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Qu'est-il raisonnable d'espérer de l'histoire ?

Publié le 19/01/2004

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  Elle est l'opium du peuple. » Ce n'est pas pour pouvoir se représenter sa propre essence que l'homme la projette, à l'extérieur de lui-même, dans le divin.  Cette interprétation feuerbachienne de l'aliénation reste marquée par l'idéalisme hégélien. C'est le monde concret de l'homme réel qui produit l'aliénation religieuse.  La religion est « la conscience inversée du monde », parce que « le monde de l'homme », « la société », « l'Etat » sont eux-mêmes « un monde à l'envers ». Si la religion est « la réalisation fantastique de l'être humain », c'est parce que « l'être humain ne possède pas de vraie réalité ». Autrement dit, l'aliénation religieuse est le produit de la pauvreté effective de l'homme.  C'est pourquoi elle est tout à la fois expression de cette détresse et protestation contre cette détresse. D'où la formule : « Elle est l'opium du peuple. » C'est parce que l'homme est aliéné économiquement, exploité socialement, qu'il réalise de manière fantastique son essence dans un monde imaginaire.
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« « L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation, c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole. » Supprimer l'illusion religieuse, c'est donc exiger le bonheur réel des hommes.

Dépouiller « les chaînes des fleurs imaginaires », c'est du même coup inviter l'homme à rejeter « les chaînes » et cueillir « les fleurs vivantes ».

Plus fondamentalement, détruire les illusions de l'homme, qu'elles soient religieuses ou autres, c'est le rendre à la vraieréalité « pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l'âge de la raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, c'est-à-dire de son soleil réel ».

C'est donc d'une véritable « révolution copernicienne » qu'il s'agit : passer de la religion, « soleil illusoire qui gravite autour de l'homme » à l'homme qui gravite « autour de lui-même ». La première tâche de la philosophie qui est au service de l'histoire, c'est, certes, de dénoncer « la forme sacrée de l'auto-aliénation de l'homme », mais aussi de démasquer « l'auto-aliénation dans ses formes non-sacrées ». « La critique du ciel se transforme par là en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, lacritique de la théologie en critique de la politique. » Pour Marx , il s'agit donc d'aller plus loin que la simple critique de la religion à laquelle Feuerbach s'arrêtait.

C'est la raison pour laquelle il s'attaque à la philosophie spéculative allemande de l'Etat et du droit - philosophie qui pensel'Etat moderne en faisant abstraction de l'homme réel et qui ne peut satisfaire l'homme que de manière imaginaire,philosophie qui n'est au fond qu'une copie dont l'original est la religion.

C'est la raison pour laquelle il invite lesAllemands, qui, sur un plan politique, « ont pensé ce que les autres peuples ont fait », à aller jusqu'à la critique pratique du monde réel, c'est-à-dire jusqu'à la transformation révolutionnaire de la société.

D'où la fameuse thèse XIsur Feuerbach. « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières, il faut le transformer ». Dans « L'Idéologie allemande », Marx affirme que le communisme (société sans argent,.

sans classes, sans Etat – qui suppose un plein développement des forces productives) n'est ni « un état qui doit être créé », ni « un idéal sur lequel la réalité devra se régler », mais « tout simplement le mouvement réel qui abolit l'état actuel ».

Reste que la révolution d'octobre 1917 a soulevé un immense espoir et que, très vite, le communisme est devenu un idéalet le marxisme d'une certaine manière, une nouvelle religion où l'homme à pris la place du Dieu de la théologiechrétienne.

L'homme communiste, libéré de l'exploitation, du pouvoir étatique; l'homme désaliéné, ayant perdu, enparticulier, ses illusions religieuses, est alors devenu l'équivalent de Dieu pour de nombreux intellectuels, et lespartis communistes se sont mystiquement identifiés au prolétariat rédempteur dans le but avoué de réaliserd'abord, par la révolution, la société sans classes, puis de dominer progressivement la nature par la science et latechnique.

Le résultat, on le connaît. A Marx qui considère la religion comme protestation illusoire contre la misère, on peut opposer la réalité de certains faits.

Il y a des prêtres qui s'engagent réellement auprès de ceux qui souffrent et luttent pour transformer leschoses.

La religion n'est pas toujours « opium », elle peut aussi être un facteur de prise de conscience et favoriser les luttes.

On peut songer, en particulier, à la théologie de la libération en Amérique du Sud. Mais chez Marx lui-même, l'espérance illégitime (la foi) disparaîtra quand la révolution aura réalisé l'espoir rationnelde l'avènement d'un monde sans classes.

Peut-on, voire doit-on raisonnablement espérer quelque chose de l'histoire? II.

Travailler personnellement à l'avènement d'un monde meilleur est une nécessité de la raison pratique 1.

La pratique elle-même nous donne quelques raisons d'espérer (cf.

les progrès techniques et scientifiques). 2.

Il est nécessaire de borner le fait par le droit, les progrès techniques ou scientifiques par l'éthique : cf.

la la bio-éthique, ou la création de catégories juridiques comme celles de « crime contre l'humanité », d'« insultes àcaractère raciste » ou de « harcèlement sexuel », comme source d'espoir en une évolution vers plus de moralité etnon seulement vers davantage de technicité. 3.

Même si l'espoir n'est pas objectivement fondé dans l'histoire, il faut faire « comme si » (Kant), afin d'encouragerles hommes à faire advenir le mieux.. »

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