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Philosopher, c'est secouer le joug de l'Autorité. En quoi cette définition nous éclaire-t-elle sur la littérature des Lumières ?

Publié le 20/02/2012

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Madame du Deffand, une comtesse française et amie des philosophe des Lumières a déclaré que « philosopher, c’est secouer le joug de l’autorité. », c’est-à-dire, s’émanciper des contraintes imposées par les deux  formes dominantes d’autorité du XVIIIème siècle: la monarchie absolue et la religion. De plus, les philosophes des Lumières s’intéressent particulièrement à l’homme et à ses droits alors pour repenser les bases de la morale et de la société, ils s’appuient sur la raison. Ainsi par ce biais, ils remettent en cause l’organisation et les valeurs sociales, politiques et religieuses du XVIII° siècle et par conséquent  contestent le roi et l’Eglise qui incarnent l’autorité à cette époque.

            On peut donc se demander dans quelle mesure la philosophie des Lumières constitue une remise en cause de l’autorité.

            C’est pourquoi, en premier lieu, nous nous intéresserons à la remise en cause de la religion, en second lieu, nous aborderons la contestation de l’absolutisme, et en dernier lieu nous verrons la contestation de la société que font les auteurs des lumières par le biais de la littérature.

 

 

 

En premier lieu, c’est principalement à cause de l'intolérance religieuse que les Lumières en viennent à se battre contre la religion -surtout catholique-, quitte à risquer la prison, l'exil, l'excommunions. Ainsi, les auteurs des Lumières s’engagent en faveur de la tolérance religieuse tel que Voltaire qui face à un certain nombre de manifestations d’intolérance ouvrit une réflexion sur la religion et sur le fanatisme dans son Traité sur la tolérance.   

De plus, il faut remarquer qu’un des buts poursuivis par les Lumières est de lutter contre le fanatisme religieux. En effet, Voltaire s’y est opposé car la religion, quelle qu’elle soit, évolue avec le temps et que la définition qu’on en donne est insuffisante pour éviter la création de sectes au sein même de celle-ci. Et donc,  pour lui, les conflits religieux sont donc dus à cette insuffisance. C’est pourquoi, il critique les chrétiens comme le montre le fait qu’il les désigne ainsi « les plus intolérants de tous les hommes », leur reprochant de s’être persécutés entre eux. D’ailleurs, il explique sa pensée plus en détail dans l’article « Fanatisme » du Dictionnaire philosophique portatif.

En outre, les auteurs des Lumières la contestent parce qu’elle refuse l’accès  aux personnes à la réflexion et les maintiens en son pouvoir grâce à des superstitions fallacieuses. C’est d’ailleurs, ce que remettent en cause des auteurs tels que Voltaire dans son pamphlet De l’horrible danger de la lecture ou comme Fontenelle dans le chapitre 4 « la dent d’or » de son Histoire des oracles.  

      D’autre part, certains philosophes la remettent en cause parce qu’ils s'interrogent sur l'existence de Dieu. En effet, une partie des auteurs des Lumières doutent comme Diderot et deviennent carrément athées, bien que l'athéisme soit encore à ses balbutiements. Principalement, cela est du au fait que pour eux, c’est la religion qui est responsable de l'intolérance. Du moins, c’est ce que semble penser Diderot, cela transparait bien dans La religieuse, ou  dans ses articles de L'Encyclopédie qui rendent compte de cet athéisme.

Mais, la majorité d’entre eux se contente d’être déiste mais anticlérical, c'est à dire croyant en un Etre Suprême organisant le monde mais ils refusent les rites et dogmes attachés à la religion, qui sont selon les philosophes ce qui divisent les hommes et favorisent le fanatisme religieux. C’est parfaitement le cas de Voltaire qui a beaucoup critiqué la religion catholique et l’Eglise en général, aussi bien sur son aspect fanatique comme on peut le voir dans Candide ou l’Optimisme, que sur son côté non-égalitariste comme dans son traité sur la Tolérance

Néanmoins, il faut constater qu’il la considère comme utile parce qu’elle permet une bonne entente entre les hommes. Du moins, c’était le cas de Voltaire qui pensait que la religion participe à la concorde d'un Etat et d’un peuple. Même pour Rousseau, probablement parce qu’il a reçut  une éducation protestante stricte, la religion est essentielle et donc c’set une occupation légitime pour les hommes, il l’explique bien sa pensée sur ce sujet dans ses Confessions.

Après ceci, nous verrons que les Lumières ont aussi contesté la monarchie de cette époque en France.

 

 

 

En second lieu, nous pouvons voir que les philosophes dénoncent le pouvoir absolu et la monarchie de droit divin, surtout chez Louis XIV. Ils définissent trois pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire, que le roi possède dans la société d’Ancien régime, ce qui ne leur sied point. De plus, il faut remarquer qu’ils critiquent le fait que ces pouvoirs ne soient donnés qu’à un seul homme et demandent donc une constitution. C’est pourquoi, Voltaire,  un philosophe avec une grande renommé est favorable à une royauté éclairée, séparée de la religion, un pouvoir appuyé sur la bourgeoisie et garant du progrès matériel et de l’ordre social qui prendrait exemple sur la monarchie constitutionnelle d’Angleterre, il expose cette vision dans ces Lettre Anglaises. Quant à lui, Diderot veut un régime royal mais tempéré par un parlement, c'est-à-dire, un despotisme éclairé. Il s’oppose à toute forme d’absolutisme et de tyrannie. Du moins, c’est ce qu’il semble dire dans l’article « Autorité politique » dans l’Encyclopédie.

