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héraldique

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

héraldique, science qui a pour objet l’étude et la description des armoiries.

À l’origine, l’héraldique définissait les devoirs et les fonctions d’un héraut, également appelé officier d’armes, comprenant notamment la transmission et l’octroi d’armoiries ou d’armes.

Le système héraldique médiéval européen se distingue de ceux adoptés à d’autres époques, par d’autres civilisations. Les armoiries, emblèmes propres à une famille ou à une collectivité, répondent aux règles précises du blason. Une erreur courante consiste à associer les armoiries à l’aristocratie alors qu’au Moyen Âge leur usage était répandu dans toutes les catégories sociales.

2   HISTOIRE DES ARMOIRIES

Des représentations symboliques et décoratives, semblables à celles de l’héraldique, ont été utilisées comme emblèmes nationaux ou tribaux depuis l’Antiquité, notamment par les Romains. Plusieurs théories cherchant à expliquer l’origine des armoiries médiévales européennes ont été rejetées par les historiens. La filiation avec les emblèmes de l’Antiquité a longtemps été mise à l’honneur. Les Allemands, quant à eux, privilégient l’influence des insignes utilisés par les Barbares, tandis que certains y voient un emprunt aux coutumes musulmanes pendant la première croisade.

2.1   Une nécessité de la guerre féodale

Les premières armoiries apparaissent en Europe entre 1120 et 1150 pour répondre à un besoin précis, l’identification des combattants, à l’époque où le perfectionnement des armures les rend méconnaissables sur les champs de bataille.

Afin de pouvoir être reconnus de loin dans la mêlée, les chevaliers, dont le visage est masqué par un casque, prennent l’habitude de faire représenter sur leurs boucliers des motifs colorés, géométriques ou figuratifs. Avant la fin du XIIe siècle, cet usage se généralise au sein de l’aristocratie. La présence des armoiries constitue aussi une garantie : ceux qui les portent signalent en même temps leur noblesse, ce qui incite leurs vainqueurs à les faire prisonniers pour en tirer rançon plutôt qu’à les tuer.

Les armoiries permettent aussi de distinguer les adversaires lors des batailles et des tournois. L’utilisation d’insignes a évolué vers un système héréditaire complexe d’identification du statut social. Dès le XIIIe siècle, l’usage s’en répand en effet à de nombreuses couches de la société : les femmes, les ecclésiastiques, les bourgeois, les artisans, les villes, les corps de métiers, les communautés civiles et religieuses, voire les paysans de certaines régions (Normandie, Flandre, Angleterre méridionale). En 1210, les marchands de Paris choisissent ainsi la nef sur l’eau comme blason. La généralisation des noms patronymiques est un phénomène contemporain qui répond au même besoin d’identification des personnes.

2.2   Un usage valorisant

Les rois ont ensuite adopté leurs propres signes héraldiques : la plus ancienne trace des armoiries des rois de France, un écu d’azur semé de fleurs de lis d’or, est un sceau de 1211. Au XIVe siècle, les hérauts d’armes tentent d’en codifier les règles et répertorient les emblèmes dans des armoriaux ; au XVe siècle, les règles de l’héraldique sont enfin codifiées à l’occasion des pas d’armes des cours d’Anjou et de Bourgogne : ce sont des tournois organisés autour d’un thème, en général la délivrance d’une dame par le meilleur des jouteurs. Les seigneurs et les chevaliers prennent l’habitude de placer leur emblème sur leurs sceaux, leurs bannières, leurs caparaçons et leurs différents biens et domaines.

Aux XIIIe et XIVe siècles, les vitraux des églises et de nombreux objets de la vie courante sont ornés de blasons. Au XIVe siècle, on introduit la pratique qui consiste à broder les insignes d’une famille sur la cotte d’armes portée par-dessus l’armure, ce qui donne naissance au terme « armoiries «. À partir du xviiie siècle, avec le développement de nouveaux emblèmes (chiffres, devises, monogrammes), cet usage décline.

Pendant longtemps, les armoiries ont résisté à toute tentative de réglementation, si ce n’est l’interdiction d’usurper celles d’un autre. Les rares restrictions se sont limitées à certains usages publics et à l’utilisation de quelques éléments (couronnes, manteaux, insignes de dignité). Dès les origines cependant, seul l’aîné d’une famille a le droit de porter les armes paternelles inchangées ; les autres membres de la famille différencient leurs armes en modifiant certaines couleurs ou en remplaçant des charges : ces modifications sont les brisures des armes.

