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A la recherche du temps perdu de Proust (analyse de l'oeuvre)

Publié le 30/03/2012

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Toutes les expériences d'une vie apparemment superficielle, en réalité difficile, ont servi à Proust pour l'édification de son roman. La société qu'il a connue, et telle qu'il l'a perçue et jugée, évolue ici au gré des événements, dans un tableau qui recouvre le même espace de temps que sa vie, de la fin du second Empire à l'après-guerre. Le caractère biographique de l'ouvrage est donc très accusé, quoique les incessantes combinaisons et transpositions imposées aux données réelles empêchent d'établir une exacte correspondance entre la vie et l'oeuvre : Proust a prévenu que les « clefs « ne permettraient jamais, ici, d'ouvrir complètement les tiroirs.

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« 522 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE livre serait alors un immense développement de caractère ~ cyclique, où les thèmes exposés par « entrées » successives, ~~ seraient ensuite « développés » en grandes variations avec reprises, réminiscences et transpositions constantes ; à chaque retour le thème se trouve modifié et enrichi par toutes les expériences ou les démentis accumulés.

Cet ordre n'est pas une fantaisie esthétique à l'état pur, mais le livre transcrit ainsi le mouvement même de la vie et de l'histoire : expérience de l'amour et de la jalousie pour Swann et Marcel, déchéance de Charlus, promotion mondaine d'Odette, etc.

Ce mouvement, cette progression dans l'apprentissage de la vie et dans la découverte de la réalité ont aussi leur rythme.

L'amour douloureux et toujours déçu de Swann pour Odette n'est que le prélude annonciateur du grand lamento de La Prisonnière et de La Fugitive.

Proust a tenu à « accompagner » ces épisodes par la musique de Vinteuil : la sonate, œuvre encore un peu fruste, pour les amours de Swann et d'Odette; le septuor, chef-d'œuvre accompli, pour celles de Marcel et d'Albertine.

Le rôle de la musique est alors d'approfondir les sentiments, en les cristallisant et en les rendant plus conscients aux personnages.

De telles correspondances pourraient d'ailleurs se retrouver sur d'autres plans : ainsi l'affaire Dreyfus naît au moment même où Marcel perd sa grand-mère et fait l'expérience de la douleur, le bombardement de Paris accompagne la descente aux abîmes de la dépravation sexuelle.

Quant au texte proustien, la critique a commencé, depuis peu, à le décrire avec des méthodes comparables à celles de l'analyse musicale.

Très conscient de la nature propre du discours littéraire, Proust savait que le style est l'ensemble des effets -des « figures » - voulus par l'auteur : d'où sa virtuosité dans le pastiche (v.

J.

Milly), et ses déclarations sur les vertus de la « métaphore » (v.

G.

Genette).

Oue ce soit métaphore ou métonymie, ou encore simple comparaison, le style proustien s'enrichit de constantes références à des domaines à première vue éloignés du sujet de son discours : les arts mais aussi la politique, et jusqu'à l'automobile, l'aviation et l'électricité.

C'est grâce à de tels procédés que chacun peut trouver dans l'expérience de l'auteur le reflet objectif d'une réalité intimement perçue.

Contradiction apparente mais jugée indispensable par un Proust dont on connaît assez les diatribes contre un certain réalisme.

«Argus aux cent yeux», l'écrivain veut tout percevoir, parce que tel est son devoir d'artiste.

Et pour que. »

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