Plus radical, Rousseau a des idées plus démocratiques. En effet, dans le Contrat social, il exprime ses principes politiques, basés sur l’autorité d’un peuple souverain. Il pense que la loi a autorité et doit garantir les libertés universelles et individuelles.

Par ailleurs, Montesquieu, dans l’Esprit des Lois, sépare les trois pouvoirs. Il souhaite qu’un intermédiaire comme un parlement soit  le représentant de la nation. Selon lui : « le despotisme repose sur la crainte, la monarchie sur l’honneur et la République sur la vertu ». D’ailleurs,  il ne se prive pas de critiquer Louis XIV dans la lettre XXVII des Lettres Persanes en  nous montrant un tyran égocentrique.

Ainsi, les philosophes des Lumières sont contre la monarchie absolue. Et donc à mesure que les idées philosophiques se développent, l’autorité monarchique se fragilise et cela malgré les restrictions de libertés dont faisait l’objet la population de cette époque.

 

 

 

En dernier lieu, les Lumières se battent pour plus de libertés (expression, penser, opinion, circulation, presse) car ils croient que chacun a le droit de posséder ses libertés. Ils souhaitent améliorer la société de leur époque. C’est pourquoi, ils s’opposent à la censure d’œuvres tel que l’Encyclopédie  car ils souhaitent un recul de l’ignorance, c’est la raison pour laquelle à travers ce dictionnaire ils ont cherché à vulgarisé les connaissances en usant de 160 auteurs   qui écrivirent plus de 60000 articles critiques mais avec aussi des explications scientifiques, ou d’œuvres comme Manon Lescault de l’Abbé Prévost, qui raconte l’histoire d’un amour impossible entre Manon et le chevalier des Grieux qui est prêt à entrer en religion, ce roman fait scandale car le lecteur est amené à condamner l’ordre social et à revendiquer le droit au bonheur, ce qui ne sied pas du tout au régime de l’époque.

De plus, ils défendent les droits de l'homme. C’est pourquoi, les Lumières condamnent aussi l'esclavage car ils ont la conviction que tous les hommes sont égaux. Pour eux, les hommes n'ont pas le droit d'exploiter d'autres hommes sous prétexte que ceux-ci sont noirs. Montesquieu, dans De l'esprit des lois utilise l'ironie afin de montrer l'absurdité de l'esclavage. Dans Candide ou l’Optimisme de Voltaire, le héros rencontre, à Surinam (chapitre 19), un esclave noir mutilé, en y dénonce l’esclavagisme et en même temps l’auteur montre aux européens les supplices infligés aux esclaves. D’ailleurs, l'abbé Raynal, un ecclésiastique soutient cette thèse, et donc écrit  avec la collaboration de Diderot: « Brisons les chaînes de tant de victimes de notre cupidité, dussions-nous renoncer à un commerce qui n'a que l'injustice pour base et le luxe pour objet.». De même, les Lumières contestent aussi certaine pratique tel que la Torture que les auteurs de ce siècle trouve immoral, c’est le cas de Voltaire qui la dénonce par le biais de l’ironie dans son article « Torture » extrait de son dictionnaire philosophique.   

 D’autre part,  les Lumières sont convaincus de l'égalité entre les hommes ce qui les conduit à condamner  la société d'ordre (Tiers Etat, Noblesse, Clergé) de l’Ancien Régime. Ils pensent que  les hommes ne doivent  pas être victime de discriminations. C’est pourquoi, Beaumarchais dans  Le mariage de Figaro (1784), critique cet aspect de la société en faisant déclarer à Figaro vis-à-vis de son maître : «Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie!... Noblesse, fortune, un rang, des places; tout cela rend si fier! Qu'avez-vous fait pour tant de biens? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus».

 

 

 

En conclusion, bien que les philosophes des lumières remettent en cause les autorités politiques et religieuses de la société du XVIII° siècle, il faut remarquer que néanmoins, ils en acceptent les bons côtés. Pour la plupart, ils tiennent, à la croyance en un dieu, même si elle prend une autre forme et ils ne rejettent pas de but en blanc la nécessité d’une autorité politique. Par conséquent, ils s’opposent bien davantage aux abus de l’autorité qu’à l’autorité elle-même. Par ailleurs, ils ne remettent pas en cause certains principes de la société, dans le seul but d’affirmer une liberté intellectuelle, mais dans celui de permettre une évolution de l’humanité vers une société qui respecterait les droits fondamentaux des hommes et lui permettrait d’atteindre le bonheur.

Les philosophes des lumières ont poussé les gens à réfléchir par eux-mêmes à la société à laquelle ils souhaitaient appartenir. Ils sont donc à la source des idées révolutionnaires de 1789. Par conséquent, leur influence sur la société française peut encore se voir aujourd’hui.

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