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Niger

Publié le 11/04/2013

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niger
1 PRÉSENTATION

Niger, pays enclavé d’Afrique occidentale. Sa capitale est Niamey.

Les frontières du Niger, héritées de la colonisation, sont rectilignes et artificielles. Il est limité au nord par l’Algérie et la Libye, à l’est par le Tchad, au sud par le Nigeria et le Bénin, et à l’ouest par le Burkina et le Mali.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

La superficie totale du Niger est de 1 267 000 km². Le pays peut se diviser en trois zones. Le Nord, qui constitue près des deux tiers du territoire, se situe dans le Sahara. Ici habitent les Touareg, nomades éleveurs de chameaux et de chèvres, conducteurs de caravanes (aujourd’hui de camions), particulièrement touchés par l’évolution économique et climatique de la région. C’est une région de montagnes, qui ont donné autrefois naissance à de grands fleuves, aujourd’hui fossiles ou transformés en oueds le temps d’une pluie. La végétation y est rare, hormis dans quelques oasis et autour des points d’eau. Le massif de l’Aïr (400 km sur 250 km environ) domine la région. Il est formé de montagnes entaillées de vallées, surplombées par le mont Greboun (1 944 m), les monts Tamgak (1 800 m), les monts Agalak (1 700 m), les monts Bagzane (2 022 m). Au nord-est, séparé de l’Aïr par le Ténéré et le grand erg (désert de sable) de Bilma, le massif du Djado (mont Toummo, 1 022 m) se prolonge par l’éperon tabulaire et peu élevé du Kawar (Dirkov, 350 m). Plus au sud, isolé dans une grande pénéplaine de sable à la hauteur du 16e parallèle, le massif de Termit marque la limite entre le désert et le Sahel.

Le Centre-Sud fait partie du Sahel. C’est une zone semi-aride, à l’herbe rase parsemée d’arbustes et d’épineux. En saison des pluies, les dallols (Dallol Bosso, Dallol Maouri), larges vallées des anciens affluents sahariens du Niger, à sec le reste de l’année, se remplissent de mares et verdissent pour quelques semaines. C’est, pour les immenses troupeaux de bovins des Peul et des Touareg, l’époque de la « cure salée « qui succède aux épreuves de la longue saison sèche. Événement économique autant que social, la « cure salée « est l’occasion de rencontres entre familles et clans (mariages, transactions, etc.).

Le Sud, situé en zone de savane, est la seule région fertile, avec des pluies généralement suffisantes pour les cultures vivrières sans irrigation. Elle comprend la vallée du fleuve Niger (550 km dans la république du Niger) et sa rive droite jusqu’à la frontière du Burkina, et une bande d’une centaine de kilomètres de profondeur le long de la frontière du Nigeria. Elle s’amincit au fur et à mesure que l’on s’approche du lac Tchad, une des plus grandes étendues d’eau du continent, bordée de papyrus, à la profondeur et à la superficie sujettes à de grandes variations selon la pluviosité et l’évaporation.

2.2 Climat

Le climat du Niger est chaud et sec. Les pluies, parfois inexistantes ou ne dépassant guère 160 mm annuels dans le Nord en un seul mois, atteignent 600 mm sur les deux ou trois mois de la saison des pluies au nord de Niamey en zone sahélienne (de juillet à septembre). À la frontière du Bénin, dans le sud, où la saison humide dure de juin à octobre, elles peuvent dépasser les 800 mm par an. À Niamey, la température moyenne annuelle est de 29,4 °C.

