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Extrait 4 Stella (Livre VI, 15) : "Je m'étais endormi la nuit près de la grève .... C'est l'ange Liberté, c'est le géant Lumière !" - Jersey, juillet 1853.

Publié le 16/03/2015

Extrait du document

L'évocation s'appuie d'abord sur la présence du poète et sur le caractère de la « vision « (v. 1 : « Je m'étais endormi... ;v . 3 : « J'ouvris les yeux, je vis... «) et sur ses sensations (v. 4-5) ; le poète est donc à l'origine de la vision, dans sa fonc­tion de médiateur ou de prophète ; mais très vite il laisse la place au spectacle qu'il a sous les yeux et qui se déroule alors de manière impersonnelle (« On croyait voir «, v. 10), comme si l'on découvrait un pur fragment du monde originel. L'étoile du matin est le signe premier, l'emblème de cette métamorphose du monde 

« • • l E C T U R E S MÉTHODIQUES Aquilon s'enfuyait emportant la tourmente.

L'astre éclatant changeait la nuée en duvet.

C'était une clarté qui pensait, qui vivait ; Elle apaisait !'écueil où la vague déferle ; 10 On croyait voir une âme à travers une perle.

Il faisait nuit encore, !'ombre régnait en vain, Le ciel s'illuminait d'un sourire divin.

La lueur argentait le haut du mât qui penche ; Le navire était noir, mais la voile était blanche ; 15 Des goélands debout sur un escarpement, Attentifs, contemplaient l'étoile gravement Comme un oiseau céleste et fait d'une étincelle; L'océan, qui ressemble au peuple, allait vers elle, Et, rugissant tout bas, la regardait briller, 20 Et semblait avoir peur de la faire envoler.

Un ineffable amour emplissait l'étendue.

L'herbe verte à mes pieds frissonnait éperdue, Les oiseaux se parlaient dans les nids ; une fleur Qui s'éveillait me dit: c'est l'étoile ma sœur .

• 25 Et pendant qu'à longs plis l'ombre levait son voile, J'entendis une voix qui venait de !'étoile • • Et qui disait: -Je suis l'astre qui vient d'abord.

Je suis celle qu'on croit dans la tombe et qui sort.

J'ai lui sur le Sina, j'ai lui sur le Taygète, 30 Je suis le caillou d'or et de feu que Dieu jette, Comme avec une fronde, au front noir de la nuit.

Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit.

Ô nations ! je suis la Poésie ardente.

J'ai brillé sur Moïse et j'ai brillé sur Dante.

35 Le lion océan est amoureux de moi.

J'arrive.

Levez-vous, vertu, courage, foi! Penseurs, esprits, montez sur la tour, sentinelles ! Paupières, ouvrez-vous ! allumez-vous, prunelles, • 40 • Terre, émeus le sillon ; vie, éveille le bruit ; Debout, vous qui dormez ! -car celui qui me suit, Car celui qui m'envoie en avant la première, • • • • C'est l'ange Liberté, c'est le géant Lumière! Jersey, juillet 1853 .

- Le poème intitulé« Stella» (l'étoile, en latin) repose sur une esthétique symboliste où l'étoile, personnifiée, symbolise l'annonce d'un change­ ment ; le poème peut ainsi être mis en rapport avec le premier poème du Livre VII ( « Sonnez, sonnez, toujours clairons de la pensée », voir extrait suivant) dans la mesure où tous deux mettent en scène le monde nouveau qui vient et qui condamne l'ordre ancien sclérosé.

La singularité de « Stella » vient de la longue évocation impressionniste qui peint le cadre poétique à travers lequel on accède à l'ordre de la révélation.. »

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