Henri III, roi de Pologne, devient roi de France

« avoir fait ses adieux à sa mère, Catherine de Médicis.

En février 1574, Cracovie l'ac­ cueille avec les honneurs dus à son rang.

Les cérémonies du couronnement sont splen­ dides .

Mais, bien vite, l'exil pèse .lourdement sur le roi qui n'apprécie guère la rudesse des nobles polonais.

Parta· geant la souveraineté avec la noblesse, qui exerce quasi­ ment seule les pouvoirs exécu­ tif et législatif, ne pouvant agir qu'en accord avec le sénat, Henri se livre au jeu et aux plaisirs .

Malgré cela, il se lan­ guit de la société brillante des courtisans et des fêtes magni­ fiques données au Louvre.

Il s'enfuit et traverse l'Europe Le 14 juin, Henri apprend, par un courrier de sa mère, la mort de Charles IX.

Maîtrisant son émotion, il ne change rien à ses habitudes.

Quatre jours plus tard, il s'entretient lon­ guement avec des seigneurs polonais avant de regagner sa chambre, de se coucher et de faire semblant de s'endormir.

Vers minuit, par une nuit obs­ cure, il quitte le château de Wawel à l'insu de la garde polonaise, enfourche sa mon­ ture et s'élance vers le sud.

Le lendemain soir, après avoir détruit les ponts derrière lui pour arrêter ses poursuivants, il arrive, au terme d'une che­ vauchée à bride abattue de plus de trente lieues, à la fron­ tière autrichienne.

Là, il chan­ ge de cheval puis chemine sans hâte, profitant du voyage pour réaliser son rêve : connaître l'Italie, celle de ses ancêtres, celle de sa mère Catherine de Médicis.

Reçu en grande pompe à Venise, le roi de France gagne les Alpes par Ferrare, Mantoue, Milan et Turin.

Le 2 septembre, il fait une entrée triomphale à Chambéry.

Quittant la Savoie, il retrouve son jeune frère François d'Alençon et Henri de Navarre (le futur Henri IV), venus l'accueillir à la frontière française.

Le 6 septembre, il entre à Lyon, en compagnie de Catherine de Médicis qui s'est portée à sa rencontre.

Le nouveau roi de France efface vite de sa mémoire un règne polonais éclair de 146 jours.

Si certains de ses sujets l'ont supplié de ne pas les quitter, la plupart ressen­ tent sa fuite comme un ter­ rible affront et encouragent les libelles l'accusant d'avoir dilapidé le trésor royal.

Le roi Henri, qui " venu la nuit et tel un traître s'est enfui la nuit ", va désormais porter sa deu­ x1eme couronne, pendant quinze années de guerres et de déchirements qui mettront la France à feu et à sang .

UN TRÔNE POUR LE DUC D'ANJOU Très tôt, Catherine de Médicis, habile à nouer des alliances flatteuses pour ses enfants, a souhaité voir son fils préféré monter sur un trône.

Après avoir brigué Avignon, la Corse, la régence d'Alger et Chypre, la reine-mère songe à le marier avec Marie Stuart, Elizabeth d'Angleterre, ou une fille de Philippe Il d'Espagne.

En 1571 , elle envisage de l'unir à la princesse Anna, sœur, très laide, du roi de Pologne.

Le roi Sigismond de Pologne décédé, en 1572, Henri de Valois se porte candidat à l'élection au trône.

cas unique en Europe, la noblesse polonaise incarne l'État, seule associée avec le clergé dans la direction des affaires.

Souhaitant faire obstacle à la Maison d'Autriche, catherine de .

Médicis n'hésite pas à solliciter l'élection d'Henri, prince du sang du royaume de France.

Charlemagne, couronné empereur par un collège de sept électeurs, est en la matière un précédent suffisamment glorieux pour renforcer la détermination de la reine-mère.

Ci-dessus, traité par lequel la diète polonaise nomma Henri III roi de Pologne, en 1573.

(Ci-contre, Henri III partant pour la Pologne.). »