Marche sur Rome (La)

Le 24 octobre 1922, Mussolini déclarait devant soixante mille fascistes réunis pour leur congrès à Naples : « Je vous le dit avec toute la solennité que le moment impose : ou ils nous donnent le gouvernement, ou nous le prenons en allant à Rome. «

Le 26 octobre, le président du Conseil, Facta, réunit l'après-midi les lettres de démission de ses ministres. Le roi Victor-Emmanuel III, rentré à Rome le 27 octobre sur la demande de Facta, approuva un plan de défense de Rome.

Le 27 au soir, les militants fascistes se mirent en marche, cependant qu'ils prenaient le contrôle des grandes villes d'Italie du Nord, sauf Turin, Milan et Gênes. Il pleuvait à torrents ; pour un certain nombre de fascistes, la marche se fit en camion, ou même dans des trains (les cheminots en immobilisèrent). Le 28, à zéro heure trente, le roi confia le maintien de l'ordre à l'armée. Le matin du 28, 20 000 « Chemises noires « étaient bloqués à 70 kilomètres de Rome, et 5 000 seulement étaient arrivés aux faubourgs de la capitale. Le général Pugliese tenait solidement Rome, avec plus de 30 000 hommes. Militairement, la situation était très favorable au gouvernement légal.

Cependant, dans la matinée, le roi, inexplicablement, refusa de proclamer l'état de siège. Facta démissionna. Le soir, Salandra, un modéré, accepta, après un entretien avec des dirigeants de l'industrie, de la banque et de la presse, de former un gouvernement où les fascistes auraient quatre portefeuilles. Mussolini refusa. Le 29 octobre au matin, Salandra fit savoir au roi qu'il renonçait ; l'après-midi, le roi fit appel à Mussolini, qui arriva à Rome et accepta de former le gouvernement le 30.

Le 31 octobre, les fascistes défilèrent dans Rome : on en avait amené par trains spéciaux, et ils étaient maintenant 70 000. Le 30, le seul essai de résistance, dans un quartier ouvrier, avait fait treize morts.