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Josquin Des Prés

Publié le 22/02/2012

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Son nom s'écrit de différentes manières, suivant la coutume de l'époque, totalement insoucieuse de l'orthographe. On ne possède, de lui, aucune signature, sinon celle qui figure en acrostiche au début des douze premiers vers de son Motet Illibata dei Virgo nutrix, dont il est vraisemblable qu'il a écrit les paroles. Josquin des Prés, c'est très exactement ainsi qu'il se désigne lui-même dans cette pièce. De fait, il était si célèbre, que ses contemporains se contentaient le plus souvent de le désigner par son prénom. Cette célébrité, dont on perçoit encore les échos de longues années après sa mort, n'empêche toutefois point que les circonstances de sa vie soient demeurées jusqu'ici assez obscures. On ignore quand et où il est né. Mais ce n'est point une vaine conjecture que de croire qu'il a vu le jour vers 1450. Il était, effectivement, un musicien qui compte, à l'époque (vers 1470-1475) où Loyset Compère le citait, parmi d'autres gloires de son temps, dans sa Prière pour les chantres : Omnium bonorum plena.
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« Les années passées par Josquin à Rome n'excluent pas certains déplacements, parfois d'assez longue durée, qui lemettent en rapport avec des personnages princiers ou autres, dont l'admiration ne lui est pas ménagée.

A Florence,il rencontre Pietro Aron, l'illustre théoricien, qui rappelle, dans le troisième de ses Libri tres de institutione harmonica(1516), les relations suivies qu'il eut, en cette ville, tant avec lui qu'avec Obrecht, Isaac et Agricola.

On le voitaussi à Modène, et surtout à Ferrare, où il compose, pour le duc Hercule, sa messe Hercules dux FerrariOe, un SalveRegina et un Miserere.

André Pirro est, au surplus, d'avis que le musicien du nom de Josquin que l'on trouve à lasolde du duc de Lorraine, au printemps et dans l'été de 1493 pourrait bien être notre maître. Après ce long temps passé en Italie, Josquin rejoint la terre natale.

Qu'il ait exercé, dans cette période de sa vie,les fonctions de maître de chapelle de la cathédrale de Cambrai (d'après Johannes Manlius, 1563) celles de Musicæpræfectus à la Collégiale de St-Quentin, et de maître de chapelle du Roi Louis XII (1495-1515) ainsi que le prétendClaude Hémeré, c'est ce que l'on ne saurait affirmer avec une certitude comparable à celle qui résulterait de piècesd'archives ou de témoignages contemporains dignes de foi.

Ce qui paraît en tout cas certain, c'est que le roi Louis,qui était grand amateur de musique, n'a pu faillir, en souverain qui se respecte, au devoir de s'intéresser au musicienle plus en vue de son règne, et de recourir occasionnellement à ses services.

C'est ainsi, notamment, que, d'aprèsLionel de la Laurencie, il l'emmena avec lui à la Cour de Bretagne, lors de son mariage avec la duchesse Anne (8janvier 1499) Chanoine à St-Quentin à dater de 1516 par la grâce de François Ier, Josquin ne tarde pas à se retirer à Condé, où ilremplira l'office de prévôt du chapitre de la Collégiale, jusqu'à sa mort, survenue le 27 août 1521. Deux épitaphes, aujourd'hui disparues, mais dont le texte nous a été conservé, célèbrent sa mémoire en versfrançais et latins.

Son portrait qui figurait en même temps que l'une d'elles, dans la Collégiale Ste-Gudule, àBruxelles, a disparu, victime de la fureur des iconoclastes, mais une reproduction gravée nous en est parvenue parl'intermédiaire de l'Opus Chronographicum de P.

Opmeer (Anvers, 1611), auquel il sert de frontispice.

Encore qued'une facture assez grossière, cette effigie laisse l'impression d'une réelle ressemblance, par son absence de touteconvention et le naturel qui s'en dégage.

Les traits sont réguliers, le nez fort sans excès, l'expression réfléchie,avec un voile de douceur méditative dans l'Oeil.

Si l'on ne craignait de pousser trop loin les effets de l'imagination,on serait tenté de découvrir, dans cette physionomie, les caractéristiques d'un artiste qui est, par surcroît, un vraipoète. Que Josquin ait été, outre un grand constructeur, un incomparable poète des sons, c'est ce qui résulte avecsurabondance de l'étude de son Oeuvre, publiée sous les auspices du Gouvernement hollandais, par les soins duprofesseur A.

Smyers, de l'Université d'Utrecht.

Déjà les hommes de la Renaissance, les Luther, les Glarean, lesAdrien Petit Coclico avaient remarqué que "l'expression" jouait chez lui un rôle d'une importance capitale, alors quechez ses prédécesseurs, la préoccupation du décoratif l'emportait, le plus souvent, sur le souci de mettre en valeurle sens profond du texte poétique. Au service de cette conception plus spécifiquement "humaine", Josquin met en action des dons techniquesprivilégiés, que Luther a définis, d'une manière saisissante, en affirmant que, tandis que les autres musiciens sontesclaves des notes, Josquin les maîtrise au gré de son génie. On ne possède guère d'informations sur le caractère de Josquin.

Seule, une lettre d'un inconnu à Hercule de Ferrarenous en donne quelque idée.

Dans cette missive, où l'auteur conseille au duc d'engager Isaac, ce dernier estreprésenté comme répondant mieux que Josquin à ses convenances, parce que l'on peut être sûr qu'il s'entendramieux avec ses collègues et qu'il écrira plus rapidement les pièces nouvelles que l'on attend de lui.

"Sans doute,poursuit-il, Josquin compose mieux, mais il ne le fait que quand cela lui plaît, et non pas sur commande.

De plus,Josquin exige 200 ducats, alors que 120 suffisent à Isaac." On entrevoit là un aspect de la mentalité de Josquin, qui est bien et dûment celle d'un génie supérieur, conscient dela hauteur de ses mérites, et bien décidé à ne pas se laisser exploiter par les grands de la terre.

En ce temps depouvoir absolu, un homme de sa trempe oppose victorieusement sa royauté spirituelle au caprice ou au pseudo-mécénat des souverains temporels, en revendiquant pour elle une indépendance qui la met à l'abri de toutecompromission.

Ce n'est pas pour rien que l'on est le plus grand musicien de son siècle, et ce sera l'éternel honneurde l'élite de la Renaissance d'avoir reconnu comme tel le prévôt de Condé.. »

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