2.3 Flore et faune

Le désert est totalement dépourvu de végétation dans les ergs et le Ténéré, mais des spécimens résiduels de flore méditerranéenne sont présents dans l’Aïr (olivier Laperrine, cyprès). La flore sahélienne (petites graminées, acacia) assure difficilement la subsistance des bovins et des chèvres dans le Centre-Sud, en particulier durant la saison sèche. Dans les savanes méridionales, les hautes herbes alternent avec des bosquets de forêts sèches dominées çà et là par de grands arbres comme le baobab, le tamarinier, le fromager et une espèce d’acajou. L’antilope addax, la gazelle et l’autruche étaient autrefois nombreuses dans les régions arides. Il y a des girafes au sud de Niamey ; dans les parcs protégés au sud de la rive droite du Niger, on trouve des buffles, diverses sortes d’antilopes, des éléphants et des lions. On peut voir des hippopotames dans le fleuve au nord de Niamey et jusqu’à la frontière du Mali. Le bœuf kanouri, doté de grosses cornes qui lui servent de flotteurs, peuple les rives et les îles du lac Tchad.

2.4 Ressources naturelles

Le Niger recèle des ressources naturelles diverses, dont beaucoup demeurent inexploitées en raison du caractère enclavé du pays. De vastes gisements de minerai riche en uranium sont exploités dans le nord, à Arlit et à Akouta. Les phosphates sont extraits dans la vallée du Niger, ainsi que le charbon et l’étain. Le sel fait l’objet d’une exploitation traditionnelle près d’Agadez (Teggida N’tessem), à Bilma, sur les bords du lac Tchad. On trouve également du fer, du cuivre, et on a découvert des traces de pétrole à la frontière libyenne.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ

Il existe au Niger six grandes communautés. Les Haoussa (54 p. 100) sont les plus nombreux. Ils vivent dans le Sud-Est près de la frontière nigériane, pratiquent l’agriculture vivrière et industrielle (coton et arachide) et le commerce à longue distance à travers le Sahara vers la Libye ; leur langue, le haoussa, est la langue véhiculaire parlée de Tripoli à Lagos. Les Djerma-Songhaï représentent le quart de la population et vivent dans la vallée du Niger de la culture du mil, du sorgho, de l’arachide et du coton. Dans le Sud-Ouest, les Peul vivent en symbiose avec les agriculteurs et sont semi-sédentarisés ; les Peul bororo du Sahel et de la région des dallols, peu islamisés et nomades, vivent essentiellement de leurs troupeaux. Les Béribéri-Mangas vivent également dans le sud et les Kanouris au bord du lac Tchad. Les Touareg pratiquent un nomadisme plus ou moins ample selon les régions qu’ils occupent (les montagnes de l’Aïr ou la vallée fossile de l’Azawagh). L’oasis de Bilma est habitée par les Toubou.

3.1 Démographie

En 2008, la population du Niger est d’environ 13,3 millions d'habitants. La densité moyenne est de 10,5 habitants au km², mais près de 90 p. 100 de la population habite le Sud agricole ; 23,3 p. 100 de la population est urbaine.

3.2 Découpage administratif et villes principales

Le Niger est divisé en huit départements, divisés à leur tour en districts et communes. Niamey (890 000 habitants), la ville la plus grande est également la capitale. Si Niamey est le grand centre administratif et regroupe la plupart des services, Zinder (120 900 habitants) est le grand pôle économique de l’est du pays, ouvert sur le Nigeria. Maradi, dans le sud, compte 113 000 habitants et Tahoua, au centre, 51 600 habitants ; Agadez, dans l’Aïr, est très étalée et abrite plus de 50 000 habitants. La population de toutes ces villes a tendance à augmenter dans les périodes de sécheresse, les paysans et les nomades affluant alors dans leurs périphéries.

3.3 Langues et religions

La langue officielle est le français, mais le haoussa est la langue véhiculaire pratiquée par les commerçants et comprise par la plupart des Nigériens. D’autres langues africaines, comme le peul, le tamachek (langue des Touareg) et le djerma, sont aussi très répandues et comprises par les voisins des locuteurs.

