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Johannesburg, ville de ségrégation

Publié le 13/03/2011

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Johannesburg, ville de ségrégation

raciale et spatiale

 

 

Le 22 février 1990, le président De Klerk annonçait au peuple sud-africain son intention de supprimer toutes les lois pour la ségrégation. A ce moment-là, certains leaders comme Nelson Mandela ont été libérés

Mais ce n'est qu'en 1994, avec sa nomination à la présidence, que l'Afrique du Sud met définitivement fin à un siècle de discrimination raciale et donc d'inégalités au sein de sa population. Dès ce moment-là, elle peut donc entrer dans la mondialisation.

 

Se situant au Nord-Est de l'Afrique du Sud, Johannesburg fut l'une des villes du monde dans lesquelles la ségrégation raciale s'est développée avec le plus d'aisance. En effet, l'histoire de cette ancienne ville coloniale semblait toute tracée: En 1886, est découvert le filon du Witwatersrand. Celui-ci est le premier gisement d'or de grande importance qui marque la naissance de l'eldorado de l'Afrique. Cette ruée vers l'or va avoir pour effet d'attirer de nombreuses populations venues de différentes parties du globe.

 

Ainsi, sont arrivées en Afrique du Sud, des communautés telles que les Hollandais et les Indiens. Ceux-ci furent bien accueillis par les autochtones avec qui la cohabitation ne fut pas trop difficile et inévitablement, après une génération pendant laquelle un grand nombre de constructions a eu lieu (Annexe n°1), de nombreux métissages ont eu lieu.

Pourtant, ce mélange de culture n'a pas eu la conséquence positive qu'il aurait pu avoir. En effet, les populations blanches se sont très vite imposées aux autres comme supérieures et la haine contre elles c'est rapidement propagée parmi les autres peuples. Peu à peu les Blancs se sont exclus du reste des Sud-Africains en occupant les places de chefs. Un écart a par conséquent pris place entre les populations et le racisme s'est donc développé depuis longtemps dans cette région du globe.

 

Aujourd'hui, malgré les cicatrices laissées par son passé, Johannesburg a réussi à devenir la métropole la plus riche d'Afrique du Sud et ainsi à posséder le pouvoir économique du pays.

Par ailleurs, elle est aussi la capitale de la province de Gauteng et est souvent considérée comme la capitale d'Afrique du Sud car elle fait partie des rares villes africaines occupant une place importante dans les relations internationales. Johannesburg devient donc une ville globale.

De nos jours, même s'il n'y a plus de séparation officielle entre les populations, on peut encore apercevoir des vestiges de cette sombre époque. Cela nous a amené à notre problématique. En effet, dans ce travail nous avons voulu nous concentrer sur les effets qu'a eu la ségrégation raciale sur le présent de Johannesburg. Notre étude consistera donc à expliquer en quoi la ségrégation raciale a engendré une séparation des différents groupes définis de populations et celle de la richesse et de la pauvreté.

Grâce à nos recherches, nous présenterons aussi quels ont été ses conséquences sur l’organisation sociale, économique et spatiale de la ville.

Cela nous amène à nous demander quels ont été les effets qu'a eu la ségrégation raciale sur le réaménagement de la ville.

En 1950, afin de réguler les crimes dus au racisme et le fort déséquilibre entre les populations, les Group Areas Act (Les premières lois de l'apartheid s'appelaient ainsi) interdisent la mixité résidentielle et classent officiellement la population sud-africaine en quatre groupes. Les Blancs, les Indiens, les Métisses et les Noirs. C'est ainsi qu'apparait le nom d'apartheid qui signifiait «vivre à part» en afrikaans et qui est donc la politique visant à séparer une population par ''races''.

Concernant la séparation des habitations, on voit alors naître les premiers townships. Ces derniers sont d'immenses quartiers périurbains aménagés de façon monotone et pourvu de moyens sanitaires et infra-structuraux de qualité médiocre en comparaison à ceux de leurs voisins blancs. Mais les townships n'ont pas arrêté de se propager et en se rapprochant de plus en plus de la ville, ils ont fini par devenir des mitages. Ce sont des sortes de bidonvilles qui ne disposaient pas d'eau courante ou d'électricité.

Les townships étaient contrôlés par des Blancs qui disposaient de très peu de moyens pour les administrer, car l'état considérait plus important d'investir dans d'autres secteurs.

Cette forme d'organisation n'a pas été appréciée par les populations noires et les autres populations désavantagées. En effet, des déplacements massifs et forcés ont été menés par les gouvernements de l'apartheid pour ''ranger'' chaque individu dans le quartier correspondant à sa couleur de peau.

