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PROPOS SUR LE PROGRÈS DE VALERY

Publié le 06/04/2011

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Valéry souligne cette transformation, qui satisfait sa volonté de rigueur dans le raisonnement et son besoin de personnalité dans la création : ... Il arriva que le merveilleux et le positif ont contracté une étonnante alliance, et que ces deux anciens ennemis se sont conjurés pour engager nos existences dans une carrière de transformations et de surprises indéfinie... Le réel n'est plus terminé nettement. Le lieu, le temps, la matière admettent des libertés dont on n'avait naguère aucun pressentiment. La rigueur engendre des rêves. Les rêves prennent corps. Le sens commun, cent fois confondu, bafoué par d'heureuses expériences, n'est plus invoqué que par l'ignorance... (Propos sur le Progrès.)

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« visitez les cultures savantes des fleurs destinées aux parfums, des fruits soigneusement surveillés, préservés : roseet jasmin de I Grasse et de Vence, chasselas ciselé de Thomrey ; n'oubliez même pas les peines et les merveilles del'art d'écrire notre langue, la seule dans laquelle subsiste encore un peu le souci de peser les mots, d'ordonner lespensées...

(La France travaille...) Sans doute Valéry redoute que la machine n'altère les qualités humaines des ouvriers et que la fabrication en sériene tue les traditions des métiers, mais on devine qu'il espère finalement la sauvegarde de ces vertus individuellesdans le monde de demain : Il importe que...

dans une civilisation déchargée des besognes machinales, une formetransfigurée du travail personnel se déclare et se développe, de laquelle le travail de nos praticiens et ouvriers lesplus habiles et les plus consciencieux aura été l'origine simple et vénérable.., (ibid.) - 3-Vertus du Métier. Valéry est convaincu que dans notre monde instable le métier est un des derniers vestiges de moralité, de salutsocial et de santé physique.

Quand les traditions familiales, les convictions religieuses, les habitudes sociales ontcédé aux passions, le métier peut encore réhabiliter l'être déchu.

Le poète rapporte un exemple personnel de cethonneur de la profession, anecdote qui lui arriva dans sa jeunesse et qui mérite d'être citée autant pour l'agrémentdu récit que pour le fond : Il y a quelque trente ans, je passais un dimanche devant l'ancien Hôtel-Dieu.

Au bas destristes murs, mainte échoppe de vieilleries s'appuyait : linges sales, lampes verdies, verres et ferraille, ustensilesignobles dans des paniers.

Et des livres aussi, car il se trouve toujours des livres dans les épaves. Un de ces livres m'arrêta.

Je le pris du bout des doigts.

Je ne sais plus ce qu'il était : peut-être un recueil de cespièces de théâtre que les élèves des Jésuites composaient sous Louis XIV pour leurs Académies de collège? Mais lareliure m'intrigua.

Toute souillée et comme éculée qu'elle était, le dos presque arraché, les plats faisant songer à despommes soufflées, elle me parut fort remarquable et singulière.

Je n'avais jamais vu ce genre de décor.

J'étais danscette réflexion, quand vint à passer quelque être bien misérable, un très petit homme, l'air farouche et égaré, le pasincertain, le vêtement trop vaste et immonde.

Sans âge; le cheveu étrangement décoloré; le visage sans poil et deparchemin, il était vieillard et enfant.

Je demeurai stupéfait de me voir le livre bizarre arraché des mains par ceblême avorton.

Il brandit le bouquin avec un rire amer et extraordinaire ; et comme le fripier se ruait pour défendreson bien, il le repoussa en haussant les épaules.

Exhalant une haleine affreuse et tout échauffée d'alcool, il me criad'une voix trop proche, grasseyant à la parisienne : « Allez donc...

Ça m'connaît, moi, la r'liure.

» Et maniant,retournant, ouvrant et fermant le volume, voilà cet ivrogne sans couleur, aux mains de cire, qui entame toute unedémonstration savante et raisonnée, avec une abondance de termes techniques et mystérieux, un sentimentsaisissant du métier, une manière d'éloquence amoureuse et précise, dont je restais émerveillé.

Je m'aperçus alorsqu'il avait des yeux bleus admirables et que ses pâles mains ne tremblaient plus.

Elles avaient retrouvé leur objet...On eût dit que le contact du livre avait changé cette chose humaine errante en Docteur de la Reliure...

(Métierd'homme.) Les moyens de production moderne rendent plus rares de tels miracles et conduisent souvent à l'automatisme, maisce danger peut être évité par une meilleure organisation sociale ; les efforts de nombreux chefs d'industrie tendentà restituer à l'ouvrier sa dignité d'homme et à lui faire prendre intérêt sinon à sa tâche monotone, du moins àl'œuvre collective de l'entreprise. -4- Vertus de Paris. Non seulement Paul Valéry aime Paris avec passion, mais il admire le rôle de cette ville unique dans ledéveloppement de la nation. Il trouve en elle le principe d'unité qui cimente les caractères opposés des provinces : L'action certaine, visible etconstante de Paris, est de compenser par une concentration jalouse et intense les grandes différences régionales etindividuelles de la France.

(Images de la France.) Il discerne sous une apparence de facilité et de frivolité l'expérience que donnent les vicissitudes historiques, lesfastes des victoires, les humiliations des occupations.

L'esprit parisien le charme, tout en l'inquiétant un peu.

L'air deParis rend vif , ardent, brillant, bref et actif ce qui dormait...

Un homme, par un seul mot, s'y fait un nom ou sedétruit en un instant.

Les êtres ennuyeux n'y trouvent pas autant de faveur qu'on leur en accorde en d'autres villesde l'Europe, et ceci au détriment quelquefois des idées profondes.

Le charlatanisme y existe, mais presque aussitôtreconnu et défini.

Il n'est pas mauvais à Paris de déguiser ce que l'on a de solide et de péniblement acquis sous unelégèreté et une grâce qui préservent les secrètes vertus de la pensée attentive et étudiée...

(Fonction de Paris.) Mais ce masque souriant et ironique cache un immense effort et une pensée toujours en mouvement.

Paris est à lafois un salon, une bibliothèque et un laboratoire où le savoir le plus profond se rencontre avec l'esprit le plus subtil.Gœthe, un jour, se plaignait à Eckermann de la dispersion des penseurs allemands : « Nous avons dû acquérir assezchèrement notre peu de sagesse.

Car nous menons tous une pauvre vie isolée !...

Maintenant, imaginez une villecomme Paris, où les meilleurs cerveaux d'un grand royaume sont réunis sur un seul point et s'instruisent et s'exaltentréciproquement par un contact, une lutte, une émulation de tous les jours; où l'on a constamment sous les yeux cequ'il y a de plus remarquable dans tous les domaines de la nature et de l'art du monde entier; songez à cette citéuniverselle, où chaque fois qu'on traverse un pont ou une place, le souvenir d'un grand passé se réveille...

Etsurtout n'allez pas vous imaginer le Paris d'un âge sans lumières et sans esprit, mais le Paris du XIXe siècle, dans. »

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