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PODCAST: « Nous ne voyons pas les choses mêmes; nous nous bornons à lire des étiquettes collées sur elles. » H. Bergson (1859-1941), Le Rire, 1899.

Publié le 09/07/2010

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bergson

Il s'agit ici de la théorie du mot-étiquette. Pour Bergson, les mots renvoient par définition à du général. Tel est le cas des concepts philosophiques. Ils nous offrent ainsi un rapport au réel simplifié, mais ils ont tendance en même temps à nous faire oublier la particularité des choses, ramenées à un même mot. C'est le cas aussi de nos propres états d'âme.

Lorsque nous parlons, nous utilisons le langage comme moyen de communication, afin d'exprimer une impression, un objet ou un sentiment. Or nous pouvons penser, comme le fait Bergson, que le langage n'est pas apte à traduire la richesse de l'esprit, car nous éprouvons parfois des difficultés à exprimer à l'aide de mots nos sentiments et nos sensations intérieures. Dés lors se pose la question suivante : toute la richesse de la pensée est-elle quantifiable en terme de langage ? Indique en plus ici les grandes lignes de ta discussion "Nous ne voyons pas les choses mêmes", nous dit Bergson. "Nous nous bornons le plus souvent à lire des étiquettes collées sur elles". Il nous expose ici l'idée selon laquelle entre la chose et nous s'interpose une tendance à ne voir que quelques signes (les "étiquettes"), au lieu de saisir les choses dans leur unicité.

bergson

« Le langage est un système de signes grâce auxquels nous nommons les choses.

Mais si les mots, selon la formule de Bergson, ne sont que des étiquettes, peuvent-ils exprimer véritablement la réalité ? Une langue destinée à refléter le monde devrait accorder un nom propre à chaque chose.

Or si c’était le cas, le dictionnaire serait infini et la communication impossible.

Aux yeux du philosophe, la raison d’être du langage, plus modeste, est essentiellement instrumentale : permettre la coopération pratique entre les hommes.

Par souci d’efficacité, le langage regroupe sous un nom commun une multiplicité de réalités que nous jugeons identiques dès lors quelles ont pour nous la même utilité.

Ainsi, faute de pouvoir exprimer la diversité des choses, nous les classons selon nos besoins.

Mais en contrepartie, le langage se réduit à une collection d’étiquettes qui ne retiennent des choses que leur aspect commun, au prix de leur singularité.

A propos d’une femme ou d’un aliment, nous employons indifféremment le verbe « aimer » : s’agit-il pourtant du même sentiment ? Comment comprendre la teneur de notre amour si, pour le définir, nous recourons à un terme aussi impersonnel ? Parce que les choses ont d’abord été classées en fonction du parti que nous pouvons en tirer, l’organisation du langage finit par faire écran entre la réalité et nous-mêmes.

C’est ainsi qu’en simplifiant le monde, nos étiquettes verbales diminuent notre capacité à en percevoir la richesse. Qui, mieux que l’écrivain, peut témoigner de la rigidité parfois étouffante du langage ? Écoutons Henry de Montherlant : « Nos émotions sont dans nos mots comme des oiseaux empaillés.

». »

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