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Paul Valéry, Variété, I et II

Publié le 22/02/2012

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  « Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l'épaisseur de l'histoire, les fantômes d'immenses navires qui furent chargés de richesse et d'esprit. » La crise de l'esprit   « Les circonstances qui enverraient les oeuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les oeuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux » La crise de l'esprit

« pessimisme, il songe malgré lui que le pessimisme a produit quelques œuvres de premier ordre.

Au lieu de s'abimer dans le néantmental, il tire un chant de son désespoir.

» La crise de l'esprit « Fidèle seulement à toutes les délices de la journée (mais encore à la condition qu'elles se donnent d'elles-mêmes, et qu'il ne faillepas les poursuivre ni les retenir fortement), on dirait qu'il suffise à sa destinée de détruire par un fil de soie ce que chaque instantcontient de plus doux : elle en tire fragilement des heures infinies.

» Au sujet d'Adonis « La véritable condition d'un véritable poète est ce qu'il y a de plus distinct de l'état de rêve.

Je n'y vois que recherchesvolontaires, assouplissement des pensées, consentement de l'âme à des gênes exquises, et le triomphe perpétuel du sacrifice.Celui même qui écrire son rêve se doit d'être infiniment éveillé.

» Au sujet d'Adonis « Ecrire des vers réguliers, c'est là se remettre sans doute à une loi étrangère, assez insensée, toujours dure, parfois atroce ; elleécarte de l'existence un infini de belles possibilités ; elle y appelle de très loin une multitude de pensées qui ne s'attendaient pas àêtre conçues.

» Au sujet d'Adonis « Mais suivez le chemin de votre pensée irritée, bientôt vous rencontrerez cette inscription infernale : ‘ Il n'est rien de si beau que ce qui n'existe pas ' » Au sujet d'Adonis « L'orgueil les conseilla.

Il est, chez les hommes de l'esprit, une nécessité vitale.

» Avant-propos « La tradition, l'intelligibilité, l'équilibre psychique, qui sont les victimes ordinaires des mouvements de l'esprit vers son objet, ontquelquefois souffert de notre dévotion à la plus pure beauté.

Nous fûmes ténébreux quelquefois ; et quelquefois puérils.

Notrelangage ne fut pas toujours aussi digne de louanges et de durée que notre ambition le souhaitait ; et nos innombrables thèsespeuplent mélancoliquement les doux enfers de notre souvenir… » Avant-propos « La poésie absolue ne peut procéder que par merveilles exceptionnelles ; les œuvres qu'elle compose entièrement constituentdans les trésors impondérables d'une littérature ce qui s'y remarque de plus rare et de plus improbable.

Mais, comme le videparfait, et de même que le plus bas degré de la température, qui ne peuvent pas être atteints, ne se laissent même pas approcherqu'au prix d'une progression épuisante d'efforts, ainsi la pureté dernière de notre art demande à ceux qui la conçoivent de silongues et de si rudes contraintes qu'elles absorbent toute la joie naturelle d'être poète, pour ne laisser enfin que l'orgueil de n'êtrejamais satisfait.

» Avant-propos « J'avais vingt ans, et je croyais à la puissance de la pensée.

Je souffrais également d'être, et de ne pas être.

Parfois je me sentaisdes forces infinies.

Elles tombaient devant les problèmes ; et la faiblesse de mes pouvoirs positifs me désespérait.

J'étais sombre,léger, facile en apparence, dur dans le fond, extrême dans le mépris, absolu dans l'admiration, aisé à impressionner, impossible àconvaincre.

J'avais foi dans quelques idées qui m'étaient venues.

Je prenais la conformité qu'elles avaient avec mon être qui lesavait enfantées, pour une marque certaine de leur valeur universelle : ce qui paraissait si nettement à mon esprit lui paraissaitinvincible ; ce que le désir engendre est toujours ce qu'il y a de plus clair.

» Au sujet d'Eurêka « Rien de plus intéressant pour l'amateur de drame et de comédie intellectuels que l'ingéniosité, l'insistance, les escamotages,l'anxiété d'un inventeur aux prises avec sa propre invention dont il connait admirablement les vices, dont il veut nécessairementfaire voir toutes les beautés, exploiter tous les avantages, dissimuler les misères, et qu'il veut, à tout prix, rendre semblable à ce. »

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