Devoir de Philosophie

LUC BÉRiMONT

Publié le 06/09/2012

Extrait du document


Une sauvagerie narquoise, une légèreté d'Ariel, une allégresse un peu hagarde, le goût des mots juteux, sucrés, de l'embrassade, du rire et du vin blanc, voilà Luc Bérimont, qui est partout et nulle part, rime d'affilée trois strophes dans l'autobus, sans perdre de l'oeil sa belle voisine, parle en cataracte et s'enfuit de même quand on croyait le tenir, toujours bourré de projets, de papiers, de fleurs à offrir et de services à rendre...

« POÈTES FRANÇ/JS D'AUJOURD'HUI 251 il y a des ronds de vin rouge sur le b.:>ls piqué, où réson· nent les tonnerres et les appels angoissés de la sauvagine, est le recueil le plus plein, le plus riche de Bérimont et l'un de ces livres qui nons font douter qu'en poésie, et en art, il y ait des époques, des modes et des styles.

l.a Huche à Pain, qui affirmait l'amour de la vie simple, des fraîches couleurs et des mots drus, qlÙ ruisselait de joie et d'opti· misme, cette poésie à la fois concrète et ailée, lumineuse et titubante, ces sauts imprévisibles d'enfant lâché, aux: joues rouges, aux yeux hantés, n'était-ce pas là, en pleine guei"re, en plein désarroi, comme uue provocation de l'espérance ? et n'était-ce pas en outre une nasarde infligée aux poètes soucieux d'accorder leur lyre au dia• pason de l'événement ? Depuia lors, Bérimont s'est assagi ; }Jlus exactement, il a rompu avec l'acrobatie verbale de Lyre à Feu et a cessé de mordre dans la pomme acide de Radiguet, sans pour autant perdre eon prime-saut de grand écolier, sa fraîcheur de primitif.

Son lyrisme s'est élargi, humanisé ; il ne se contente plus désormais des refrains de son ado· lescence ; ce sont des couplets qu'il nous chante aujour• d'hui, en l'honneur de la vie qu'il aime avec fureur, de la femme éternellement poursuivie, de la grande famille des hommes qu'il voudrait voir faire la ronde sur les col· }ines.

Les mots germent la nuit, L'herbe à tonnerre sont de très beaux recueils, où l'inspiration court sur sa lancée, dans un grand froissement de feuillages.

Comme Cadou, Bérimont est grandement doué du « bonheur d'expression » que tant de poètes plus appliqués ne par· viennent pas à acquérir ; il circule en outre dans sa poé­ sie un vieux parfum de complainte qui n'en fait pas le moindre charme et qui fait oublier ce que son imagerie \iolente et crue a parfois de gratuit.

VENT DE NUIT Au fond du noir fond noir où je m'entends nommer .Dans la nuit que le vent bouscule à grands coups d'arbres Quel cheval aux yeux doux, quelle morte espéraient Que je m'irais livrer ayant soufflé ma lampe? .... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles