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Palacký, Pour la liberté des peuples slaves (extrait)

Publié le 13/04/2013

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Panslave et nationaliste tchèque, attaché au réveil de sa langue, l’historien František Palacký publie de nombreux ouvrages en tchèque, notamment son œuvre maîtresse, Histoire de la nation tchèque en Bohême et en Moravie. Entré en politique durant la Révolution de 1848 à Prague, il lutte sa vie durant « pour la liberté des peuples slaves «.

Pour la liberté des peuples slaves de František Palacký

 

[…] C’est pour moi un acquis non négligeable de ne plus trouver de raison de redouter une monarchie russe universelle. Nul ne s’en étonnera, s’il envisage quelles circonstances exceptionnelles seraient nécessaires à son établissement. Encore moins me tiendra-t-on rigueur d’avoir vu en elle ce que je continuerais à y voir aujourd’hui « un mal indicible «, « un malheur sans fond ni limites. « Étant donné que toutes les nations courageuses se dresseraient contre elle jusqu’à leur dernier sou, jusqu’à leur dernière goutte de sang, cette monarchie ne voudrait dire que contrainte, asservissement, mise en esclavage parfaite de toute l’Europe civilisée et signifierait pour l’humanité répression et étouffement de tous les efforts, de toutes les pensées libres et nobles. Russe ou non, aucun monarque universel ne serait capable, même avec la meilleure volonté, de s’ériger en Titus ou en Trajan ; car d’infinies révoltes, d’innombrables résistances, qui éclateraient ici et là pour tenter de recouvrer la liberté perdue, forceraient le plus sincère des philanthropes à une sévérité qui, autrement, lui aurait fait horreur. J’abrège d’autant plus volontiers ces réflexions, que j’ai pu mieux me convaincre qu’elles n’étaient pas d’actualité. Les Russes éclairés, dont le nombre n’est pas négligeable, ne veulent pas que leur empire élargisse ses frontières à l’ouest. De s’y trouver acculés pour une cause ou une autre serait à leurs yeux un accident. La superficie de l’empire est déjà si énorme que chaque agrandissement augmenterait les difficultés du gouvernement et l’incorporation de nouveaux éléments nationaux menacerait d’altérer ultérieurement le caractère de l’histoire russe. C’est à tort qu’on interprète la sympathie et l’attirance naturelles des Russes pour leurs frères de race et de religion opprimés en Turquie et en Autriche comme une volonté de les soumettre. La conquête et l’annexion de Constantinople, surtout, seraient perçues par les Russes cultivés comme un malheur vrai puisqu’il serait fou de penser l’assimiler au reste de l’Empire, et que ni le tzar ni aucun patriote raisonnable ne peut souhaiter le dédoublement du gouvernement. Ce que les politiciens russes veulent en Europe, c’est de ne pas se trouver confrontés sur leurs frontières occidentales à de très puissants États ennemis. Leur attitude déplorable envers les Polonais ne change rien à cet égard. […]

 

 

Source : Palacký (F.), Pour la liberté des peuples slaves, 1873, cité dans l’Autre Europe, traduit par C. Gahoral, 1985.

 

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