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Marie François Xavier Bichat

Publié le 22/02/2012

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Né à Thoirette, mort à Paris, l'auteur du Traité des membranes (1800), des Recherches physiologiques sur la vie et la mort (1800) et de l'Anatomie générale (1801), en trente années de vie, transforme l'anatomie, fonde l'histologie et, par sa réflexion physiologiste, rompt avec l'esprit moniste qui était celui des idéologues pour reconnaître, dans les phénomènes de la vie, une dualité fondamentale : l'organique et l'animal. Dualité qui, méditée par les psychologues, transformera l'analyse unique de type condillacien en une méthode multiple, qui s'efforce de cerner, par de nombreuses approches, un fait unique. En anatomie, il dégage les notions de membrane, puis de tissus, qui participent à la formation des différents organes : l'anatomie devient générale, l'étude des tissus s'effectue au niveau des tissus eux-mêmes et non plus des organes. Physiologiste, il formule sa doctrine des "propriétés vitales" dans cette définition : "la vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort". En d'autres termes, la vie est l'ensemble des propriétés vitales qui résistent aux propriétés physiques. Il distingue en outre la vie organique de la vie animale : l'une s'exerce de manière continue, par des organes non symétriques, soustraits à l'influence de l'habitude ; elle est à l'origine des passions, colère ou crainte ; l'autre est intermittente, s'exprime à l'aide d'organes symétriquement répartis ; on y découvre l'origine de l'entendement et de la volonté ; ce sont les fonctions sensorielles et motrices, qui, pour Maine de Biran, seront susceptibles d'habitudes. Bichat, dont l'Oeuvre fut celle d'un "classificateur", féconde, par l'esprit même de ses classifications, ce qui sera la recherche psychologique d'un siècle. Fondateur de la biologie ­ quoique le nom soit de Lamarck ­ Bichat l'a dégagée des doctrines médico-philosophiques qui se partageaient les esprits à la fin du XVIIIe siècle. Anatomiste, chirurgien, expérimentateur ingénieux, observateur précis, il a su, avec son intelligence intuitive, induire, des faits qu'il trouve, des idées qu'il cherche ensuite à confirmer par l'expérimentation.
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« Cependant, nommé grâce à Chaptal "médecin expectant du Grand Hospice d'Humanité" le 6 pluviose an IX (26janvier 1801), il déploie dès lors une quadruple activité débordante en anatomie, physiologie, anatomo-clinique etthérapeutique, donnant en 1800 les Recherches physiologiques, en 1801 l'Anatomie générale, en 1802 les deuxpremiers volumes de l'Anatomie descriptive. Le mercredi 19 messidor an IX, il fit une chute dans l'escalier conduisant à la salle Saint-Raphaël ; le lendemain,violent mal de tête ; le 21 fièvre ; le 24, consultation de Corvisart ; fièvre persistante les jours suivants ; le 28,accalmie traîtresse ; le 29, délire violent et le 1er thermidor, coma jusqu'à la mort le 3 thermidor à 4 heures et demiedu matin.

C'était au 14 de la rue Chanoinesse, dans la maison de Desault où celui-ci était mort six ans auparavant. A l'autopsie faite par Roux, le jour de la mort, "on ne trouva qu'un épanchement séreux considérable à la base ducrâne".

On pense à la méningite tuberculeuse.

Bichat avait eu des hémoptysies assez fortes.

Il fut comme Manoury,Bayle, Laennec, victime de la tuberculose. Après l'homme, voyons l'Oeuvre. Au lieu de partir de la théorie pour en chercher confirmation dans les examens des malades, Bichat a pris comme fild'Ariane le scalpel de l'anatomiste.

Mais en disséquant chaque partie du corps, il pensait à la fonctioncorrespondante de cette partie du corps vivant.

Pinel avait remarqué que la maladie permettait de distinguer destissus différents par leurs réactions morbides.

Bichat, par intuition géniale, s'empara de cette idée.

Comme les corpssimples de la chimie forment par leur assemblage les objets inanimés, les tissus par leur mélange en proportionsdiverses forment les organes.

Il s'agit donc par l'observation et l'expérience d'établir des rapports précis entrephénomènes morphologiques et physiologiques, qu'ils paraissent normaux ou qu'ils soient pathologiques.

Ainsi estbasée la biologie. Et Bichat préfigure Claude Bernard.

Lui-même, comme l'a montré Arène, doit à ses devanciers.

Les sources de sonOeuvre sont des sources de méthode et des sources d'idées.

Les premières se ramènent à trois : Condillac, Newtonet Desault. Condillac, par sa méthode dialectique, forma Bichat à l'analyse et sa théorie du sensualisme se retrouve dans lesparties psychologiques des Recherches physiologiques. C'est par l'école de Montpellier, dont était son père, et par le goût des mathématiques que Bichat vint à Newton.

Ilfit siennes les quatre règles extraites des Principes mathématiques de la philosophie naturelle de Newton : rien nesert de partir de l'expérience, conclut Newton, si l'on doit se contenter de réalités confuses.

A deux siècles et demide distance, Paul Valéry, par sa critique des idées vagues, fait écho à la remarque de Newton. Ainsi, nourri de Condillac et de Newton, Bichat trouve en Desault et sa méthode d'observation chirurgicale concrète,précise et pratique, le point d'appui de son levier philosophique pour faire sauter l'ancienne médecine et élever lanouvelle au plan scientifique. La critique des sources des idées de Bichat a été faite de main de maître par Flourens.

Buffon fut pour Bichatencore étudiant un initiateur en histoire naturelle et un animateur.

De même l'école de Montpellier, par Bordeu,Giraudet et Barthez, imprègne profondément son esprit.

Enfin, Pinel et Cabanis furent l'un à l'origine de l'analyseanatomique qui aboutit au Traité des membranes et l'autre le principal inspirateur d'une partie de la psychologieexprimée dans la première partie des Recherches physiologiques. J'ai développé ailleurs les grandes idées directrices de Bichat : la distinction et l'analyse des propriétés vitales, ladivision de la vie en animale et organique, la loi du double mouvement de la vie organique et de décomposition del'être vivant, devenue la théorie des processus anaboliques et cataboliques des physiologistes modernes, la loi de ladistribution inégale des forces dans les différentes parties de l'organisme, diminuées dans une partie quand elles sontaccrues ailleurs ; la loi de la perte successive des diverses fonctions amenant la mort totale, la mort de l'individu. Outre les critiques de détails comme celles de Magendie et les critiques doctrinales comme celles de Frayssinous,l'Oeuvre de Bichat a été critiquée au point de vue de sa position scientifique et philosophique.

Je ne citerai que lacritique par Auguste Comte du plexus solaire, cerveau abdominal, et par Caullery de la définition de la vie. Remettant l'Oeuvre de Bichat dans son ambiance historique, on doit admirer l'effort de l'observateur et du logicienpour dégager la biologie de la métaphysique et réduire le sens de l'épithète vitale à une première approximationqualifiant des phénomènes obéissant comme les autres aux grandes lois mécaniques, physiques et chimiques, maisdans des conditions spéciales qu'il s'agit justement de déterminer. Le sillage de Bichat est triple : médical, scientifique et philosophique.

Dans son sillage philosophique, je ne retiendraiqu'un nom, Schopenhauer, dont le système n'est rien autre que la doctrine de Bichat transportée dans laspéculation philosophique. En résumé, Bichat fut avant tout un animateur et un précurseur.

Animateur, il a vivifié l'anatomie par l'analogie qu'ily trouve avec la chimie et en ne la séparant pas de la physiologie.

De même, il a vivifié la pathologie en l'unifiant à. »

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