Pourtant, cette politique n'a pas suffit à la race blanche, qui décide en 1960 d'éloigner encore plus les Noirs du milieu urbain en arrêtant la construction des townships afin de se consacrer à celle de territoires suburbains sous-développés et dont le but était l'épanouissement des populations noires: les homelands. On éloignait ainsi les plus pauvres de la ville et de l'argent qu'elle apporte.

Avec la construction de homelands, c'est un important changement d'échelle qui a lieu par rapport aux simples townships. C'est une organisation totalement différente car elle est prise en charge ou même imposée par le gouvernement.

 

Mais ceux-ci ne se sont pas développés comme prévu et très vite les gens ont commencé à immigrer vers la ville, à chercher des logements dans les townships. Ceux-ci étant surpeuplés, une multiplication des matchboxes et des backyard shacks a eu lieu. Les backyard shacks sont des sortes de cabanes de jardin que l'on trouvait autour d'une matchbox et qui étaient utilisées officieusement comme pièces supplémentaires. Par conséquent, le nombre d'habitants par parcelle a été exponentiellement.

On pouvait donc, à cette époque, aisément définir les quartiers de la ville en fonction des personnes qui y résidaient. Une telle architecture laisse inévitablement des marques et on peut par conséquent, aujourd'hui encore, observer des restes de l'ancienne organisation spatiale de la ville.

 

Pour ce qui est de l'organisation administrative, Johannesburg avait longtemps été divisée entre 11 autorités locales qui détenaient un pouvoir politique et législatif. Sept de ces autorités étaient blanches et les quatre autres étaient noires. Cette différence est importante à relever, car il y avait un très fort écart de richesse entre les blancs et les noirs qui avaient du mal à s'autogérer.

Depuis 1995, de nombreuses réformes ont été faites pour améliorer les conditions de vie de chacun à l'intérieur de la ville et pour offrir aux Noirs certains avantages qu'ils n'avaient pas auparavant. Ainsi, après avoir été divisée en quatre arrondissements autonomes mais supervisés par un seul conseil central, Johannesburg nomma un manager qui avait la tâche de trouver des solutions pour améliorer la situation financière de la ville. Celui-ci réforma encore les systèmes et amena la ville vers une situation économique plus qu'avantageuse.

Aujourd'hui, Johannesburg a été redivisée en onze régions administratives . La plus importante démographiquement est Johannesburg South et le centre des affaires est situé au Nord de la ville, dans les quartiers riches de Sandton. Le township le plus connu est celui qui se trouvait à Soweto.

Après l'apartheid, le gouvernement s'était fixé le but de transférer 30% des terres aux populations noires, pourtant seulement 3% l'ont été jusqu'à aujourd'hui. L'envie qui est aussi venue avec la mentalité de l'égalité des races était de rééquilibrer les richesses entre les noirs et les blancs.

Ainsi, pour y arriver, l'idée était de fusionner l'urbain et le rural, pour permettre à ce dernier de rattraper son retard de développement. Ensuite, sont apparues deux manières différentes d'envisager la reconstruction de la ville. La première de ces deux manières de voir était celle des gens qui voulaient construire une ville unie, pouvant être productive, organisée et surtout accessible à tous. La deuxième idée, étant celle des avantagés et privilégiés égoïstes, incitait à créer des quartiers résidentiels très privés et sécurisés que l'on appelle « Gated Communities ».

Chacune a donc été mise en place, ce qui a fait que la ville est organisée de manière totalement différente dans chacun de ses quartiers.

De nos jours, si l'on regarde Johannesburg du ciel, on se rend bien compte des séparations qui ont eu lieu: On a affaire à un plan sans plan. Dans le centre-ville, on aperçoit un quadrillage impeccable. Alors que l'on se dirige vers le nord, on remarque que la perfection de ces carrés disparait afin de faire place à des rectangles et cette désorganisation architecturale va crescendo alors que l'on rejoint le nord.

Au sud du centre-ville, par contre, le changement est brutal. On entre désormais dans des zones industrielles et le quadrillage disparaît. En continuant vers le sud ou même vers le sud-ouest, on retrouve une forme d'organisation peu commune et bien propre à Johannesburg. On survole désormais les townships. Les petits cubes que l'on aperçoit sont des matchboxes, petites maisons de quatre pièces toutes identiques.

On comprend alors qu'il est difficile de faire une description globale de la ville sans donner de précision quant à la population qui réside.