En Angleterre, les chevaliers s’attribuent librement leurs armoiries jusqu’au début du xve siècle, date à laquelle Henri V limite cette pratique. Titulaire de l’office de roi d’armes, chef des hérauts d’armes, créé en 1415, Édouard IV institue en 1483, le Royal College of Heralds (« Collège royal d’héraldique «), qui supervise, depuis, l’octroi et la sauvegarde des armoiries.

En France, l’usage en reste plus souple. Louis XI organise le système des bannières des métiers parisiens (1467), mais l’Armorial général de 1696 n’a pour but que de recenser toutes les armoiries du royaume afin d’imposer une taxe à leurs possesseurs. Nombre de personnes (magistrats, artisans, médecins) et de villes qui n’en disposent pas sont même contraintes d’adopter un modèle préconçu.

3   CODES DE LA DÉCORATION HÉRALDIQUE

La décoration héraldique comporte plusieurs éléments, notamment l’écusson, le casque, le cimier, la devise, le manteau, les supports et la couronne. L’ensemble de ces pièces, dont l’écusson est la plus importante, constitue les armes. Une terminologie héraldique très précise, établie vers le xiiie siècle, permet de décrire correctement les armoiries.

3.1   Écusson

L’écusson est un bouclier sur lequel sont représentées les armes, par opposition au bouclier qui est sans ornement. Les écussons ont généralement la même forme que les boucliers traditionnels, sauf pour les armes ecclésiastiques (forme ovale) et pour celles des dames (en losange).

Pour faciliter leur description, les hérauts découpent l’écusson en zones distinctes, de haut en bas, le chef, la fasce et la pointe ; horizontalement, le dextre (droite du porteur), le cœur ou l’abîme (au centre), et le senestre (gauche du porteur). Les différents meubles (ou figures) sont représentés sur l’écu par des émaux.

3.2   Jeu des couleurs ou « émaux «

En héraldique, le terme « émail « désigne les couleurs utilisées, qui se subdivisent en métaux (or et argent), couleurs proprement dites et fourrures. L’or est représenté en peinture par le jaune, et l’argent par le blanc. Les couleurs sont le rouge (gueules), le bleu (azur), le noir (sable), le vert (sinople) et le pourpre. Les charges blasonnées sur la teinte naturelle de l’objet représenté sont dites « propres « ; celles sans figures (fort rares) sont dites « en plaine «. Les fourrures du blason sont l’hermine et le vair (écureuil).

Sur les dessins et les gravures en noir et blanc, les métaux, couleurs et fourrures sont représentés par un système de hachures et de figures conventionnelles (l’or est représenté par un pointillé noir sur fond blanc et l’argent par un simple fond blanc). La règle fondamentale interdit la juxtaposition de deux couleurs du même groupe, sauf pour de petits détails.

3.3   Fond de l’écusson ou « champ «

Le champ (ou fond) d’un écu comprend généralement plusieurs couleurs séparées par une ou plusieurs lignes de partition. Un écu séparé en son milieu par une ligne verticale est un parti (ou parti en pal). Un écu divisé verticalement et horizontalement pour former quatre quartiers rectangulaires est un écartelé (ou écu à quatre quartiers rectangulaires).

Si une partition est à son tour divisée, la partition initiale s’appelle grand quartier. La combinaison d’un écartelé en sautoir (divisé en quatre losanges par deux lignes diagonales) et d’un écartelé simple donne un gironné (composé de huit quartiers ou girons). Lorsque l’écu est entièrement divisé en segments égaux par un pal, une bande, un barré ou un chevron, on dit qu’il est palé, en bande, en barre ou chevronné, et le nombre de partitions est spécifié : par exemple, un palé de six d’or et de sable.

Lorsqu’un champ est divisé par des lignes verticales et horizontales, il s’agit d’un échiqueté ; lorsque le champ est divisé par des lignes diagonales qui se croisent, il s’agit d’un losangé ou d’un fuselé. Un champ composé d’une multitude de petites charges de manière à créer un motif est dit semé de cette charge. Un fretté est un champ couvert par un entrelacs de rubans disposés en diagonale, qui forment une sorte de treillis.