Les quatre cinquièmes des Nigériens sont des musulmans sunnites, parfois regroupés en confréries. Selon leur communauté, ils sont influencés par les croyances traditionnelles (rites agraires, etc.) ; la région de Zinder, proche des émirats musulmans du nord du Nigeria, est plus soumise au fondamentalisme religieux et à son influence dans le domaine politique. Il existe une petite minorité de chrétiens, constituée notamment d’émigrés des pays de la Côte (Bénin, Togo).

3.4 Éducation

Même si l’école est gratuite et obligatoire entre 7 et 12 ans, seuls 40 p. 100 des enfants nigériens en âge scolaire bénéficient de l’enseignement, en raison du manque d’instituteurs, de la grande dispersion de la population, du nomadisme et de la persistance de préjugés vis-à-vis de l’école chez de nombreux parents ; le taux d’alphabétisation atteint seulement 19 p. 100. Ces chiffres sont parmi les plus faibles d’Afrique et du monde. Ils cachent d’importantes disparités entre zones urbaines et rurales, mais aussi entre filles et garçons, plusieurs raisons socio-économiques et religieuses limitant la scolarisation des jeunes filles en milieu rural. L’accès à l’éducation, crucial pour le développement du pays, est une priorité pour le gouvernement nigérien (augmentation des infrastructures scolaires, expériences d’enseignement par la télévision, etc.).

Les principaux établissements d’enseignement supérieur sont l’Université Abdou Moumouni de Niamey (fondée en 1971) et l’Université islamique du Niger (fondée en 1984).

3.5 Culture

L’influence de l’islam, en provenance d’Afrique du Nord, pour l’ouest du pays, et de la Libye et du Nigeria pour l’est (région de Zinder), se fait fortement sentir ; elle est liée au développement de l’ancien réseau transsaharien. Plusieurs organismes privés gèrent leur propre bibliothèque. Sur une grande superficie, en plein centre de Niamey, le Musée national du Niger regroupe une bibliothèque, un musée, un zoo, un Institut des sciences humaines et un centre artisanal traditionnel.

3.6 Institutions et vie politique
3.6.1 Historique

Le Niger, gouverné par l’armée de 1974 à 1989 après le coup d’État du lieutenant-colonel Seyni Kountché contre le président Hamani Diori, entre à partir de 1991 dans une période de démocratisation entravée par de graves troubles politiques. Une nouvelle Constitution, approuvée par référendum en décembre 1992, instaure une démocratie pluraliste. À l’issue du coup d’État perpétré en 1996 par le colonel Ibrahim Baré Maïnassara, une nouvelle Constitution adoptée par référendum par 90 p. 100 des votants (avec 35 p. 100 de participants au scrutin) consacre l’adoption d’un pouvoir fort. Cette Constitution est à son tour suspendue en avril 1999, après l’assassinat du président Maïnassara. Le processus démocratique aboutit la même année à un référendum constitutionnel et à la tenue d’une élection présidentielle. Le colonel à la retraite Mamadou Tandja, du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), l’ex-parti unique, est élu avec 60 p. 100 des suffrages exprimés contre Mahamadou Issoufou, du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS). Il est réélu en 2004.

3.6.2 Organisation des pouvoirs

Les institutions nigériennes sont régies par la Constitution de 1999, qui instaure un régime semi-présidentiel en rééquilibrant les pouvoirs entre le président, le Premier ministre et le Parlement. Le président de la République, qui est à la fois le chef de l’État et le chef du gouvernement, est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre et partage avec lui certaines responsabilités exécutives. Le pouvoir législatif est dévolu à un Parlement monocaméral, l’Assemblée nationale, dont les membres sont élus au suffrage direct pour cinq ans — en 2004, le nombre de députés passe de 83 à 113 afin de prendre en compte l’accroissement de la population nigérienne.

3.6.3 Partis politiques

La vie politique est dominée par le Mouvement national pour la société de développement (MNSD) du président Tandja. Le principal parti d’opposition est le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS). Les autres formations importantes du pays sont la Convention démocratique et sociale (CDS), le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP) et l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (ANDP) — ces trois formations sont dans la mouvance présidentielle.

