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Le loisir est-il le but véritable du travail ?

Publié le 01/11/2005

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travail
Or sa nature n'est pas le travail nécessaire qu'il a en commun avec les hommes mais les actions accomplies sans obligation. En effet, le loisir par définition est un ensemble d'activités choisies par les individus pour épanouir leurs facultés physiques et intellectuelles. Le travail serait alors que la condition pour accéder aux loisirs. "Il n'y a de vraie joie dans le repos, le loisir, que si le travail joyeux le précède." A. Gide   II Le travail aliène le loisir même Pourtant, il semble trop idyllique d'affirmer que le travail libère une partie de la vie pour les loisirs. Pour Nietzsche, la glorification du travail était une volonté sourde de capter des forces créatrices, de les détourner de leur vocation naturelle- la pensée, le plaisir, pour les investir dans des activités socialement utiles. Le travail "consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour." (Aurore, 1880) C'est ce que veut dire Marx quand il affirme que "plus l'ouvirer se dépense dans son travail, plus le monde [...] qu'il crée en face de lui devient puissant, et plus il s'appauvrit en lui-même, plus son monde intérieur devient pauvre.

Le terme travail dans notre époque désigne toute activité dès l'instant où elle est socialement rentable. Ainsi l'ouvrier, l'employé, l'enfant qui apprend à l'école travaillent. Mais il faut rappeler que ce mot vient du terme latin "tripalium" qui signifie instrument de torture. Le travail est en effet plus subi comme une contrainte. Il semble alors paradoxal de lier travail et loisir, le loisir se définissant comme une activité libre et gratuite visant le plaisir, la distraction. Et pourtant pourquoi travailler si ce n'est pour se dégager des espaces de loisirs? Mais le travail ne transforme-t-il pas le loisir lui-même? L'humain peut-il vraiment s'accomplir sans travailler?

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« Analyse du sujet ● Le sujet met en relation deux notions (loisir et travail), et nous demande si l'une constitue le but de l'autre. ● Le loisir : le loisir n'est pas l'inactivité, ou la paresse, mais une activité dans laquelle s'exprime une liberté.Il est l'occupation d'un temps libre.

Le loisir est donc le contraire de la nécessité. ● Le travail : le travail est l'activité qui, reposant sur le besoin, transforme le monde extérieur pour pouvoir lesatisfaire.

De ce point de vue, le travail relève de la nécessité.

Il est alors élément essentielle de la conditionhumaine.

La pénibilité du travail réside essentiellement dans ce caractère non libre dans l'activité.

Le travailrenvoie à l'utile, il ne va donc pas sans technique, laquelle visant à adapter les moyens à la fin dans le soucid'efficacité : le plus grand résultat pour le moindre effort. ● Le but véritable : on suppose ici qu'il y aurait un but apparent dans le travail, qui ne serait pas la véritableraison.

Le sujet présuppose donc que le loisir, but apparent, n'est peut-être pas le but profond.

Un but, c'estune fin à atteindre, un objectif, ce qui est visé.

Le but véritable est alors la finalité ultime de la chose.

Maiscette finalité peut s'atteindre à travers la visée de moyens intermédiaires, qui sont les buts apparents maisnon ultimes.

A ce titre, la visée du loisir ne serait qu'un moyen en vue d'autre chose. Problématique Le travail repose sur le besoin.

A ce titre, il doit se penser en rapport à l'utile.

Il consiste en effet àtransformer le monde extérieur pour répondre aux nécessités de la condition humaine.

Dès lors, le travail assujettitl'homme à la nécessité.

Mais, alors, pour autant que le travail est une nécessité de la condition humaine, il ne peutavoir pour but que l'essence de l'homme, c'est-à-dire la liberté.

De ce point de vue, on ne travaille que pour autantque c'est nécessaire, ce qui permet alors de libérer du temps libre, du loisir, lequel étant le moment de l'expressionde la nature humaine et de sa liberté épanouie.