3.4   Ornements de détail du champ

Il s’agit de figures géométriques simples délimitées par des lignes droites ou par des lignes de partition irrégulières. Dans les lignes droites, on distingue notamment le pal (deux lignes verticales formant une pièce au milieu de l’écu), le fasce (deux lignes horizontales formant une pièce), la barre (qui traverse l’écu en diagonale en partant de l’angle senestre du chef), la bande (qui traverse l’écu en diagonale en partant de l’angle dextre du chef) et le chevron (deux diagonales formant un V renversé).

Si les couleurs constituent l’aspect le plus fondamental des héraldiques, les figures en sont rarement absentes. Les décorations d’un écu sont de plusieurs types. Parmi les figures géométriques à places fixes, on distingue les pièces (qui divisent l’écu en nombre impair et donnent naissance à deux plans, le fond et la figure) et les partitions (qui divisent l’écu en nombre pair de cases ou bandes, permettant les subdivisions et les juxtapositions d’armoiries). Les meubles, en revanche, sont des figures dont la place dans l’écu n’est pas prédéterminée.

Longtemps cantonnées aux animaux et à la fleur de lis, les figures représentatives se sont ensuite élargies aux autres plantes et à des objets de la vie quotidienne. Différents types de croix ont également été représentés et ont joué un rôle important. Les lignes irrégulières qui dessinent les partitions peuvent affecter des tracés très divers : rectilignes, engrelés, ondés, nébulés, denchés, dentelés, à crénelures droites, obliques, ou en lambel.

3.5   Meubles, charges et figures

La bordure d’un écu est souvent considérée comme une pièce. Il s’agit d’une bande située tout autour de l’écu et qui porte en général de petites charges. L’orle est une bordure intérieure plus étroite, qui suit le bord de l’écu sans le toucher. La réduction de l’orle est le trésor, qui est généralement double et souvent orné de fleurs de lis. Le quartier correspond au quart situé à l’angle dextre du chef. Si la figure n’occupe pas la totalité du quart de l’écu, il s’agit d’un canton ; si un quartier ou un canton est coupé en diagonale, chacun des triangles obtenus est appelé giron.

Les flancs dextre et sénestre de l’écu sont délimités par des lignes courbes. Leurs réductions sont les flanqués et les voiders. Un losange vidé, c’est-à-dire dont seul le contour est représenté sur le champ, est un mâcle ; lorsqu’il est percé d’un trou, il s’agit d’un rustre. Un losange étiré est une fusée. Un écusson est un petit écu chargé au milieu de l’écu ; il peut être chargé ou plain. Une charge rectangulaire, à peu près deux fois plus haute que large, est une billette.

Parmi les charges, que certains considèrent comme des meubles et d’autres comme des figures, on peut citer le pairle, le besant et le tourteau. Un pairle est une charge en forme d’Y, inspiré du pallium des archevêques. Le besant est une figure circulaire en métal (or ou argent) et le tourteau une figure circulaire d’émail. En blason anglais, les tourteaux ont un nom différent selon leur couleur. Une figure circulaire vidée s’appelle un annelet.

3.6   Ornements extérieurs

À la fin du xiie siècle, le casque, qui accompagne naturellement l’écu dans la représentation d’un guerrier, est ajouté aux armes. À la fin du XVIe siècle, sa forme et sa position sont modifiées dans les armoiries anglaises de manière à indiquer le rang du porteur. Les casques des chevaliers et des princes sont représentés de face, et ceux des pairs et des gentilshommes, de profil.

Le cimier est la plus ancienne des armoiries extérieures. Il indique le rang du porteur, mais sert aussi d’emblème permettant de rallier les soldats durant la bataille. En héraldique, le cimier est représenté attaché au-dessus du heaume ; il repose sur une couronne formée d’une torsade du principal métal et du principal émail de l’écu.

La devise apparaît à la fin du Moyen Âge sur les emblèmes. Il s’agit parfois d’un simple mot, le cri de guerre du porteur, généralement le nom de la souche originaire. La devise proprement dite est une phrase ayant trait à la famille, aux armes ou au cimier. Elle est inscrite sur un listel, une banderole, dans un rouleau au-dessus du cimier ou en dessous de l’écu. Elle a une valeur sentencieuse (« Bois ton sang, Beaumanoir, ta soif passera « pour Philippe de Beaumanoir au XVe siècle), énigmatique (« Fert « pour le duc de Savoie ou « Je le tiens « pour Jean sans Peur) et sont parfois ornées de jeux de mots (« À tout venant, Beau jeu ! « pour les Beaujeu).