4 ÉCONOMIE

Le Niger est l’un des pays les plus pauvres du monde. Son économie, qui repose sur l’agriculture vivrière et l’élevage, est exposée aux phénomènes de sécheresse qui caractérisent la région du Sahel — le Niger a notamment subi les effets désastreux de la sécheresse dans les années 1970 et connu une sécheresse moins rigoureuse durant les années 1980. Le pays tire la plupart de ses revenus de l’exportation de l’uranium. Le gouvernement nigérien dépend largement de l’aide bilatérale et internationale pour ses dépenses de fonctionnement et les investissements publics. Il bénéficie de prêts importants de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), notamment au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance et de l’initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés.

En 2006, le produit intérieur brut était de 3,7 milliards de dollars, soit 266,70 dollars par habitant.

4.1 Agriculture

La grande majorité des Nigériens vivent d’agriculture et d’élevage. L’élevage, qui se pratique dans les parties arides et semi-arides, constitue la grande activité agricole. En 2006, le cheptel compte 2,4 millions de bovins, 4,9 millions de moutons, 7,7 millions de chèvres, 439 000 chameaux et 106 000 chevaux (le chiffre concernant les bovins, les chèvres et les moutons peut varier considérablement d’une année à l’autre, car le nombre pléthorique de bêtes entretenues par les éleveurs du Sahel est surtout destiné à compenser les pertes éventuelles en cas de sécheresse).

L’agriculture vivrière et industrielle, dite « de rente « (arachide, coton), est spécifique à la région méridionale, plus arrosée. Les arachides sont la principale culture d’exportation. Le mil, le sorgho, le manioc, les haricots et le riz, dans les zones de décrue du fleuve, sont destinés à la consommation locale. Sur les quelque 2,7 millions d’hectares de terre arable, 40 000 sont irrigués.

La pêche se pratique dans le lac Tchad et dans le Niger pour la consommation locale. Pour l’année 2005, la production s’élève à 50 058 t. Il existe une pêche traditionnelle dans les mares au cours de la saison sèche.

4.2 Mines et industrie

Le sel, pour l’alimentation humaine, et le natron, pour l’alimentation animale, sont extraits depuis des siècles des dépressions saumâtres du désert et moulés sous forme de pains ou cônes (Teggida N’tessem, Bilma, Manga) ; dans le sud, en cas de nécessité, on extrait parfois par filtration le sel des terres salées. On trouve de l’étain dans l’Aïr et du fer près de Say, au sud de Niamey.

De vastes gisements d’uranium sont exploités dans le nord, à Arlit et à Akouta, le Niger figurant parmi les principaux producteurs d’uranium dans le monde. Les réserves sont estimées à plus de 170 000 t. La production d’uranium, qui a fléchi dans les années 1980 en raison d’une baisse de la demande, est stable autour de 3 000 t par an. Le Niger exploite également des gisements de charbon (la production était de 176 000 t en 2003).

L’industrie ne concerne que les produits alimentaires et la construction. Le secteur artisanal est très développé dans le traitement des cuirs. Les entreprises industrielles — très petites — sont, pour la plupart, implantées à Niamey et à Zinder.

4.3 Échanges
4.3.1 Banques et monnaie

Le Niger appartient à la zone franc et son unité monétaire est le franc CFA, divisible en 100 centimes. Il est émis par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), basée à Dakar, au Sénégal. En janvier 1994, le franc CFA a été dévalué de 50 p. 100 par rapport à son taux de change avec le franc français. Plusieurs banques pour le commerce et le développement sont installées dans le pays.

