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La logique nous apprend-elle quelque chose ?

Publié le 27/02/2004

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La théorie des ensembles, que l'on doit au mathématicien allemand Georg Cantor (1845-1918), permettait, semblait-il, d'unifier toutes les branches des mathématiques. Malheureusement, le logicien Bertrand Russell (1872-1970) découvre que cette théorie conduit à des antinomies, c'est-à-dire des contradictions qui ne sont pas imputables à un défaut de raisonnement, mais qui appartiennent à l'édifice logique lui-même. Les paradoxes mathématiques sont fondamentaux et nombreux. Ils doivent s'appuyer sur un raisonnement logique irréfutable qui conduit cependant à une contradiction. En mathématique, on peut distinguer deux acceptions du paradoxe. Une acception restreinte et une acception large. L'acception restreinte exigerait que cette contradiction soit elle aussi logique en montrant par exemple qu'une proposition soit vraie et fausse en même temps. L'acception large en revanche n'exige de la contradiction qu'elle remette « simplement » en question les lois naturelles. Les paradoxes mathématiques sont les plus choquants dès lors qu'ils appartiennent à la sphère de l'anti-paradoxal par excellence, à une sphère normée par la cohérence, la rigueur et donc l'indubitabilité. Il en est ainsi du paradoxe du Barbier si cher à Russell que nous ne faisions que mentionner en introduction. C'est Russell qui a monté un paradoxe pour démontrer le caractère contradictoire de la théorie des ensembles de Cantor. Russell illustre le paradoxe de la façon suivante : Dans le royaume de razibus, le roi décrète l'édit suivant: "Le barbier doit raser uniquement les hommes qui ne se rasent pas eux-mêmes". Or le barbier ne peut respecter cette règle car : S'il se rase lui-même, il enfreint la règle, car le barbier ne peut raser que les hommes qui ne se rasent pas eux-mêmes. S'il se fait raser, il est enfreint aussi la règle, puisque c'est à lui que revient la tâche de raser les hommes qui ne se rasent pas eux-mêmes.

« [La logique formelle ne dit rien du contenu.

De plus, le langage n'a pas eu besoin de la logique pour se constituer, pour traduire de manière rigoureuse les mécanismes de la pensée.

De même, les mathématiciens ont construit les mathématiques sans se soucier de la logique.] La pensée peut se fonder sur une erreurUne pensée peut être aussi rigoureusement logique qu'on voudra.

Si les prémisses sont fausses, toutes lesdéductions qu'on fera seront également fausses.

Prenons l'exemple du syllogisme suivant.

"Tous les animauxqui vivent dans la mer sont des poissons.

Or, le crabe vit dans la mer.

Donc le crabe est un poisson".

Ceraisonnement est cohérent formellement (logiquement), mais faux matériellement car la prémisses esterronée... La cohérence ne suffit pasAinsi, comme l'explique Kant, «le critère simplement logique de la vérité, c'est-à-dire l'accord avec les loisgénérales et formelles de l'entendement et de la raison est, il est vrai, la condition sine qua non et, par suite,la condition négative de toute vérité; mais la logique ne peut pas aller plus loin; aucune pierre de touche nelui permet de découvrir l'erreur qui atteint non la forme, mais le contenu» (Critique de la raison pure). Le critère du vrai est le contenuUne pensée vraie est une pensée qui correspond à la réalité.

Une belle démonstration, une théorieparfaitement cohérente ne seront pas vraies si elles se contentent de se développer abstraitement, demanière autonome, si elles ne se soucient pas de rester en contact avec la réalité en procédant à desvérifications expérimentales. Soit l'exemple du syllogisme suivant : • Majeure : tous les hommes sont honnête• Mineure : Or, Dupont est un homme• Conclusion : Donc Dupont est honnête. La conclusion est logiquement correcte.

Elle est en effet non contradictoire par rapport aux prémisses.

Laconclusion s'identifie à la majeure car la mineure me donne le droit de substituer à l'expression « Tous leshommes » (sont « honnêtes ») l'expression Dupont (puisque Dupont rentre dans la « classe » des hommes).La conclusion « Dupont est honnête » est formellement vraie par rapport aux prémisses parce qu'elle s'identifieaux prémisses, qu'elle dit « la même chose », qu'elle est « tautologique ».

Seulement la conclusion ainsi queles prémisses peuvent être matériellement fausses.

Il est possible que Dupont ne soit pas honnête, car il estsans doute faux, matériellement, que tous les hommes soient honnêtes.

La vérité formelle ignore donc laréalité, elle est seulement l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité formelle triomphe enmathématiques.

Si j'affirme que la somme des angles d'un triangle vaut deux droits.

Est-ce vrai ? c'est vrai(non contradictoire) si j'admets les postulats d'Euclide.

C'est faux (contradictoire) si je décide d'adopter uneaxiomatique non euclidienne. La vérité expérimentale.Une proposition telle que : en ce moment il pleut, prétend à la vérité matérielle, expérimentale et passeulement formelle.

C'est une affirmation qui concerne le réel.

Mais il est aisé de montrer qu'ici encore lecritère de la vérité est non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés sur undonné matériel.

Je dis : il pleut parce que j'entends des gouttes d'eau tomber.

Ce jugement isolé ne pourraêtre considéré comme vrai que s'il est vérifié ; autrement dit s'il ne contredit pas le jugements divers que jepuis porter à ce moment, dans différentes conditions expérimentales, sur la réalité.

Par exemple, je vais à lafenêtre, je vois la pluie tomber.

Et je constate que tout en bas la route mouillée.

Tous ces jugements :j'entends, je vois, ..., sont non contradictoires : il est donc vérifié qu'il pleut.

Le vrai est ma vérification. Le langage est en lui-même une logiqueArnaud et Nicole reprennent, à titre d'exemple, nombre d'arguments qui sont tantôt justes, tantôt faux.Concernant ceux qui sont justes, il apparaît clairement qu'ils l'ont toujours été, et ce, bien avant que lalogique ne le montre.

D'autre part, la logique reprend à son compte les règles du langage pour s'exprimer etpour édicter ses propres règles.

En ce sens, elle n'invente rien.. »

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