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Questions Rousseau-Jonas-Conche

Publié le 09/04/2012

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rousseau

Rousseau : Du contrat social

1-Qu’est-ce que la volonté générale ? Quelles sont ses prérogatives et ses limites ?

“ Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout ”.

En effet, chaque individu peut comme homme avoir une volonté particulière contraire ou dissemblable à la volonté générale qu’il a comme Citoyen. Son intérêt particulier peut lui parler tout autrement que l’intérêt commun

Afin donc que le pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera d’être libre

La volonté générale peut seule diriger les forces de l’Etat selon la fin de son institution, qui est le bien commun : car si l’opposition des intérêts particuliers a rendu nécessaire l’établissement des sociétés, c’est l’accord de ces mêmes intérêts qui l’a rendu possible. C’est ce qu’il y a de commun dans ces différents intérêts qui forme le lien social, et s’il n’y avait pas quelque point dans lequel tous les intérêts s’accordent, nulle société ne saurait exister. Or c’est uniquement sur cet intérêt commun que la société doit être gouvernée.

Je dis donc que la souveraineté n’étant que l’exercice de la volonté générale ne peut jamais s’aliéner, et que le Souverain, qui n’est qu’un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même ; le pouvoir peut bien se transmettre, mais non pas la volonté.

En effet, s’il n’est pas impossible qu’une volonté particulière s’accorde sur quelque point avec la volonté générale, il est impossible au moins que cet accord soit durable et constant ; car la volonté particulière tend par sa nature aux préférences, et la volonté générale à l’égalité

Il s’ensuit de ce qui précède que la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l’utilité publique

Il y a souvent bien de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu’à l’intérêt commun, l’autre regarde à l’intérêt privé, et n’est qu’une somme de volontés particulières : mais ôtez de ces mêmes volontés les plus et les moins qui s’entre-détruisent , reste pour somme des différences la volonté générale.

Si, quand le peuple suffisamment informé délibère, les Citoyens n’avaient aucune communication entre eux, du grand nombre de petites différences résulterait toujours la volonté générale, et la délibération serait toujours bonne.

Il importe donc, pour avoir bien l’énoncé de la volonté générale, qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’Etat, et que chaque Citoyen n’opine que d’après lui

Que la volonté générale, pour être vraiment telle, doit l’être dans son objet ainsi que dans son essence, qu’elle doit partir de tous pour s’appliquer à tous

2-Liberté naturelle-Liberté civile

 

Hans JONAS : Pour une éthique du futur

3-Le fondement ontologique du devoir/de la responsabilité

On appellera fondement ontologique (comme l'obligation de manger dans notre exemple) le recours à une qualité qui appartient indissociablement à l'Être de la chose

L'homme est le seul être connu de nous qui puisse avoir une responsabilité. En pouvant l'avoir, il l'a.

Repose sur la faculté ontologique de l'homme à choisir, sciemment et délibérément, entre des alternatives de l'action. La responsabilité est donc complémentaire de la liberté

Cette responsabilité doit être du même ordre de grandeur que cette puissance

L’objet réel de ma responsabilité sera cet être affecté par moi.

Exposé à ma puissance, le voici donc en même temps confié à elle

La liberté humaine et la teneur en valeur de l'Être, tels sont donc les deux pôles ontologiques entre lesquels se tient la responsabilité en tant que médiation éthique

4-Le rôle de l’histoire et de la métaphysique dans la détermination du bien humain

Car, dans son histoire, « l'homme» s'est déjà montré – avec ses hauts et ses bas, sa grandeur et sa misère, son sublime et son ridicule.

La métaphysique :Dit pourquoi l'homme doit être, et n'a donc pas le droit de provoquer sa disparition du monde ou de la permettre par simple négligence ; et aussi comment l'homme doit être afin d'honorer et non pas de rejeter la raison en vertu de laquelle il doit être. Le « pourquoi » obligeant l'humanité à l'existence interdit tout d'abord le suicide physique de l'espèce (alors que nul impératif biologique ne s'y oppose) ; la même raison, comme raison du « comment » qui oblige l'humanité à une certaine qualité de la vie, et donc charge d'un contenu le fait pur de l'existence, interdit en même temps la désertification morale de celle-ci.

Pour que la responsabilité ne disparaisse pas du monde – tel est son commandement immanent –, il faut qu'il y ait aussi des humains à l'avenir.

5-Pourquoi une dictature ? N’est-ce pas contradictoire avec l’idée de liberté ?

Le savoir, le vouloir et la puissance sont collectifs, leur contrôle doit donc l'être également : seuls les pouvoirs publics peuvent l'exercer – par conséquent il sera politique, et cela nécessite finalement un large accord à la base.

Consentir à de sévères mesures de restriction par rapport à nos habitudes de consommation débridées

Consentir à l'appauvrissement économique, tout au moins temporaire

l'intervention publique dans la sphère la plus privée qui soit, celle de la procréation

Education+« heuristique de la crainte »

Le pronostic en forme d'avertissement, selon lequel la pression croissante d'une crise écologique mondiale entraînerait le sacrifice non seulement des niveaux de vie matériels, mais aussi des libertés démocratiques, jusqu'à ne laisser subsister finalement qu'une tyrannie prétendant faire œuvre de salut, m'a valu l'accusation de songer à la dictature pour mieux résoudre nos problèmes. Je puis ignorer ce qui relève dans ce cas d'une confusion entre l'avertissement et la recommandation. Toutefois, j'ai dit effectivement qu'une telle tyrannie serait toujours préférable au désastre

La liberté (elle qui est inséparable de l'essence de l'homme) ne se laisse pas vraiment effacer, mais seulement bannir temporairement de l'espace public

Nous pouvons même accepter comme prix nécessaire pour le salut physique une pause de la liberté dans les affaires extérieures de l'humanité

Marcel CONCHE : Le fondement de la morale

6-Comment fonder l’égalité en droit (sans S) de tous les hommes ? Comment l’appliquer au handicapé mental ?

