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Responsabilité et dévalorisation des personnes séropositives

Publié le 04/09/2012

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On présente à 56 sujets (des travailleurs sociaux) des questionnaires portant sur les opinions des gens concernant le sida et un témoignage fictif d’une jeune femme atteinte du sida. Le contenu du témoignage variait selon les conditions, en condition « certitude « la jeune femme était certaine d’avoir été contaminée par injection de drogue ou par transfusion sanguine, tandis qu’en condition « doute « elle n’en était pas certaine. Chaque sujet voyait l’une ou l’autre des deux conditions. Ils devaient décrire, sur une échelle en 10 points (de « pas du tout « à « tout à fait «), les traits de personnalité de la jeune femme, ensuite juger de sa responsabilité dans le fait d’être atteinte du sida, puis dire dans quelle mesure ils pourraient considérer cette femme comme une amie proche et enfin indiquer à quel point ils étaient sûrs du mode de contamination énoncé dans le témoignage. En condition « certitude « les sujets sont davantage sûrs du mode de contamination qu’en condition « doute «. Quelle que soit la condition, la jeune femme est considérée comme plus responsable de sa contamination lorsqu’elle s’est faite par injection de drogue que par transfusion sanguine. En condition « certitude « les sujets estiment que la femme contaminée par injection de drogue assume mieux son infection par le virus du VIH que celle contaminée par transfusion, alors qu’en condition « doute « il n’y a pas de différence selon le mode contamination. Par contre la jeune femme contaminée par injection de drogue est considérée comme assumant moins bien son sort en condition « doute « qu’en condition « certitude « car pour les sujets de la condition « doute « elle nie ce qui pour eux est une évidence, alors que pour ceux de la condition « certitude « elle reconnait sa responsabilité et donc assume mieux. 

« drogue ou par transfusion sanguine, tandis qu'en condition « doute » elle n'en était pas certaine.

Chaque sujet voyait l'une ou l'autre des deux conditions.

Ils devaientdécrire, sur une échelle en 10 points (de « pas du tout » à « tout à fait »), les traits de personnalité de la jeune femme, ensuite juger de sa responsabilité dans le faitd'être atteinte du sida, puis dire dans quelle mesure ils pourraient considérer cette femme comme une amie proche et enfin indiquer à quel point ils étaient sûrs dumode de contamination énoncé dans le témoignage.

En condition « certitude » les sujets sont davantage sûrs du mode de contamination qu'en condition « doute ».Quelle que soit la condition, la jeune femme est considérée comme plus responsable de sa contamination lorsqu'elle s'est faite par injection de drogue que partransfusion sanguine.

En condition « certitude » les sujets estiment que la femme contaminée par injection de drogue assume mieux son infection par le virus du VIHque celle contaminée par transfusion, alors qu'en condition « doute » il n'y a pas de différence selon le mode contamination.

Par contre la jeune femme contaminéepar injection de drogue est considérée comme assumant moins bien son sort en condition « doute » qu'en condition « certitude » car pour les sujets de la condition «doute » elle nie ce qui pour eux est une évidence, alors que pour ceux de la condition « certitude » elle reconnait sa responsabilité et donc assume mieux.

Concernantla jeune femme contaminée par transfusion, elle est considérée comme assumant moins bien son sort en condition « certitude » qu'en condition « doute », elle faitmême l'objet en condition « certitude » d'une relative dévalorisation sur cette dimension.

Ce résultat est paradoxal mais les sujets se retrouvent face à une « victimeinnocente », or selon la croyance en un monde juste (Lerner 1980-1986) confrontés à la souffrance, nous développons des stratégies cognitives permettant de trouverdes raisons ou des explications à ce qui semble ne pas être juste pour rétablir l'équilibre.

Les sujets reconnaissent qu'elle ne peut pas être tenue pour responsable deson infection, alors pour rétablir leurs croyances en un monde juste ils la déprécient sur les traits renvoyant à son attitude face à l'infection plutôt qu'à son sens desresponsabilités. En conclusion, les différentes études ont confirmé l'hypothèse de départ, plus on est tenu pour responsable de l'évènement négatif plus on est dévalorisé par autrui.Mais il est aussi apparu que des logiques différentes peuvent être en jeu dans l'appréciation des personnes malades du sida.

Lorsque les gens ont trouvé unresponsable, ils le dévalorisent et élaborent une image négative à son sujet.

Mais lorsque la personne contaminée ne peut pas être tenue pour responsable (« victimeinnocente ») la démarche utilisée diffère.

En effet, les sujets ne seraient pas particulièrement à la recherche d'un responsable, mais plutôt d'une explication.

C'est-à-dire qu'en dénigrant les traits de personnalité de la « victime innocente » ils donnent une explication à l'évènement négatif et ainsi rétablissent leurs croyances en unmonde fondamentalement juste. Toutes les expériences présentées étaient très intéressantes, mais elles utilisent toutes un type de sujets bien particulier (pour la plupart des travailleurs sociaux) quin'est pas représentatif de la population en général, il faudrait donc pouvoir refaire une expérience sur le modèle de celles-ci avec un échantillon plus représentatif.

Deplus il serait assez intéressant d'ajouter certaines variables à l'expérience comme le niveau social de la personne faisant le témoignage fictif.

On pourrait ainsicomparer ce que pensent les sujets d'une personne ayant un niveau social bas contaminée par une injection de drogue par rapport à une personne ayant un niveausocial élevé infectée de la même manière, cela permettrait de voir si le niveau social de la personne infectée a une influence sur la façon dont elle est perçue parautrui, si l'appréciation du sens des responsabilités varie selon l'image renvoyé par l'individu infecté.

De même on pourrait utiliser une personnalité médiatisée,considérée par la population comme ayant une vie saine, pour faire un témoignage fictif d'une contamination par une injection de drogue, et le comparer : soit à uneautre personnalité contaminée de la même façon mais celle ci ayant une vie non considérée comme saine, ce qui permettrait de voir si l'appréciation du sens desresponsabilités dépend de l'image médiatique renvoyée, soit à une personne dépourvue de notoriété elle aussi infectée de la même manière, ce qui permettrait desavoir si une personne qui a une notoriété médiatique est jugée avec plus d'indulgence qu'un inconnu. - Toutes ces variables permettraient de voir si la notion de responsabilité peut varier selon la classe sociale, la notoriété ou d'autres variables du même genre, ou sieffectivement l'influence de la responsabilité d'une personne infectée par une injection de drogue est plus importante.. »

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