Pacte fédéral de 1815 ainsi qu'aux anciens traités.

• Les cantons s'entendront sur les moyens les mieux appropriés pour s"mformer les uns les autres de tout incident.

Dès qu'un c.anton sera informé de façon certaine d'une agression menaçante ou en cours.

H se considérera comme averti au sens du Pacte, et obligé, sans attendre l'avertissement du canton intéressé, de lever les effeclifs armés qu'exigeront les circonstanœs.

• Un conseil de suerre.

composé d'un délégué de chacun des cantons cHlessus désignés.

sera chargé de la direction supérieure de la guerre.

Ces délégués seront munis par leurs gouvememenls de pleins pouvoirs généraux aussi étendus que pos.Wle.

Ce conseil se réunira lors de toute agression menaçante ou en cours.

• En cas de nécessité, le conseil de guerre prendra, en vertu de ses pleins pouvoirs.

toutes les mesures requises pour la défense des cantons intéressés.

En cas de danger moins urgent.

il se mettra en rapport avec les gouvememenls de ces c.antons.

• En principe.

les dépenses qu'aura entrainées une telle mobilisation seront mises à la charge du canton qui l'aura sollicitée .

Restent cependant réservés les cas dans lesquels des considérations particulières pourraient motiver une répartition particulière de ces dépenses.

D'autres dépenses effectuées dans rmtérêt commun.

dans l'un ou l'autre canton, seront supportées par les sept cantons dans la proportion établie par le barème fédéral des contingents en argent• soin des prisonniers et d'une façon plus générale, de tous ceux qui seraient sans défense .

En dair, Dufour estime que son armée est celle des Suisses et non celle des radicaux.

Le 30 octobre 1847, la Diète donne l'ordre de mobilisation générale .

•A l'inverse, les cantons conseivateurs espèrent que la guerre sera assez longue pour déclencher l'lnteivention des puissances étrangères en leur faveur.

Mais la disproportion des forces en présence et la dispersion des cantons conseivateurs rend toutefois cet espoir quelque peu infondé .

• La campagne militaire s'ouvre par une attaque de l'fll'llfh contre FrlbouTg.

Contrairement à ses attentes, Fribourg ne reçoit de soutien ni de l'Autriche ni -fait plus surprenant -des autres cantons catholiques .

Ce manque de coordination se révèle bientôt désastreux pour le Sonderbund.

Les divisions fédérales avancent sur la capitale .

Le 14 novembre 1847 , encerclé par les hommes du général Dufour et bloqué dans les murs de la ville, le Conseil d'État se résigne à capituler .

La consternation gagne une partie de la population fribourgeoise et les troupes cantonales qui estime que le Conseil a rendu les armes sans méme combattre .

En capitulant ainsi, et aussi facilement.

Fribourg sort du Sonderbund, tandis que les troupes fédérales pénètrent dans la ville.

En dépit des ordres de modération, les fédéraux se livrent à quelques excès .

• Fort de cette victoire facile -on ne déplore qu'une dizaine de victimes - qui ébranle la coalition des cantons conseivateurs, Dufour agit avec célérité et marche sur Zoug.

dont la capitulation est acquise sans peine à l'issue de la bata ille de G/slikon, le 23 novembre, puis sur Lucerne .

Finalement.

la guerre du Sonderbund s'achève à la fin de ce méme mois de novembre sur la reddition du Valais .

La campagne, qui a duré vingt-six jours, aura été, conformément aux vœux du général Dufour, très peu meurtrière : les combats ont fait officiellement 98 morts, dont 47 soldats fédéraux, et 493 blessés.

Pour avoir réussi à mener une guerre courte et en avoir atténué les effets collatéraux et les pertes humaines, le général Dufour reçoit de la Diète le surnom de « pacificateur •.

lEs CONS~QUENCES DE IA GUEIU DU SCINDEUUND • Les conséquences de la défaite du Sonderbund sont nombreuses .

La première, et non la moindre, est l'occupation des cantons catholiques par les troupes fédérales .

Très vite, des régimes d'inspiration radicale sont imposés à Lucerne, à Fribourg et dans le Valais .

Ayant concrétisé sur le plan militaire leur hégémonie politique, les forces progressistes s'attellent à la révision du Pacte de 1815 .

Cette fois, avec succès .

• La révision du Pacte de 1815 débouche sur la Constltut/on du 12 septe-"n 1848.

Rédigée dans un esprit de conciliation, celle-ci établit un compromis entre la centralisation complète et le fédéralisme absolu, à l'instar de celle des États-Unis .

Ainsi, les cantons sont réputés démocratiques et souverains, sauf dans les domaines d'intérêt général, comme la diplomatie, la monnaie, les postes, les poids et mesures ainsi que l'armée .

Pour la première fois -excepté l'époque de la République helvétique- , la Suisse dispose d'un pouvoir central fort incarné par un gouvernement qui siège à Berne .

------------ Ce transfert de compétences a pour GUlllAUME-HENll DUFOUI.

G~N~IAL n HOMME DE KIENCE • La figure du général.

qui a mené à la victoire les troupes fédérales, ne saurait masquer œllede l"ingâlieur, du mathé­maticien et du cartographe dont les travaux sont à tous égards d'autant plus remarquables que ~ e llMtl ,.,_.

a w le jour dans une modeste famille d'artisans.

• En 1823, il participe activement à la construction du premier pont suspendu à câble métallique en Europe.

En 1838, il est à l'origine de la aéation de l'Ollice fédéral de topographie ; on lui doit d'ailleurs la première carte topographique complète de la Suisse (1865) dont la quafllé et la précision lui vaudront des louanges de la communauté scienlifique internationale.

Plus larxement.

Dufour occupe une place privilégiée dans l'histoire de la Suisse qui a choisi de donner le nom du • général pacificateur • au plus haut sommet du pays : la pointe Dufour (4 634 m).

effet de favoriser le développement économique du pays en supprimant les barrières douanières intérieures qui jusqu'alors empêchaient la libre circulation des personnes et des marchandises.

• Sur le plan des institutions, l'ancienne Diète est remplacée par une Assemblée fédérale .

Celle-ci se trouve divisée en un Conseil national, qui représente toute la population, et un Conseil des États, représentant les cantons.

Le Conseil fédéral assure l'exécutif collégial.

• Par ailleurs, la nouvelle Constitution garantit aux citoyens un certain nombre de droits et de libertés, notamment la liberté de la presse, la liberté de religion, le droit d'établissement et le droit d'obtenir un changement de la Constitution par référendum .

• Le succès des forces progressistes en Suisse trouve un large écho en Europe où nombreux seront les tenants du libéralisme qui y voient les prémices d'un bouleversement de l'ordre politique.

Celui-ci interviendra quelques mois plus tard avec l'éclatement des révolutions de 1848 dans plusieurs pays d'Europe .

C'est en raison de ces événements de 1848 que l'Autriche renoncera à inteivenir, comme elle en avait manifestement l'intention, dans les affaires de la Confédération .. »

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