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RESSOURCE GRATUITE: Le silence a-t-il un sens ?

Publié le 22/07/2010

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Le silence. Dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, où le bruit et le bavardage semblent être devenus la règle d’or, le silence est une exception. Il est vrai que la valeur du silence paraît nous échapper, et l’on semble le fuir, comme s’il pouvait nous révéler des choses que l’on voudrait se cacher. Ou bien est-ce seulement parce qu’il nous paraît inutile et sans signification aucune, que nous ne le recherchons pas. Pourtant nous avons besoin de silence jusque dans notre vie quotidienne, par exemple pour dormir ou réfléchir. Mais parlons-nous alors du même silence ? Celui-ci est généralement défini comme étant une absence de bruit, ou l’action de se taire. Il se comprend alors comme silence extérieur par en opposition à un environnement bruyant. Rarement entendons-nous parler du silence intérieur, qui consiste, en quelque sorte, à effacer nos pensées confuses et inutiles.  Ainsi, par définition, nous venons de voir que le silence, ne pouvait, par définition, rien dire. Mais est ce que cela l’empêche forcément de posséder un sens ? On entend le mot « sens « ici comme une signification, une sorte de message, mais on peut aussi l’envisager comme une direction. Alors le silence correspond-il seulement à une d’absence de bruit, un vide ou permet-il au contraire de transmettre quelque chose à quelqu’un ? Et si l’on désire aller plus loin, on peut se demander ce que représente en soi le silence pour les hommes. En d’autres termes, le silence a-t-il un sens  pour l’homme?    Tout d’abord, nous pouvons penser que le silence n’a ni sens ni but précis. Il survient au hasard, sans que l’on s’y attende ou qu’on ne l’ait provoqué. Par exemple, il arrive qu’en ville, où le bruit règne presque constamment, il y ait quelques secondes de silence, tellement inhabituelles que brusquement on les remarque.  Ainsi, le silence peut être considéré comme une sorte d’ « état «. En effet, il est difficile de penser que lorsque l’on dort, et qu’il n’y a aucun bruit le silence ait un quelconque sens. Il s’est installé parce qu’il n’y a plus de bruits extérieurs. Il en est de même dans la nature où ces longs moments de silence ne semblent pas transmettre quelque chose.  De plus, le silence, devenu rare à notre époque, a pris un aspect libérateur car le bruit nous entoure et nous oppresse continuellement. Les gens peuvent le rechercher, pour se reposer l’esprit par exemple, mais ils ne le cherchent pas pour y trouver un quelconque message.  On peut donc dire que le silence a une utilité, que les hommes s’en servent un peu comme d’un outil à leur service, au même titre qu’une machine, mais cela ne veut pas pour autant dire qu’il a un sens, ou que, lorsqu’on l’utilise, c’est pour faire passer un message.  Puis, le silence peut correspondre tout simplement à un arrêt de la parole. Lorsque quelqu’un se tait parce qu’il n’a plus rien à dire ou parce qu’il est tout seul, le silence qu’il va provoquer peut être vide et sans aucune substance.  De plus, le silence peut-être la conséquence d’une impossibilité de communiquer avec les autres. Ainsi, un sourd muet vit dans le silence, et ne connaît que lui, jusqu’à ce qu’il apprenne un autre langage que la parole (le langage des signes dans le cas présent). Pour lui, le silence n’a pas de sens car il ne peut l’opposer à la parole, et il est vrai que l’un ne peut avoir de signification sans l’autre. Le silence seul n’apporte alors rien, pas même la possibilité de se penser comme étant une personne, un « je «, comme ayant une identité. Il provoque un isolement vis-à-vis du monde environnant.  Enfin, pour certains, le silence n’est rien, sauf une perte de temps, un vide inutile, presque malsain. En effet, dans notre société actuelle, le silence semble plutôt mal vu, paraît quasiment être une faiblesse pour certains, qui le méprisent et lui préfèrent de longues et belles phrases, qui ne s’avèrent être, en réalité, qu’un vulgaire bavardage. C’est le cas de certains politiciens qui comblent le « silence « de leurs idées par un langage rhétorique habile. En général, les « bavards « ne voient pas de sens dans le silence et partent souvent pour le rompre, pour ne pas se sentir seuls, pour se sentir exister.  