4.3.2 Commerce extérieur

En 2003, le Niger exportait pour environ 209 millions de dollars de marchandises, dont l’uranium représente la plus grosse partie en dépit des vicissitudes du marché. Les importations totalisaient à peu près 558 millions de dollars. Plus de 65 p. 100 de l’ensemble des exportations sont destinés à la France. Les autres grands partenaires commerciaux du Niger sont le Nigeria, le Japon, les États-Unis et la Côte d’Ivoire. Il existe un important commerce régional en direction des pays forestiers, portant essentiellement sur le bétail. Selon les cours pratiqués dans les pays frontaliers, la fraude sur le bétail, l’arachide et le coton est plus ou moins importante, notamment vers le Nigeria.

4.3.3 Transports et communications

Le Niger possède quelque 14 565 km de routes, dont 25 p. 100 seulement sont goudronnées. Des aéroports internationaux desservent Niamey, Zinder, Maradi et, dans une moindre mesure, Agadez. Les transporteurs fluviaux traditionnels assurent les échanges entre le delta intérieur du Niger et la capitale dans leurs grands bateaux à fond plat. Contrôlés par le gouvernement, les services de radio et de télévision diffusent des émissions en langues locales vers 1,3 million de récepteurs radio et 395 380 téléviseurs — soit 38,5 postes de télévision pour 1 000 habitants. Le quotidien du Niger est le Sahel (diffusion 5 000 exemplaires), publié à Niamey, où une dizaine d’hebdomadaires animent la vie politique.

5 HISTOIRE
5.1 Le peuplement des origines

De nombreux fossiles de dinosaures (iguanodons) du crétacé inférieur ont été trouvés à Tazolé, au sud-est de l’Aïr. On a mis au jour dans le massif de l’Aïr des vestiges de céramiques du VIIIe millénaire avant notre ère, contemporains de l’invention de la poterie dans d’autres régions du monde. La désertification du Sahara commencée à cette époque a repoussé ensuite vers le sud les populations d’agriculteurs et les céramistes, laissant la place à des communautés d’éleveurs de bovins, lesquels gravent sur les rochers de nombreuses représentations de leurs troupeaux (entre 2000 et 3000 av. J.-C.). Des gravures de cette époque témoignent également de la présence à cette latitude d’éléphants, d’hippopotames et d’une faune de savane abondante et variée. Le désert du Ténéré est riche en témoignages de la présence humaine au néolithique (abondant matériel de pierre : pointes de flèches, meules, etc.), jusqu’à la désertification de la région au Ier millénaire avant notre ère.

5.2 Un lieu d’échanges

Les territoires constituant le Niger actuel entrent ensuite dans l’histoire avec l’établissement de relations transsahariennes au Moyen Âge, vers le Maroc, par la vallée du Niger et Tombouctou (empires du Mali et du Songhaï), vers la Tunisie (Ifriqiya) à travers le Sahara central, et vers la Libye et l’Égypte par le Fezzan et le Tchad (empire de Kanem-Bornou et États haoussa). Cette diversité explique la permanence des deux grands pôles de développement culturel et économique du pays : la vallée du Niger (Niamey), et le bassin du Tchad (Zinder).

Le commerce régional porte sur l’échange de sel et de mil entre le Sahara central riche en gisements de sel et la savane, productrice de mil, ainsi que sur la noix de cola produite dans les zones forestières. Ses voies de communication sont très tôt pénétrées par les missionnaires musulmans, puis contrôlées par les nomades islamisés (Touareg, Toubou). Les États haoussa islamisés dominent le Niger méridional du xe siècle au début du xixe siècle, époque à laquelle ils sont soumis par la guerre sainte des Peul menés par Ousman dan Fodio. Les Songhaï exercent une forte influence sur la vallée du fleuve durant la dernière partie du Moyen Âge, tandis que l’empire de Kanem-Bornou domine la frontière orientale. Les Touareg arrivent par vagues de l’Aïr à partir du xie siècle environ, se répandent dans l’Azawagh et commencent à lancer des raids sur les sédentaires du Sud ; au xve siècle, ils établissent un sultanat à Agadez.