En descendant le long des rues, on comprend facilement que ce n'est pas la classe aisée de Johannesburg qui habite ces townships. Ces habitations sont monotones: Elles sont toutes construites en brique rouge et les toits sont en tôle. Par contre, la rue offre un très grand contraste avec cette atmosphère morose car la diversité y est très grande. Par exemple, on y trouve quatre façons différentes d'y vivre: Les matchboxes, les backyard shacks, le squatting, et l'hostel. Le squatting était une manière de s'approprier des immeubles innoccupés sans payer de loyer et les hostels des bâtiments qui ont été conçus à la base pour les mineurs. Le principe y est simple: d'immenses dortoirs dépourvus de moyens sanitaires, de chauffage et d'électricité adéquats dans lesquels peuvent s'entasser jusqu'à 4000 hommes. Le fait que ces townships soient aussi éloignés du centre de la ville et des quartiers blancs décourage fortement le contact entre les « races ». Et l'éloignement a des conséquences directes sur les habitants en matière de temps et de coût des transports. Ils sont comme exclus de toute activité urbaine. Mais on pourrait imaginer créer des réseaux de transports plus efficaces comme des chemins de fer, des trams, ou encore multiplier le nombre de grands axes tels que les autoroutes.

Si désormais, on rejoint le centre-ville à pied, le contraste choque. La première impression est celle d'avoir quitté l'Afrique! En effet, le cadre urbain rappelle clairement celui des grandes villes américaines. Ce contraste accentue les deux facettes de l'économie du pays: Une économie moderne et fortement capitaliste aux mains des Blancs. Un autre point commun avec les grandes villes nord-américaines, est le fait que les gens qui y travaillent n'habitent pas la ville. En effet, les postes présents dans le centre-ville, requièrent beaucoup de qualifications que les noirs ne possèdent pas. Les blancs qui occupent ces postes ont donc un plus grand pouvoir d'achat et peuvent se permettre le luxe d'habiter de riches banlieues au nord de la ville. Ainsi, les quartiers pauvres et délabrés du centre-ville sont laissés au populations plus démunies.

Si l'on veut retrouver les populations blanches, il faut se diriger vers le nord, vers la banlieue de Sandton. Là bas, la très grande majorité de la population vit dans de luxueuses villas équipées de piscines et cela car c'est le quartier étant devenu le véritable nouveau cœur financier de la ville. Le centre économique de la ville a donc été déplacé du quartier Johannesburg à Sandton. Les conséquences de ce changement sont de mauvaise augure pour les populations pauvres car elles se retrouvent encore plus éloignées des richesses et des entreprises.

Johannesburg dispose aussi d'installations ferroviaires. Les trains transportent chaque jour des milliers de passagers mais il y a un problème:

Les chemins de fer ayant été construits dans l'enfance de la ville, ils ne couvrent que sa partie sud. Car c'est là que se trouvaient les mines. Et le Nord et ses banlieues ne disposent pas de train pour de se déplacer. L'autoroute est donc privilégiée.

Les réseaux de bus n'étant pas développés du tout, le moyen de transport le plus utilisé est alors le taxi que la plupart des citoyens de Johannesburg prennent quotidiennement.

Pour ce qui est des transports aériens, l'aéroport de Johannesburg est le plus grand du continent africain et est fréquenté par environ 13 millions de passagers par an. Il est situé à 25 km au nord-est de la ville et est relié au centre par des bus. Cela nous montre bien que nous avons affaire à une ville globale, car elle possède des réseaux permettant de bons échanges internationnaux.

 

Le fait que les townships soient aussi éloignés du centre de la ville et des quartiers blancs décourage fortement le contact entre les « races » et cet éloignement a des conséquences directes sur les habitants en matière de temps et de coût des transports. Ils sont comme exclus de toute activité urbaine. Mais l'aspect le plus négatif des townships est sûrement son organisation minimaliste. En effet, le ville semble ne pas se préoccuper du fait qu'en ses frontières, existe une succession de logements dans un dédale de ruelles sans nom.

Alors, y a-t-il encore de la domination ou de l'exclusion dans les rapports qu'entretiennent tous les citoyens de Johannesburg entre eux? Et quelle est la mentalité des habitants de Johannesburg aujourd'hui? On pourrait imaginer premièrement que tous les citadins veulent la même chose; devenir des citoyens unis et rompre avec les structures urbaines de l'apartheid. Mais on pourrait aussi se dire pour l'instant, que les structures principales comme les grands axes de communication ou les quartiers de townships continueront à gouverner la façon de vivre des gens à l'intérieur de la ville et qu'ils ne pourront toujours pas choisir librement leur quartier de logement.

Il est très difficile de devoir changer une façon de penser et de vivre en si peu de temps. En effet, cela fait moins de 15 ans que les lois soutenant la ségrégation ont été totalement supprimées et il reste encore dans l'actualité de Johannesburg un sentiment très fort de séparation entre les Blancs et les Noirs. Il est vrai que le « rangement » des « races » dans des quartiers séparés n'est plus une loi, mais pourtant dans beaucoup de quartiers les gens vivent encore avec des personnes ayant les mêmes moeurs, par préférence ou par peur de racisme.

