Marx et l'art grec
Publié le 10/10/2011
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... la difficulté n'est pas de comprendre que l'art grec et l'épopée sont liés à certaines formes du développement social. La difficulté réside dans le fait qu'ils nous procurent encore une jouissance esthétique et qu'ils ont encore pour nous, à certains égards, la valeur de normes et de modèles inaccessibles. Un homme ne peut redevenir enfant, sous peine de tomber dans la puérilité. Mais ne prend-il pas plaisir à la naïveté de l'enfant et, ayant accédé à un niveau supérieur, ne doit-il pas aspirer lui-même à reproduire sa vérité? Dans la nature enfantine, chaque époque ne voit-elle pas revivre son propre caractère dans sa vérité naturelle ? Pourquoi l'enfance historique de l'humanité, là où elle a atteint son plus bel épanouissement, pourquoi ce stade de développement révolu à jamais n'exercerait-il pas un charme éternel ? Il est des enfants mal élevés et des enfants qui prennent des airs de grandes personnes. Nombre de peuples de l'Antiquité appartiennent à cette catégorie. Les Grecs étaient des enfants normaux. Le charme qu'exerce sur nous leur art n'est pas en contradiction avec le caractère primitif de la société où il a grandi. Il en est bien plutôt le produit et il est au contraire indissolublement lié au fait que les conditions sociales insuffisamment mûres où cet art est né, et où seulement il pouvait naître, ne pourront jamais revenir.
MARX.
«
REMARQUES D'ENSEMBLE.
• Ce texte, extrait de l'Introduction à la critique de l'économie
politique ( 1857), est url des rares passages consacrés à l'art dans l'œuvre de Marx.
Il doit être pris comme un tout.
indépen damment de références extérieures que l'on pourrait projeter sur
lui.
• L'idée d'une historicité de la production artistique (qui rejoint
les thèmes fondamentaux du marxisme)
s'y combine à une ten
tative de définition de ce qui peut fonder, au-delà des conditions
particulières, une certaine valeur universelle de
l'art.
• On sera attentif à l'analogie développée par Marx entre l'homme et l'humanité (cf.
l'expression «enfance de l'huma nité ))).
Cette analogie se retrouve dans certains parallélismes effectués par les sciences humaines, et notamment celui qui met en correspondance l'ontogenèse (formation de l'individu) et la
phylogenèse (formation de l'espèce, genèse collective).
• Une des organisations thématiques possibles du texte consis
tera à distinguer le point de vue de la genèse réelle de l'œuvre d'art (déterminé historiquement) et celui de la «jouissance
· esthétique)),
dont il faut expliquer la possibilité « transhisto
rique
)).
On centrera la réflexion sur la conceptualisation psycho-
logique que propose Marx des valorisations esthétiques par les
quelles nous donnons aux œuvres passées une signification de « modèles inaccessibles)).
Thème de la déconnection historique qui semblerait montrer qu'au-delà de formes de sensibilité et de
normes esthétiques historiquement déterminées, existerait la
possibilité d'une jouissance non déductible du contexte.
• On appréaiera l'intérêt du texte par rapport aux données de
l'histoire de l'art.
On pourra de ce point de vue développer un
exemple (cf.
Francastel, ouvrage déjà cité) et utiliser les éléments
de réflexion des corrigés qui précèdent..
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