5.3 La colonisation

Les premiers Européens à entrer dans cette région sont le chirurgien et explorateur écossais Mungo Park, durant son second voyage, et les explorateurs allemands Heinrich Barth, en route pour Tombouctou, et Eduard Vogel. Les Français entrent dans la région vers 1890, atteignent le lac Tchad et luttent contre Rabah, dont l’influence s’étend sur le Bornou ; ils mettent longtemps à réduire la résistance des Touareg de l’Aïr. En 1900, ils font du Niger un territoire militaire administré à partir de l’ancien sultanat de Zinder. Le Niger devient une colonie en 1921, administrée à partir de Niamey pour rééquilibrer les pouvoirs économiques et politiques locaux des émirs de l'Est, diminuer le poids de la communauté haoussa de Zinder ainsi que l’influence du nord du Nigeria, une région riche et peuplée. Territoire d’outre-mer en 1946, puis république autonome au sein de la Communauté française en 1958, malgré une campagne pour le « non « au référendum de Djibo Bakary, opposé au chef du gouvernement Hamani Diori.

5.4 Le Niger indépendant
5.4.1 La présidence de Hamani Diori (1960-1974)

Le Niger accède à l’indépendance le 3 août 1960 et Hamani Diori est élu président par l’Assemblée nationale. Djibo Bakary, contraint à l’exil à la veille de l’indépendance et qui bénéficie du soutien du camp progressiste (Nkrumah, Sékou Touré), tente sans succès de prendre le pouvoir par la force ; en avril 1965, le président Diori échappe à une tentative d’assassinat ; il est réélu la même année, soutenu par le Parti progressiste nigérien (PPN), qu’il avait fondé à partir de la section nigérienne du Rassemblement démocratique africain (RDA). En 1973, le Niger est l’un des six pays sahéliens à souffrir d’une sécheresse qui affecte particulièrement les nomades. Accusé de corruption et d’incapacité dans la gestion des secours, le président Diori est renversé par un coup d’État militaire en avril 1974 et exilé dans l’est du pays.

5.4.2 Le gouvernement militaire de Seyni Kountché (1974-1987)

Le Niger est ensuite gouverné par un Conseil militaire suprême, dirigé par le lieutenant-colonel Seyni Kountché. Son programme porte sur le redressement économique consécutif à la sécheresse et sur la poursuite de la coopération avec la France, notamment en matière d’exploitation de l’uranium (signature d’un nouvel accord économique en 1977).

Complots et tentatives de coup d’État se succèdent durant les cinq premières années de pouvoir de Seyni Kountché. En novembre 1987, celui-ci meurt d’une tumeur au cerveau et est remplacé à la présidence par Ali Seybou, son chef d’état-major.

5.4.3 Le pouvoir rendu aux civils (1989-1996)

Ali Seybou libère Hamani Diori, puis est élu président en 1989 après le vote d’une nouvelle Constitution qui ramène les civils au pouvoir, mais dans le cadre d’un parti unique. En 1990, une vague de grèves et de manifestations le conduit à légaliser les partis d’opposition. Une conférence nationale, réunie en juillet 1991, met en place un gouvernement de transition dirigé par André Salifou. En 1992, une nouvelle Constitution est approuvée par référendum, et des élections générales, en février 1993, voient la victoire de l’Alliance des forces du changement (AFC). Lors de l’élection présidentielle du mois suivant, Mahamane Ousmane, chef d’un parti membre de l’AFC, est élu président.

Les vingt et un premiers mois du nouveau gouvernement sont animés. Le Premier ministre, issu de l’AFC et imposé par le président malgré l’opposition de la majorité, est renversé en février 1995. L’Assemblée est dissoute par le président, mais de nouvelles élections confirment la victoire de l’opposition. Le Mouvement national pour une société de développement (MNSD, ex-parti unique) arrive en tête avec vingt-neuf sièges, et s’allie avec plusieurs partis d’opposition pour former un gouvernement. Le nouveau Premier ministre, Hama Amadou, entre rapidement en conflit avec le président, alors que le pays se trouve au seuil de la banqueroute.

