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Mérite-t-on quoi que ce soit ?

Publié le 30/11/2005

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·         En effet, le mérite est avant tout considéré comme une valeur que l'on a pu démontrer aux autres. S'y adjoignent donc une reconnaissance par ses paires et, de là, des sentiments d'honneur et de gloire. ·         Le mérite peut aussi être considéré come l'accomplissement de son devoir, non de vertu cette fois, mais contractuellement. « Celui qui, le premier, exécute sa part d'un contrat, on dit qu'il mérite ce qu'il reçoit lorsque l'autre exécute sa part, et qu'il a son dû. Pareillement, quand un prix est offert au vainqueur, bien qu'il s'agisse d'un don gratuit, néanmoins, le gagner [...] c'est le mériter et l'avoir comme un dû. » Thomas Hobbes, Léviathan, XIV. ·         Hobbes pose ici le mérite uniquement comme ce qui est dû contractuellement. Ce qui devait être fait ayant été fait, nous méritons ce que nous recevons. ·         Bien que cette définition n'entende pas de contrepartie négative, elle nous permet tout de même de la supposer : en effet, la question du mérite, considéré en terme sociaux, inclue aussi que nous méritons des peines autant que des récompenses.

Analyse. ·         Le mérite peut se définir en deux sens : o   Le premier sens est social : on mérite une récompense ou une punition, c'est-à-dire qu’il y a donc une valorisation faite par autrui. o   Le second sens est moral : il s’agit d’un mérite personnel, de qualités intellectuelles. L’évaluation du mérite est alors personnelle. ·         Dans ces deux cas, le mérite est reconnu par chacun de nous, nous considérons qu’il existe. ·         Si socialement, le mérite peut être facilement compris comme récompense ou punition (ce n’est pas nous même qui estimons notre valeur, mais les autres), il n’en va pas de même du point de vue moral. ·         Comment, en effet, comprendre que l’on puisse mériter quelque chose de négatif moralement ? Nous aurions plutôt tendance à considérer qu’il n’y a du mérite que lorsque nous avons les qualités requises. Sans ces qualités, il n’y aurait alors pas de mérite. ·         Cependant, nous avons tout de même un sens du mérite dans l’idée de ce qui nous arrive : ne pas agir moralement entraine des conséquences qui, par traditions, sont « méritées «. ·         Ce qui est jugé au mérite sera alors une rectitude morale, et non la morale elle-même : l’usage d’un vice ou d’une vertu entrainera donc un mérite. ·         Bien sûr, cette position se ressent au niveau moral, mais ne peut non plus être totalement dissociée d’un sens social. ·         En effet, chacun peut juger par lui-même l’usage que tout autre fait de ses vertus ou vices. Moralement, un homme récupère ce qu’il a semé. Mais son travail moral, sa volonté peuvent être aussi jugée par d’autres hommes. ·         Aussi, le mérite reste-t-il un jugement de valeur, et, par là même, une différence de valeur entre hommes. ·         Le mérite sera donc, dans ce cas, une notion d’inégalité, chacun méritant selon ses actes. Problématisation. Le mérite peut être considéré comme un jugement de valeur concernant les personnes. Chacun est conscient de l’existence du mérite et l’on peut dire, sans se tromper, que chacun aspire au mérite. Mais pour quelle fin ? Que permet d’atteindre le mérite ? De plus, mériter, c’est personnel, mais cela nous met aussi en relation, voir en comparaison, avec autrui. Est-ce compatible avec la fin que l’on peut attribuer au mérite ? Enfin, si le mérite est personnel, source de différenciations, doit-on l’inclure comme une règle dans la vie civile et sociale ?

 

« · En effet, le mérite est avant tout considéré comme une valeur que l'on a pu démontrer aux autres.

S'y adjoignent donc une reconnaissance par ses paires et, de là, des sentiments d'honneur etde gloire. · Le mérite peut aussi être considéré come l'accomplissement de son devoir, non de vertu cette fois, mais contractuellement. « Celui qui, le premier, exécute sa part d'un contrat, on dit qu'il mérite ce qu'il reçoit lorsque l'autreexécute sa part, et qu'il a son dû.

Pareillement, quand un prix est offert au vainqueur, bien qu'il s'agissed'un don gratuit, néanmoins, le gagner [...] c'est le mériter et l'avoir comme un dû.

» Thomas Hobbes,Léviathan , XIV. · Hobbes pose ici le mérite uniquement comme ce qui est dû contractuellement.

Ce qui devait être fait ayant été fait, nous méritons ce que nous recevons. · Bien que cette définition n'entende pas de contrepartie négative, elle nous permet tout de même de la supposer : en effet, la question du mérite, considéré en terme sociaux, inclue aussi que nousméritons des peines autant que des récompenses. · Si le contrat n'est pas respecté, nous méritons au mieux de ne rien obtenir, au pire, une peine donnée par un jugement. · Mériter, dans ces conditions, n'est pas un dépassement d'obstacles, mais une contrepartie selon les divers actes que nous accomplissions 3.

Dans ces conditions, le mérite peut-il atteindre sa fin ? · Le mérite, s'il s'agit d'un dépassement de ses obligations pour faire accomplir son devoir de vertu, peut-il continuer à être compris socialement ? · Difficile de se fonder, car, dans une société, le mérite tendrais plutôt à singularisé les personnes, voire à creuser des inégalités. · Tout d'abord sur les questions d'honneur et de gloire : Kant voit un danger dans la valorisation au mérite (Critique de la raison pratique), guidant l'homme vers un amour de soi plutôt que dans unaccomplissement moral. · La société dans laquelle nous vivons attribue des mérites qui différencient les individus selon leur labeur, ce qu'ils ont pu fournir comme travail : le dépassement n'est plus dans la vertu mais dans letravail. · Pour Marx, par exemple, le mérite est ce qui fonde la justice : il faut « donner à chacun selon son travail, l'effort fourni, la compétence, le talent, le risque, la responsabilité ou le courage ».

Mais sicela peut être juste, n'est ce pas aussi à l'origine d'inégalités flagrantes ? Dans un système où l'on attribue à chacun selon son mérite, « Il règne une disparité marquée entre lesclasses supérieures et inférieures, à la fois dans les moyens d'existence et dans les droits et les privilègesde l'autorité institutionnelle.

».

John Rawls, Théorie de la Justice . · Fonder la société en société du mérite (méritocratie) risque donc de creuser une inégalité entre hommes, ne permettant plus ce dernier de viser une fin d'amélioration de l'ensemble de l'humanité. Conclusion. La théorie de Kant concernant le mérite se fonde sur un dépassement vertueux permettant de pousser chaquehomme vers sa fin : un accomplissement de l'humanité.

Nous avons vu que la considération du mérite en termesociaux ne permet pas d'aboutir à cette fin.

Le mérite dans la société tend à creuser l'inégalité entre les hommesplutôt que d'en permettre l'union.

Reste alors une tension inextricable entre un mérite à avoir quand à notre vertuqui ne peut cependant s'exprimer dans le monde social que dans un terme opposé à sa fin.. »

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