Cependant, si le but du travail est sa propre négation, si sa viséeest sa fin (au sens de sa finalité et de son terme), alors c'est qu'on considère que le travail est incompatible avecune vie véritablement humaine.

Mais le loisir ne peut-il pas être compris comme le temps du repos ? Car en effet, sil'homme est liberté, alors cela suppose que cette liberté s'effectue concrètement dans une libération de la nature,donc, dans le travail.

Le loisir apparaît alors comme une liberté abstraite et vide, non en acte.

En ce sens, le loisirest le but apparent du travail, la nécessité du repos, qui est le véritable négation d'une humanité dont l'essence estle dépassement de soi.Le problème qui se pose est donc celui de savoir si le loisir est le but du travail, ou si ce n'est pas le travail qui estle but de loisir.

A ce titre, le loisir ne serait que repos nécessaire.

L'enjeu est d'importance : quelle figure de laliberté faut-il admettre en l'homme ? Le temps libre ou l'effort de libération ? Plan Le loisir doit-être le but véritable du travail si on entend par but la finalité ou le terme. 1. – Dans un premier temps, on doit remarquer que le travail repose sur le besoin.

A ce titre, il est lié à l'idée denécessité.

Or, le propre de l'homme n'est-il pas de se libérer de cette nécessité, de cette condition ? C'est cequ'avaient déjà remarqué les Anciens qui, comme le remarque H.

Arendt ( Condition de l'homme moderne ), avaient des esclaves en raison de la nature servile des occupations qui pourvoyaient aux besoins de la vie.

Parl'esclave, l'homme libre échappe à la condition du travail.

En effet, on peut considérer que le propre de l'homme,ce qui le distingue des autres animaux, ne peut consister dans cette obligation de travailler.

Autrement dit, letravail a un caractère déshumanisant.

A ce titre, si le travail est une nécessité, il ne peut être un but. – Dès lors, le but du travail ne peut être que le non travail, à savoir le loisir.

Par loisir, il ne faut pas ici entendrel'inactivité, mais l'activité propre à l'homme qui consiste, comme le remarque Aristote dans l' Ethique à Nicomaque , essentiellement dans l'activité politique et la vie contemplative.

En effet, le propre de l'homme est d'être un animal politique ( La Politique ), dont la nature est de partager avec ses semblables le langage, et de vivre en une cité.

Mais l'homme a aussi en spécificité la pensée.

L'activité de penser, loin donc d'être un travail,constitue l'activité propre du loisir. – Dès lors, il y a incompatibilité entre travail et loisir, labeur nécessaire et activité libre, et en même temps nécessité du travail de l'autre pour se libérer de sa condition.

On peut donc dire qu'en un sens, le loisir est le butdu travail, car ce dernier, dans ce contexte, aboutit à se libérer des nécessités de la vie.

Mais il s'agit alorstoujours du travail de l'autre. – On peut alors nuancer cette perspective en admettant qu'en un sens cependant, le travail peut avoir pourbut le loisir, si le travail a pour conséquence de libérer du temps libre, lequel étant alors consacré à l'activitépropre à l'homme.

Néanmoins, comme l'analyse Marx dans le Capital , les conditions du travail de l'ouvrier ne permettent pas de dire, dans le cadre d'un mode de production capitaliste, qu'il a pour but véritable le loisir.

Caren effet, le propre de ce mode de production est que celui qui possède les moyens de production salarie ceuxqui ne possèdent que la force de production, et s'approprie alors la plus-value effectuée par le travail.

De cettefaçon, le travail de l'ouvrier enrichit le capital de la classe bourgeoise, cette dernière ne donnant à l'ouvrier pourrémunération que ce qui est nécessaire au renouvellement de sa force de travail.

En ce sens, le but apparent dutravail de l'ouvrier est le loisir (à savoir : vivre), mais en réalité c'est l'enrichissement du capitaliste qui est visépar le travail. – On peut alors conclure de cette première partie que l'opposition du loisir et du travail, et néanmoins la nécessité de fait du travail, qui caractérise la condition humaine, ne peut que conduire à affirmer que ce ne peut. »

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