5.4.4 Le putsch du colonel Maïnassara (1996-1999)

Au printemps 1996, l’armée prend de nouveau le pouvoir ; l’auteur du putsch, le colonel Ibrahim Baré Maïnassara, organise le vote d’une nouvelle Constitution de type présidentiel, adoptée par 90 p. 100 des votants (35 p. 100 du corps électoral).

Depuis la fin des années 1980, les Touareg réclament un partage des richesses plus équitable, et une guérilla sporadique ensanglante l’Aïr, malgré des accords de paix toujours remis en question. En 1997-1998, la crise économique causée par la chute des cours de l’uranium entraîne un profond malaise politique (dissolution du gouvernement), des grèves de fonctionnaires et d’étudiants et des mutineries dans l’armée, qui réclame le paiement des soldes. En avril 1999, le président Maïnassara, dont l’image s’est fortement dégradée dans le pays en raison de son népotisme et de son refus de tout dialogue avec l’opposition, est assassiné par des militaires sur l’aérodrome de Niamey. Son successeur, le commandant Daouda Mallam Wanké, chef de la Garde présidentielle, pour qui cette mort est un « malencontreux accident «, est nommé chef de l’État par un Conseil de réconciliation nationale composé uniquement de militaires. L’armée, qui a promis de rendre le pouvoir aux civils, interdit les partis politiques et confirme la tenue d’un référendum constitutionnel en juin et d’une élection présidentielle au suffrage universel à la fin de l’année, cruciale pour la reprise de l’aide étrangère. En novembre, le colonel à la retraite Mamadou Tandja, du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), l’ex-parti unique, est élu avec 60 p. 100 des suffrages exprimés contre Mahamadou Issoufou, du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS). Le scrutin est suivi au mois de janvier par la nomination à la tête d’un gouvernement d’alliance de l’ancien Premier ministre Hama Amadou. De son côté, le commandant Wanké, qui a tenu à ce que l’armée conserve une stricte neutralité, s’engage à la faire « retourner dans la caserne «.

5.4.5 Mamadou Tandja et la poursuite de la démocratisation (1999- )

À l’issue du scrutin de 1999, le Niger, qui est l’un des pays les plus pauvres et les plus endettés du monde, peut de nouveau bénéficier de l’aide vitale des institutions financières internationales. Le gouvernement lance un programme de lutte contre la pauvreté tout en mettant en œuvre des mesures drastiques pour assainir les finances de l’État et en accroissant les investissements publics (dans le secteur des infrastructures routières notamment). Il parvient à réduire le déficit budgétaire et à maîtriser l’inflation. Parallèlement, conformément aux accords avec les bailleurs de fonds, il s’engage dans un plan de privatisations (dans les domaines de la téléphonie et de la distribution d’eau potable) et s’emploie à améliorer la régularité et la transparence des marchés publics.

Au niveau politique, la reprise en main du pays par un gouvernement civil est mise à l’épreuve en août 2002 par des soulèvements de soldats qui réclament le paiement de leur solde et une amélioration de leurs conditions de vie. Les forces loyalistes parviennent rapidement à réprimer les mutins. Les mutineries sont toutefois suivies de mesures visant à contrôler les médias et de l’emprisonnement de plusieurs journalistes. En dépit de ces réserves, l’édification de la démocratie nigérienne se poursuit, avec notamment les élections générales de novembre-décembre 2004. À l’issue d’un scrutin jugé « démocratique, libre et transparent « par les observateurs nationaux et internationaux, le président Mamadou Tandja est réélu au second tour avec 65,5 p. 100 des suffrages face au leader socialiste Mahamadou Issoufou. La mouvance présidentielle conforte sa majorité à l’Assemblée nationale. Fort des prêts qui lui sont accordés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), et bénéficiant du soutien de l’Union européenne, le gouvernement doit relever d’importants défis en matière sociale, en particulier dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’emploi.

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