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La main est-elle un outil ?

Publié le 21/01/2004

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Introduction. — La main, cette inconnue. Familiarité et étonnement. I. — La main et l'outil. a) Main et outils sont spécifiquement humains. b) L'outil ressemble à la main. c) L'outil est façonné par la main (maniabilité). d) L'outil est conçu (finalité). e) L'outil est transmissible (conservation et temporalité). II. — L'outil et la main. a) L'outil, trace de la main. b) L'outil, éducateur de la main. c) L'outil déforme la main. d) L'outil spécialise la main. e) La main sensibilise l'outil. Conclusion. — Le dialogue main et outil. Sa signification : le travail humain.

« outil déforme la main en la spécialisant.

Les déformations professionnelles de la main sont nombreuses et souventaisément reconnaissables.

Au niveau de notre propre expérience, nous savons bien qu'après l'achat d'un nouveaustylo, par exemple, la main s'adapte au nouvel outil à écrire, et réciproquement la plume du stylo se déforme, parl'usage qu'en fait notre main, au point quelquefois que nous sommes seuls à pouvoir nous en servir commodément.On peut imaginer tout le chemin parcouru par la main à travers les outils, depuis le silex taillé jusqu'à l'outil stylo, oul'outil bistouri.

La main s'est perfectionnée dans le sens d'une plus grande habileté générale, et, en même temps,dans le sens d'une adresse spécialisée.

Quelquefois, en surmontant péniblement des antagonismes dus à laspécialisation du travail.

La main disciplinée à la pioche souffre en devenant main à activité délicate, et inversementla main disciplinée aux travaux délicats souffre sur le manche des pioches.On peut donc dire que la main est une création des outils, non seulement en tant qu'activité, mais aussi commesensibilité.

Il n'y a de travail manuel convenablement exécuté et économiquement, que si la main est devenuecapable de sensibilité à travers l'outil qui la prolonge.

La sensibilité du charpentier est « au bout » de son marteau,et sur les dents de sa scie.

En écrivant, je sens ma plume.

La main qui a créé l'outil peut disparaître.

Elle se lègueen même temps que l'outil, à ceux qui prendront celui-ci en main.Nous nous sommes efforcés de rester aussi près que possible du plus simple des dialogues entre la main et l'outil.

Ily a toujours un moment où ce dialogue se fait intime et comme direct.

Mais si l'outil est une création complexe quirévèle l'intelligence et la pensée, la main elle-même, est aussi un produit de l'intelligence, et même de laconnaissance.

Les créations de L'Homo faber contenaient virtuellement les progrès vers l'Homo sapiens, mais nonpoint directement.

La science acquise par les hommes retentissait sur la main et sa conduite.

Le dialogue de la mainet de l'outil n'est pas un dialogue séparé.

Il intéresse l'homme tout entier et met en jeu ses plus hautes facultés. « Si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l'histoire et la préhistoire nousprésentent comme la caractéristique constante de l'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homosapiens, mais Homo (faber.

» Bergson, L'Évolution créatrice, 1907. L'homme est d'abord un technicien, c'est-à-dire quelqu'un qui fabrique (faber).

C'est même dans cette aptitude àfabriquer des outils – avec lesquels il fabrique des objets artificiels ainsi que d'autres outils – que réside sonintelligence, plutôt que dans son savoir ou dans sa raison (ce que laisse entendre, à tort, l'expression homo sapiens,«l'homme sage »). « C'est à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plusutile : la main.

Car la main devient griffe, serre, corne, ou lance, ou épée, ou toute autre arme ou outil.

Elle peutêtre tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir.

» Aristote, Des parties des animaux, Ive s.

av.

J.-C. « La main à l'origine était une pince à tenir les cailloux, le triomphe de l'homme a été d'en faire la servante de plusen plus habile de ses pensées de fabricant.

» André Leroi-Gourhan, Le Geste et la Parole, 1965. « L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objetsartificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication.

» Bergson, L'Évolution créatrice, 1907. « Dès que l'homme, au lieu d'agir avec l'outil sur l'objet de travail, n'agit plus que comme moteur d'une machine-outil, l'eau, le vent, la vapeur peuvent le remplacer, et le déguisement de la force motrice sous des muscles humainsdevient purement accidentel.

» Marx, Le Capital, 1867.. »

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