Juger sous l'idée de vérité est le propre d'un être raisonnable. Tous les hommes, donc, peuvent être dits égaux, en tant que raisonnables.

Les hommes sont égaux en droit- cette égalité, de droit, est un fait : c'est un fait, que n'importe quel homme, peut, aussi bien que n'importe quel autre, dire la vérité-

Par conséquent, tous les hommes doivent se reconnaître mutuellement comme égaux. L’égalité d’essence /inégalité de fait- Mais les inégalités intellectuelles ne sont que des inégalités de fait, qui ne changent rien à notre égalité essentielle. Il est impossible, dans l'échelle des degrés d'intelligence, de fixer la limite, le seuil au-dessus ou au-dessous duquel il faudrait admettre que la différence de degré devient une différence essentielle.

Même si cette égalité est une fiction, c'est une fiction rationnelle. Sinon, il n'y aurait rien à objecter à ceux qui voudraient s'en débarrasser comme des rebuts que l'on trouve dans la poubelle le matin.

Tout homme peut, à tout instant, s'instituer le représentant légitime de tout être humain en état d'incapacité. Sa qualité d'homme suffit à lui conférer ce droit et à le charger de ce devoir.

7-Pourquoi ne peut-on parler d’un « droit de vivre »

On ne peut parler d'un droit « de vivre » ou d'un droit « à la vie », mais seulement d'un droit de vouloir vivre et d'un droit social aux moyens de la vie .

On ne peut, non plus, parler d'un droit de donner la vie

On ne saurait avoir droit à ce qu'il est impossible d'obtenir, ni le droit de faire ce qu'il est impossible de faire.

L'homme et, la femme ont-ils le droit de vouloir faire en sorte qu'un nouvel être humain vienne au monde? Deux choses apparaissent clairement : d'abord que ce droit est incontestable, ensuite qu'il est, conditionnel.

Le droit de vouloir donner la vie n'appartient qu'à ceux qui sont conscients des devoirs que ce droit implique

 

8-Les deux exemples : Anne-Monique/Mlle Zhao

La jeune chômeuse dont nous parlons, Anne-Monique, avait écrit dans son journal : « Un homme sans travail, c'est un homme ramené au rang de bête ».

Mlle Zhao, au temps de la contrainte des mariages arrangés en Chine, a préféré le suicide au mariage arrangé par les parents.

Je dois me taire. Je ne dois pas moraliser sur sa mort. Un individu se suicide parce que la vie ne lui est plus supportable.

Avant son geste, il ressasse les raisons qu'il a de l'accomplir. Ces «raisons» n'en seraient pas pour moi. Elles en sont pour lui. Ce que c'est qu'une vie « supportable », ou non, ne peut se définir objectivement. Les raisons de mourir sont des raisons singulières et concrètes. Prises abstraitement, elles n'ont plus de signification

L'homme peut préférer n'importe quelle vie à la mort ; mais on ne saurait lui refuser le droit de mourir plutôt que de vivre n'importe quelle vie. Le désir humain de vivre est désir d'une vie humaine ; loin de lui être contraire, le suicide est dans la logique de ce désir.

9-Les trois formes du suicide

Il y a suicide accidentel lorsque l'individu est conduit au suicide à cause des événements contingents de sa vie

Les suicides d'enfants ont probablement tous un caractère « accidentel ». L'individu se trouve, peu à peu ou brusquement, dans une situation insupportable. Il préfère mourir. On peut dire que l'événement n'a été que la cause occasionnelle, déclenchante

Le suicide par devoir (devoir moral, religieux, civique, patriotique, etc.),

En 1792, lorsque Beaurepaire, qui défendait Verdun, voyant la forteresse réduite à capituler, se fit sauter la cervelle devant bourgeois et officiers plutôt que d'être celui qui rendrait la ville, on ne manqua pas de le comparer aux héros de l'Antiquité ; il eut droit aux honneurs de l'apothéose

Suicide? Disons plutôt « sacrifice ». Ici aucun désarroi, aucune lassitude vitale, mais une volonté qui se soumet la mort, une volonté qui se fait destin.

Suicide par sagesse ou philosophique lorsque la décision de mourir est inspirée par la conception générale que l'on se fait du monde et, de la vie. Tel est le suicide du Stoïcien

Les sagesses de l'époque hellénistique autorisent le suicide, voire le conseillent, il ne semble pas qu'elles l'impliquent

10-La sagesse tragique

Notion de « sagesse tragique » :

Une métaphysique du néant- rien ne dure toujours : la nature et l'oubli ont, à la longue, le dernier mot.

Vouloir la vie, c'est aussi vouloir la mort.

La mort peut venir comme le coup de ciseau du censeur qui coupe une phrase, ou comme le dernier mot qui achève la phrase et fait, qu'il y a un sens complet. Mais, pour cela, il faut choisir la mort. A partir d'un certain moment, où le déclin devient déchéance, la mort, lucidement choisie, semble préférable au sage aut que la mort ne vienne pas à son heure, mais à la nôtre.

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