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LE PEUPLE JUIF ET LES LIVRES SAINTS

Publié le 23/03/2011

Extrait du document

Les avantages du peuple juif ; Grotius et Hobbes. — L'Ecriture est un « Chiffre « ; Pascal et Spinoza. — Pourquoi Dieu s'est voulu cacher.    Moïse, avant de mourir, gravit le Mont Nebo. Il aperçut la terre Promise où il avait amené son peuple ; mais il n'y put entrer lui-même, car il mourut.    Pascal fait gravir le Mont Nebo aux âmes de bonne volonté ; mais il accompagne leur marche jusque dans la Vallée Heureuse où se trouve le repos, et jusqu'aux pieds même de Jésus-Christ, où lui-même est allé avant eux.    Cette dernière partie du voyage, où la marche n'est plus guidée par des réflexions sur l'homme et la Nature, par les étoiles et la terre, par les sentiments de l'âme et l'inquiétude du cœur, se poursuivra sur une route déjà marquée de traces de pas et d'inscriptions. Le voyageur ne risque pas de s'y égarer, s'il suit les bornes milliaires.

« Examinons ce témoignage si bien conservé, lisons le livre si scrupuleusement gardé. il ne faut pas croire que tout d'un coup les prophéties et les miracles vont s'imposer à nous, comme un Bossuetsemble le promettre dans son Discours sur l'Histoire universelle. Au contraire ! Ce qui frappe Pascal avant tout, ce sont les « contradictions » et les « contrariétés » des prophéties; et c'est l'obscurité des miracles. Et pourtant, Pascal le dit, il ne faut pas choisir; par exemple quand on veut prendre un portrait, on ne fait pas unchoix entre les caractères qui se contrarient : le peintre les unit et les « accorde » ; ainsi pour l'Ecriture : il fauttout accepter. On ne peut faire une bonne physionomie qu'en accordant toutes nos contrariétés, et il ne suffit pas de suivre unesuite de qualités accordantes, sans accorder les contraires.

Pour entendre les sens d'un auteur, il faut accordertous les passages contraires.

Ainsi pour entendre l'Ecriture, il faut avoir un sens dans lequel tous les passagescontraires s'accordent.

Il ne suffit pas d'en avoir un qui convienne à plusieurs passages accordants, mais d'en avoirun qui accorde les passages même contraires...

(684). Par quelle méthode ici, devant tant de contrariétés, arriver à l'accord ? En considérant l'Ecriture comme une figure ou comme un chiffre. Une figure est le portrait d'une personne réelle, une figure représente cet être réel ; et en même temps, elle rappellequ'il est absent.

« Un portrait porte absence et présence, plaisir et déplaisir (678 et 677).

» Un chiffre est la représentation abstraite d'une quantité réelle ; il permet de raisonner sur la quantité réelle sans lamanier ou même sans en connaître la nature.

« Chiffre a un double sens : un clair et un où il est dit qu'un sens estcaché : 677.

» L'Ecriture a donc les propriétés du « Chiffre » et de la « Figure ».

Elle est figurative.

Dans notre langage actuel,Pascal aurait dit qu'elle est un Symbole. Un symbole vit, évolue, se développe indépendamment de sa signification mystique. Magnifique, il garde sa magnificence propre ; pauvre, il garde sa pauvreté propre, comme s'il n'avait point de senscaché.

Cependant il évoque et il suscite une réalité sous-jacente, qui n'est pas enchaînée à son développement etqui en est mieux exprimée que si elle y était liée.

Il n'est pas un calque.

Il n'est pas une transposition.

Il n'est pas unvêtement.

Il est le voile flottant librement, sous lequel on sent le corps. Pour entendre un symbole, il faut la clef ; pour interpréter un chiffre, il faut la clef.

Pour connaître un portrait il fautle nom. Le nom du portrait, c'est Jésus-Christ.

La clef du symbole et du chiffre, c'est Jésus-Christ et la Charité de Jésus-Christ : « Clef du chiffre, écrit Pascal : Venite adoralores.

Ecce qui tollit peccata mundi.

» De même Spinoza a traité l'Ecriture sainte comme une Figure et un Chiffre.

Mais pour lui, la clef et le chiffre étaientla raison, non l'amour,, On devine que Pascal ne s'est pas contenté là-dessus d'affirmations rapides et d'idées improvisées.

Il a beaucoupréfléchi sur le symbolisme de l'Ecriture.

Il a lu, par exemple, un énorme ouvrage du Moyen Age, Le Pugio Fidei,composé par un dominicain, le P.

Martini, au XIIIe siècle, avec des documents judaïques, confisqués aux juifs dutemps de Saint Louis.

Ce traité venait de paraître.

Il avait été publié et commenté en 1654 par un hébraïsantbordelais, Joseph de Voisin (Voir Pascal et son temps, t.

III, p.

259, 288). Outre cela, Pascal a essayé de fixer les limites au delà desquelles le symbolisme devient un abus et une erreur. Enfin, il a étudié le problème du symbolisme ou du chiffre dans sa plus grande généralité, comme il faisait pour tousles autres problèmes.

Les indications qu'il nous donne restent encore obscures et pleines de mystère ; il a dû allertrès loin.

Parfois, j'ai l'impression qu'il rejoignait l'état d'esprit des Grands Initiés.

Mais ce n'est là qu'une impressiontoute personnelle.

D'ailleurs, pour lui, toute chose devient symbole, par cercles superposés ; les matérielles étant lesymbole des spirituelles et les spirituelles celui de la Charité.

C'est l'état "d'esprit du géomètre et du mathématicienhabitué à manier bs symboles mathématiques et à n'exprimer la nature que par de tels symboles. Avec cette méthode, Pascal interprète les Prophètes et commente la tradition.

Avec elle, il prouve les miracles.

Il yajoute toutes les autres preuves, par exemple le ton naturel des apôtres quand ils parlent de ce qu'ils ont vu, leursconstances à maintenir leur témoignage au prix de leur vie, etc.

Il examine et pèse les objections, il écartel'hypothèse des apôtres fourbes, la « fable d'Esdras », etc.

pour en venir à la difficulté fondamentale qui le ramèneraà certaines « ramifications » importantes du Pari.. »

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