On peut en conclure que le silence seul n’exprime rien, ne sert à rien, si ce n’est à se reposer l’esprit ou se concentrer. Pourtant, si on le replace dans son contexte, ce qui l’entoure, le langage, ou encore les personnes qui l’analysent, vont lui donner un sens, propre à chacun.    En effet, le silence en lui-même n’a peut-être pas de sens, mais l’Homme se charge de lui en donner un. Il est vrai que si on le prend à part, de façon isolée, il est difficile de trouver en lui un message, mais dès qu’on l’associe au contexte, il exprime soudain quelque chose.  Tout d’abord, les non-dits, dans une discussion ou les ellipses, en littérature, mettent parfois en valeur, ce que, justement, on ne veut pas dire, mais que l’autre devine et qui va, du coup, être marqué. C’est ce qu’on appelle un silence éloquent.  Dans cette même optique, le silence porte un message qui peut devenir une sorte de symbole. Par exemple, une minute de silence témoigne du respect que l’on a pour quelqu’un ou de l’hommage qu’on lui rend. C’est aussi dans ce cas là que le silence a une dimension de direction car il va de l’un à l’autre.  On peut aisément affirmer que silence est un langage à part entière, mais c’est un langage non verbal. Il peut être chargé de sens car il permet de dire l’indicible, d’exprimer l’inexprimable. Il est, non seulement une métaphore de la mort (on caractérise celle-ci par le repos, le silence éternel, d’ailleurs les cimetières sont toujours des lieux de silence profond) mais aussi une sorte de rencontre de l’Homme avec le transcendant, le surnaturel, la divinité, enfin tout ce qui nous dépasse. C’est d’ailleurs pour cela, que, dans certaines religions, telles que le christianisme par exemple, le silence tient une place très importante, peut-être même la plus importante, car c’est dans le silence que l’on parvient à se rapprocher de Dieu. Puisqu’on ne peut le faire par la parole, qui ne semble jamais assez forte, c’est par le silence qu’on le tente.  En effet, le silence remplace la parole quand celle-ci ne ferait que fausser la pensée. Il fait alors passer un message plus fort et plus pur que n’auraient pu le faire de simples mots. C'est d'ailleurs ce que traduit la Euripide dans « Fragments « par la citation suivante «  Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence «. Ce qui traduit bien l'idée que le silence apporte souvent bien plus que de simples mots.  De même, le silence fait passer des sentiments, dont la parole ne peut rendre compte totalement : le mépris, l’approbation, le regret, l’amertume, l’amitié, l’amour ou encore le désespoir. Il permet de ne pas avouer, de partager une sorte de secret implicite avec l’autre.  Ainsi, le silence peut traduire la complicité entre deux personnes car il se rattache au vécu, à l’intime, seules ces dernières comprennent le sens de ce dialogue silencieux qui va bien au-delà des mots. Celles-ci se connaissent tant qu’elles peuvent se permettre de se taire ensemble, et d’arrêter tous ces bavardages qui ne servent qu’à se cacher à l’autre...ou à soi. En effet, le bavardage ruine la parole, l’écoute de l’autre et même la pensée, le bavardage ruine le dialogue.  Dans la continuité de cette réflexion nous pourrions évoquer Platon qui affirme que le silence permet d’atteindre la Vérité éternelle, car lorsque on a exclu tous les mots et toutes les pensées inutiles qui ne sont qu'artifices et qui nous permettent d’échapper au silence, et donc à nous même, on se rapproche de la Vérité, celle qui fascine et qui fait peur, celle que l’Homme ne veut pas voir    En conclusion, on peut accepter le fait que certaines personnes ne voient pas l’utilité ou même la raison d‘être du silence et considèrent qu'il n'a aucun sens. Elles parlent donc sans cesse et ne laissent pas de place à ce silence qu’elles méprisent ou rejettent. Elles bavardent pour s’échapper. Mais, cette pratique rend bien souvent la parole vulgaire et enlève en quelque sorte toute réflexion, sur soi mais aussi sur les autres, et la parole ne rejoint plus la pensée. C’est donc que le silence a , non seulement un sens, mais aussi une fonction. Si on lui laisse sa place, c’est alors que l’on se rend compte du sens profond qu’il a et qu’il donne. Ce sens n’est exprimable ni par la parole, ni par les mots, qui ne sont en fait chacun que des traces de notre réflexion, des traces du silence.  Le silence permet ainsi d’approcher la Vérité, un peu comme l’art. D’ailleurs, on peut se demander si, à notre époque, faire silence, même quelques instants, n’en est pas devenu un.

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