 

A Johannesburg, même si les contribuables blancs participent désormais à l'effort de reconstruction et de développement des townships, il faut accorder qu'il y a encore de la discrimination envers les Noirs.

En effet, ceux-ci n'accèdent toujours pas au même niveau de vie que les Blancs. Par exemple, on sait que ces derniers ne sont pas autant touchés par le chômage ou par une crise de logement, alors que les Noirs ont beaucoup de mal à trouver du travail, un appartement en pleine ville ou dans des quartiers plus aisés. Certains Noirs dénoncent encore le fait qu'ils ne sont pas aussi bien payés que leurs collègues blancs pour le même travail.

Mais de nos jours, ce n'est plus la «race» qui prime sur toutes les autres différences, c'est le rang social. En effet, les personnes touchées par la misère ne sont plus seulement les Noirs ou les Indiens.

Certains blancs sont donc obligés de vivre dans les quartiers très pauvres ou dans les anciens townships car ils n'ont plus le privilège de la «race» qui venait de l'apartheid.

Il est vrai que depuis la fin de l'apartheid, le gouvernement nommé par l'Etat a eu du mal a géré cette grande ville en reconstruction. Et il a eu du mal à faire les bons choix et investissements pour le développement de la métropole et ainsi, de petites agences spécialisées se sont chargées de reconstruire la ville.

Il y a donc, à l'intérieur de la ville et surtout dans le centre, des quartiers totalement miséreux que les Blancs ont désertés et que les investisseurs n'osent pas prendre en charge à cause de l'insécurité y régnant. Celle-ci est, par ailleurs, présente maintenant dans l'ensemble de la ville à cause des difficultés à accepter les différences de prestiges de chacun.

Johannesburg est effectivement l'une des villes du monde les moins sûres en temps de paix et les personnes de classe moyenne ou supérieure résident dans des maisons protégées par des barbelés, des clotûres et de fils électriques et surveillées.

On voit donc ici que la confiance n'est pas présente à l'intérieur de la population de Johannesburg.

En ce qui concerne son système scolaire, la ville peine à offrir un enseignement uniforme et de bonne qualité dans ses frontières. Par exemple, les enseignants les plus qualifiés viennent de pays étrangers et ils s'occupent généralement d'instruire les élèves des classes les plus aisées.

Pour les plus pauvres, ce sont en général, des enseignants locaux et peu formés qui sont sensés donner une éducation scolaire.

Cependant, à cause d'une mauvaise organisation dans les zones miséreuses, c'est souvent l'homme lettré vivant proximité qui transmettra grossièrement ses connaissances à ses voisins.

Les enfants de cette ville ne partent pas sur un pied d'égalité et nous proposons donc une éventuelle solution à cela. Cette dernière consisterait à donner une meilleure formation aux instituteurs et à rendre le métier plus attrayant en offrant des salaires plus attractifs

Le sentiment d'exclusion et d'inégalité est donc considérable mais l'on pourrait toutefois imaginer le supprimer en offrant aux démunis une chance d'accéder aux privilèges en leur apportant une aide financière par exemple ou en rénovant des quartiers actuellement miséreux et vides.

Il serait également possible de développer tous les réseaux de transports pour faciliter les échanges entre le centre et la périphérie de Johannesburg.

Nous avons pu constater ici, que la ségrégation qu'il y a eu dans le passé de Johannesburg a eu beaucoup d'influence sur le reste de son développement, que celui-ci soit économique, dans la reconstruction ou dans la mentalité des habitants. Pour conclure, on peut donc dire que l'histoire de la ségrégation à Johannesburg n'est pas encore achevée. En effet, même si ce n'est plus la même sorte de ségrégation elle est toujours présente.

Tout d'abord il y a eu la ségrégation raciale, puis elle a entraîné la ségrégation spatiale. Cette dernière consistant à classer les gens dans des quartiers par race.

Et pour finir, la ségrégation par laquelle la population de Johannesburg est touchée aujourd'hui, est la ségrégation sociale qui est la conséquence directe des deux précédentes. Mais il ne faut pas oublier qu'avec la ségrégation sociale, suit inévitablement une séparation au niveau des habitations.

Malgré tous ces problèmes, la métropole de Johannesburg a tout de même une image internationale assez positive. Elle reste à nos yeux une ancienne ville minière dont le développement se fait aujourd'hui grâce à un mélange de culture qui même si il n'a pourtant pas toujours été bénéfique porte ses fruits aujourd'hui.

Si pour ses habitants l'apartheid reste profondément ancrée dans la mémoire, elle est presque effacée des nôtres grâce à l'image de richesse que l'on connaît de la ville.

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