Devoir de Philosophie

Russell: La valeur de la philosophie

Publié le 18/04/2009

Extrait du document

russell
La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n'a aucune teinture de philosophie traverse l'existence, prisonnier de préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident ; les objets ordinaires ne font pas naître de questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris. Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons, comme il a été dit dans nos premiers chapitres, que même les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes. La philosophie, bien qu'elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et délivre celle-ci de la tyrannie de l'habitude. Tout en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît énormément notre connaissance d'une réalité possible et différente ; elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n'ont jamais parcouru la région du doute libérateur, et elle garde intact notre sentiment d'émerveillement en nous faisant voir les choses familières sous un aspect nouveau. RUSSELL

Ce texte pose, dans une perspective épistémologique, le problème de la valeur de la philosophie, et du caractère singulier de cette valeur, en la définissant par opposition à une position non philosophique. Le pivot de cette opposition entre la posture philosophique et la posture non philosophique est le couple doute – certitude.

 

HTML clipboard« C‘est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie « C’est ainsi que Russel propose à son lecteur une réflexion paradoxale sur la philosophie. Comment la faiblesse de l’incertitude peut-elle être la valeur même de la philosophie ? On considère couramment l’incertitude comme une erreur, un doute, une hésitation, pour démontrer et prouver on s’appuierait plutôt sur des certitudes. Mais si la philosophie réside sur l’incertitude, faut-il penser qu’en philosophie il n’existe rien que l’on puisse affirmer, démontrer ? L’attitude décrite ici est celle du scepticisme : certains philosophes considèrent qu’il existe probablement des réponses aux problèmes philosophiques mais que l’homme ne peut pas trouver de certitudes quant aux énigmes de al nature et de l’univers, que l’esprit humain ne peut connaître avec certitude. Cette pensée entraîne alors une suspension du jugement et une attitude de doute permanent. Mais alors, faut-il mettre continuellement de côté son opinion, son propre jugement ?

russell

« commençons à nous appliquer à la contemplation de la vérité.

Car il est certain qu'en ce qui regarde la conduite de notrevie, nous sommes obligés de suivre bien souvent des opinions qui ne sont que vraisemblables, à cause que les occasionsd'agir en nos affaires se passeraient presque toujours, avant que nous pussions nous délivrer de tous nos doutes.

Etlorsqu'il s'en rencontre plusieurs de telles sur un même sujet, encore que nous n'apercevions peut-être pas davantage devraisemblance aux unes qu'aux autres, si l'action ne souffre aucun délai, la raison veut que nous en choisissions une, etqu'après l'avoir choisie, nous la suivions constamment, de même que si nous l'avions jugée très certaine.

» Si la démarche de doute, de mise en question, apparaît comme caractéristique de la philosophie, on peut cependants'interroger sur l'efficacité pratique de ce doute, et sur l'éventuelle nécessité de congédier le doute, ou un certain type dedoute, dans certaines circonstances, sans pour autant renier la posture philosophique.

L'adoption de cette perspective surle texte de Russell invite donc à en prendre le contre-pied et à s'interroger sur la place de la certitude en philosophie, aulieu de s'arrêter à un jeu de correspondances philosophie = prise en charge de l'incertitude et non-philosophie = limitationde soi à des certitudes mêmes erronées. Le texte de Malebranche ci-dessous fournit une piste pour le développement de cette perspective, en ce qu'il permetd'affiner le concept de doute.

Sa lecture pourra éventuellement s'accompagner d'une réflexion sur les rapports entre ladémarche philosophique et la certitude. Malebranche, Recherche de la vérité « Qu'on ne s'imagine pas avoir peu avancé si on a seulement appris à douter.

Savoir douter par esprit et par raison n'estpas si peu de chose qu'on le pense : car, il faut le dire ici, il y a bien de la différence entre douter et douter.

On doute paremportement et par brutalité, par aveuglement et par malice ; et enfin par fantaisie, et parce que l'on veut douter.

Mais ondoute aussi par prudence et par défiance, par sagesse et par pénétration d'esprit...

Le premier doute est un doute deténèbres qui ne conduit point à la lumière, mais qui en éloigne toujours ; le second naît de la lumière et il aide en quelquefaçon à la produire à son tour.

» ============================================================================================== Problèmes de Philosophie (Bertrand RUSSEL) « c'est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie...

» Dans son texte extrait de Problèmes de philosophie, Bertrand RUSSEL s'interroge sur la véritable valeur de la philosophie.

Il utilisera la thèse de l'opinion commune pour approfondir la sienne et l'exprimer : l'incomplétude et l'incertitude caractéristique de la philosophie en font sa valeur.

Cette opinion lui permettra de montrer à quel point ce paradoxe s'avère vrai.

On se demande alors quelles sont ces valeurs caractéristiques de la philosophie qui font de ces réflexions des moments particuliers.

Russel dévoilera ensuite ce qu'il en est réellement des valeurs de la philosophie.

On étudiera dans un premier temps que la philosophie constitue un éveil au doute et dans un deuxième temps que la possibilité de douter est une composante essentielle de la valeur de la philosophie. « C 'est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie » C'est ainsi que Russel propose à son lecteur une réflexion paradoxale sur la philosophie.

Comment la faiblesse de l'incertitude peut-elle être la valeur même de la philosophie ? On considère couramment l'incertitude comme une erreur, un doute, une hésitation, pour démontrer et prouver on s'appuierait plutôt sur des certitudes.

Mais si la philosophie réside sur l'incertitude, faut-il penser qu'en philosophie il n'existe rien que l'on puisse affirmer, démontrer ? L'attitude décrite ici est celle du scepticisme ; certains philosophes considèrent qu'il existe probablement des réponses aux problèmes philosophiques mais que l'homme ne peut pas trouver de certitudes quant aux énigmes de al nature et de l'univers, que l'esprit humain ne peut connaître avec certitude.

Cette pensée entraîne alors une suspension du jugement et une attitude de doute permanent.

Mais alors,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles