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Othon DE CORNEILLE (fiche de lecture)

Publié le 30/04/2011

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corneille

Rappelons d'abord que cette tragédie, aujourd'hui illisible, fut accueillie avec faveur et que Corneille la tenait en grande estime. « Si mes amis ne me trompent, dit-il, dans sa Préface, cette pièce égale ou passe la meilleure des miennes. Quantités de suffrages illustres et solides se sont déclarés pour elle, et si j'ose y mettre le mien, je vous dirai que vous y trouverez quelque justesse dans la conduite et un peu de bon sens dans le raisonnement. « Tâchons de voir ce que Corneille appelle la justesse et le bon sens.

corneille

« Il sera votre maître et je serai sa femme.Le temps me donnera sur lui quelque pouvoir,Et vous pourrez alors vous en apercevoir.Voilà les quatre mots que j'avais à vous dire.débat : « Les prétoriens, annonce-t-il, ne veulent pas de Pison.

C'est vous qu'ils réclament.

Allez-y et l'Empire est àvous ».

Othon se décide à partir.

«Bonne affaire, explique Vinius.

Au fond je ne sais pas trop qui l'emportera.

Mais tun'auras qu'à épouser le vainqueur ».

Plautine se révolte : « Petite sotte rétorque son père :Que tu vois mal encor ce que c'est que l'Empire.Si deux jours seulement tu pouvais l'essayer,Tu ne croirais jamais le pouvoir trop payer ;Et tu verrais périr mille amants avec joieS'il fallait tout leur sang pour t'y faire une voie.Aime Othon, si tu peux t'en faire un sûr appui ;Mais, s'il en est besoin, aime-toi plus que lui...Entrevue de Camille et de Plautine qui échangent des insolences.

Survient Martian.

« Vous aimez Plautine ? — Oui,Madame, malgré ses mépris — Eh bien ! je puis vous la donner.

Je dois épouser le nouveau César, Pison.

Je ne luiaccorderai ma main que si Plautine vous épouse ».

Et tout soudain la calme Camille devient aussi frénétiquequ'Amalfrede...

ou Hermione :Je veux qu'aux yeux d'Othon vos désirs soient[contents ;Que lui-même il ait vu l'hymen de sa maîtresseLivrer entre vos bras l'objet de sa tendresse,Qu'il ait ce désespoir avant que de mourir ;Après à son trépas vous me verrez courir.Mais cette frénésie n'est qu'une ruse.

Il s'agissait seulement d'entraver les desseins de Martian, de l'empêcher defaire périr Othon.

Ruse inutile.

Rutile vient annoncer que des mutins ont proclaméOthon empereur.

Mais s'il est empereur, il épousera Plautine.

Et Camille qui était passée du courroux à l'amourdéclare :Qu'on repasse aisément de l'amour au courroux. ACTE VGalba est fort embarrassé : « Othon est contre moi Mais qui de Camille, de Vinius, de Plautine, de Lacus, de Martianest pour moi ou contre moi? Dissimulons ».

Conseil entre Galba, Camille, Vinius, Lacus.

Les avis sont fort différentset Galba est de plus en plus embarrassé.

Heureusement on vient annoncer qu'Othon est mort.

Plautine, qui vientd'entrer, est désespérée.

Elle repousse avec mépris la déclaration de Martian.

Sur ces entrefaites deux soldatsentrent et annoncent qu'il y a une petite erreur.

Ce n'est pas Othon qui est mort, mais Pison.

On vient d'apporter àOthon la tête de Pison.

Plautine serait toute à la joie si elle n'était pas troublée par un sombre pressentiment.

Et cepressentiment était juste, On annonce que dans sa fureur de vaincu, Lacus a tué Vinius et Galba avant de se tuerlui-même.

Enfin Othon arrive en vainqueur pendant que Plautine se retire pour pleurer son père.Une pareille tragédie retient quelque chose de la tragédie galante.

L'amour et les rivalités d'amour y tiennent unelarge place.

Othon adore Plautine qui l'adore.

Camille adore Othon.

Martian adore Plautine.

On retrouve, avec moinsde complexité le thème des amours sans réciprocité avec des conséquences de jalousies et de colères.

Surtoutl'amour n'est pas délibérément sacrifié à un « grand intérêt ».

Othon ne dit jamais : « Mourons plutôt que derenoncer à Plautine»; mais il ne dit pas non plus, comme Vinius : « Sacrifions l'amour pour conquérir le pouvoir ».Pauline le dit, mais sans grande conviction.

Pour Othon, Plautine, Camille, l'amour importe assurément plus que lagloire et la puissance.

Même il arrive à Othon d'emprunter directement aux Précieuses l'un de leurs rêves les pluschers.

Presque toutes sont déjà en un sens des féministes.

Elles ne s'intéressent qu'à l'amour.

Elles discutent,d'ailleurs, plus que de toute autre chose, de l'amour.

Leurs romans sont, avant tout, des romans d'amour.

Orjustement, comme nous l'avons dit, les mœurs excluent l'amour de leur vie, du moins si elles veulent resterhonnêtes.

Les jeunes filles ne choisissent jamais leur mari.

Ce sont les parents qui les donnent à des époux que trèssouvent elles n'ont jamais vu et qu'elles ne peuvent pas aimer.

L'Eulalie de la Précieuse de l'abbé de Pure protesteavec une âpre violence contre cet « esclavage ».

Nulle des Précieuses n'ose prêcher une révolte impossible.

Un fondde couvent bien austère aurait raison des révoltées.

Mais on invente un accommodement.

En se mariant on n'apromis, on n'a pu promettre que la fidélité de son corps.

Et la morale n'en demande pas d'autre.

On a le droit dedonner son cœur et son esprit à un amant assez noble pour ne solliciter rien d'autre.

C'est la consolation de la «belle amitié ».

Et c'est celle que, dans son embarras, Plautine propose à Othon (sans se douter qu'elle parle commel'Armande des Femmes savantes) :Il est un autre amour dont les vœux innocents S'élèvent au-dessus du commerce des sens.

Plus la flamme en estpure et plus elle est durable ; Il rend de son objet le cœur inséparable.

Il a de vrais plaisirs dont ce cœur est charméEt n'aspire qu'au bien d'aimer et d'être aimé.L'idéal galant a donc exercé son influence sur Othon.

En 1664 on ne peut pas, même quand on est Corneille, ne paslui faire sa place dans une tragédie.

Et ce sera même la plus grande place dans Agésilas.

Ce n'est pourtant pas unetragédie galante.

Dans des pièces comme Timocrate ou Amalasonte ou bien d'autres les grands intérêts politiques nejouent aucun rôle.

La guerre dans Timocrate n'a pas d'autre raison d'être que de mettre Timocrate dans unesituation sentimentale qui semble sans issue.

Dans Amalasonte Clodésile poursuit bien si l'on veut un grand intérêtpuisque la vengeance à laquelle il se voue semble au XVIIe siècle plus qu'un droit et est une sorte de devoir.

MaisClodésile ne sert à rien puisque sa tentative d'assassinat échoue piteusement.

Tous les autres personnages,Amalasonte, Amalfrede, Théodat ne pensent qu'à l'amour, n'agissent que pour l'amour.

Et l'histoire, avec quelques. »

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