D’abord volant de tissu protégeant le casque de la chaleur du soleil, le manteau devient par la suite un élément plus décoratif et se trouve représenté dans les couleurs principales de l’écu. Les supports sont généralement des figures humaines ou des animaux, placés de chaque côté de l’écu. Leur emploi se développe à l’époque moderne, mais reste purement ornemental. Ils ont néanmoins été utilisés par les chefs de clans et d’armes.

La couronne, le diadème et la mitre sont les accessoires des armes habilitées à les porter. Tout collier ou insigne d’un ordre auquel le porteur a droit est également représenté. Le collier entoure l’écu ; les insignes tombent de l’écu.

3.7   Disposition des armes

Aux origines de l’héraldique, il était de coutume de ne pas afficher plus d’un écusson sur un écu. Si toutefois l’héritier était une femme, elle pouvait afficher les armes paternelles côte à côte avec celles de son mari, sur des écussons distincts. Puis, le côté dextre de l’un a été joint au côté senestre de l’autre. Peu à peu s’est développé l’usage qui consiste à représenter entièrement les deux armoiries dans les deux parties de l’écu parti en pal. La première partition connue est celle des domaines de Castille et León (Espagne), vers 1270.

Les partitions d’un écu, les quartiers, sont numérotées dans le sens horizontal entre le chef dextre et la pointe senestre. Les souverains divisent leurs écus en partitions afin de représenter les différentes terres sur lesquelles ils règnent, illustrant parfois plus de vingt écussons sur un seul écu. Les grandes armes des Lloyd of Stockton, au pays de Galles, sont subdivisées en 323 quartiers, ce qui constitue un record.

4   LECTURES DU BLASON
4.1   Langage des figures

Les figures sont souvent des représentations conventionnelles d’objets familiers qui dépeignent l’histoire ou le caractère d’un individu ou d’une famille. D’abord limité à une vingtaine de sujets, le répertoire s’est considérablement diversifié aux XVIIe et XVIIIe siècles. En 1696, lors de la constitution de l’Armorial général, les parlantes sont inventées : ce sont des armoiries formant rébus à partir du nom de famille.

De toutes les charges, c’est le lion qui revient le plus sur les armoiries. La première représentation d’un lion apparaît sur le sceau de Philippe Ier, duc de Flandres, vers 1164. Il est ensuite adopté par les souverains d’Angleterre, d’Écosse et d’autres pays européens. À l’origine, le lion héraldique est rampant (dressé). Sa tête est de profil et seule l’une de ses pattes est posée sur le sol. En position saillante, le lion est dressé comme dans la position rampante, mais ses deux pattes postérieures sont posées au sol.

Un carnassier qui se dirige vers la droite est dit « passant «, et un animal chassé, comme un cerf, est dit « courant «. Un animal accroupi est « couchant « s’il a la tête levée, et « dormant « si sa tête repose sur les pattes de devant. Lorsqu’il regarde devant lui, il est dit « gardant «, et lorsqu’il regarde derrière lui, il est « regardant «. Deux lions dressés l’un en face de l’autre sont dits « combattants «, et lorsqu’ils sont dos à dos, on les dit « adossés «.

Les lions de face prennent le nom de léopard (sans rapport avec ce fauve), comme dans les armoiries du roi d’Angleterre, mais l’animal avait une mauvaise image car il était réputé être le bâtard de la lionne et de la panthère. Les lions, ainsi que d’autres animaux, sont souvent couronnés ou coiffés d’un chaperon ou d’une couronne. Dans le nord et l’est de l’Europe, c’est l’ours qui est le plus souvent choisi pour orner les blasons.

Les autres animaux héraldiques les plus courants sont le loup, le sanglier et le cerf. Les animaux domestiques (bœuf, chien), considérés comme moins nobles, sont utilisés par les roturiers. On trouve également la brebis (villes et communautés religieuses), le renard, le cheval, le hérisson, et plus rarement l’éléphant, le chameau, la taupe, le singe, le chat et la souris.

Parmi les oiseaux, l’aigle a très souvent été représenté, mais on trouve aussi le faucon, le cygne, le coq, la grue, le héron, etc. Peu fréquents, les poissons prennent généralement la forme du bar et du dauphin, sans grand rapport avec les originaux. Les animaux mythologiques (griffon, licorne, dragon et basilic) sont toujours restés assez rares.

De nombreuses charges représentent des objets ayant un rapport avec l’activité ou la position sociale de l’individu, tels que des épées, des arcs et des flèches, les casques et les haches pour les chevaliers ; les mitres et les crosses pour les évêques et les abbés. Le soleil entouré de ses rayons est dit « dans sa splendeur « et il est généralement dessiné sous des traits humains. La lune est représentée par un croissant avec les pointes orientées vers le chef (dressé). Le croissant pointe parfois vers les angles dextre ou sénestre du chef. L’étoile à cinq rais est rarement utilisée ; c’est l’étoile à six branches ondulées qui est le plus souvent adoptée.

4.2   Codes des hérauts

Lors des tournois du Moyen Âge, chaque entrée en lice d’un chevalier est annoncée par les hérauts au son de la trompe (blasen en allemand), puis ceux-ci décrivent les armes du combattant. C’est de cette pratique que vient le terme « blason «, qui désigne la connaissance des armoiries. Le nom de la personne, le domaine ou l’institution portant les armes sont indiqués en premier, suit la description de l’écu, en commençant par le champ, ses couleurs et ses formes, et l’orientation de ses lignes de partition. Puis c’est l’énoncé des charges, d’abord la charge principale, normalement au centre de l’écu. En général, les pièces honorifiques sont décrites en premier. Armoiries de France : ancienne, azure, semé de fleurs de lis, or ; famille Erskine : argent, un pal, sable.

Lorsque deux charges identiques sont mentionnées, elles sont placées en pal, c’est-à-dire sur une ligne verticale, sauf spécifications contraires. Une pièce peut partiellement cacher une charge du champ ; dans ce cas, la charge est mentionnée en premier. Par convention héraldique, on évite la répétition. Voici un exemple de description : écu écartelé au 1 et 3 d’azur à une fleur de lis d’argent, aux 2 et 4 d’argent à la bande d’azur, timbré d’une couronne de vicomte, soutenu par deux sauvages, leurs massues posées à terre.

4.3   Persistance de l’héraldique

Signe d’une prétention aristocratique ou d’une reconnaissance de caste, l’héraldique n’a pas sombré avec la Révolution française de 1789. En juin 1790, l’Assemblée constituante abolit certes les armoiries en même temps qu’elle supprime les titres de noblesse. De 1791 à 1796, particuliers et collectivités sont sommés de les faire disparaître de tous leurs édifices, documents et objets divers. Cependant, nombre d’institutions ont conservé des emblèmes marqués par l’héraldique, à commencer par les 48 bataillons de la Garde nationale parisienne. Les vignettes utilisées à l’en-tête des documents administratifs s’inspirent aussi de cette pratique. En 1808, les armoiries sont rétablies par un décret de Napoléon Ier.

De nos jours, les armoiries sont d’un usage courant pour les particuliers dans certains pays d’Europe, comme en Suisse, en Scandinavie et en Écosse. Dans les monarchies (Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni), elles restent très attachées à la Couronne, et des collèges héraldiques veillent à leur enregistrement et à leur préservation. La collection d’objets du Musée héraldique (Herald’s Museum) à la Tour de Londres retrace l’histoire de l’héraldique anglaise depuis le XIIe siècle. Dans le sud de l’Europe, les armoiries sont moins fréquentes.

Signe des temps, certaines institutions et collectivités locales les ont remplacées par des logos. D’autres, comme Paris, se sont contentées de les moderniser. La pratique des armoiries avait également été introduite dans les colonies. Ainsi, les sceaux des États américains portent tous des emblèmes héraldiques, et, dans la plupart des pays africains, les drapeaux sont frappés d’un emblème où l’influence européenne est manifeste.

L’héraldique a toujours constitué un outil de premier ordre pour l’historien, car elle permet de reconstituer l’histoire de lignées, au travers d’alliances et d’événements, et d’identifier des homonymes. Elle est aussi une source essentielle pour l’histoire des mentalités, les couleurs portant en particulier une forte charge symbolique. Il y a une étroite correspondance entre les couleurs codifiées par l’art du blason et le jeu des couleurs utilisées par les miniaturistes médiévaux. À travers l’héraldique, toute la question de la nature des représentations — leur rapport au réel — est mise en évidence.

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