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SÉVIGNÉ (Mme de) : Lettres (Analyse et Résumé)

Publié le 22/02/2012

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Les quatre cinquièmes des lettres que nous avons conservées sont adressées à Mme de Grignan. Il s'agit là d'une correspondance strictement privée : « Ce n'est jamais pour d'autres Li que je les écris [...]. Il me semble que nous sommes à un degré de parenté qui ne donne point de curiosité » (18 novembre 1671 ; lettre 16, p. 78). Un intime peut parfois lire par-dessus l'épaule de la Marquise ce qu'elle vient d'écrire avant d'y ajouter quelques mots ; Mme de Grignan peut montrer à certains de ses proches tel ou tel fragment de lettre qui ne leur était pas directement destiné — mais sa mère la trouve « bien plaisante » d'agir ainsi. Il faut des circonstances exceptionnelles pour que le cercle des lecteurs — ou des auditeurs — s'élargisse un tout petit peu : Mme de Sévigné trouve une nouvelle fois sa fille « trop plaisante d'avoir lu en public (sa) relation des Chevaliers » (19 janvier 1689), mais elle sait très bien qu'une telle lecture ne pouvait que contribuer au prestige de M. de Grignan, qui venait justement d'être promu chevalier (cf p. 163, note 3). Souvent achevées — pour ne pas dire interrompues —trop hâtivement pour être corrigées, à plus forte raison pour être recopiées, les lettres à Mme de Grignan ont été conservées en Provence et, très longtemps, n'ont pu être connues du public.

« qui auraient pu ternir l'image que ce public devait se faire de la Marquise.— Du milieu du XVIIIe siècle au début du XIXe, révélation d'inédits, en particulier des lettres restées à Paris et lalettre des foins, exhumée en 1815 par un littérateur anglais dans des conditions qui ont pu faire douter de sonauthenticité.— En 1873, découverte par Charles Capmas d'une copie d'un bon tiers des lettres de Mme de Sévigné à Mme deGrignan beaucoup plus fidèle que les éditions Perrin.Quant aux originaux conservés en Provence et aux lettres de Mme de Grignan, ils ont été purement et, simplementbrûlés sur l'ordre de Mme de Simiane, mue non tant par les scrupules littéraires qui avaient été ceux de Perrin et quiétaient très généralement partagés à l'époque que par des scrupules moraux : « Il est venu à cette dame, écrit uncontemporain, de nouveaux scrupules, et plus difficiles à lever.

Elle est alarmée des histoires galantes que sa grand-mère se plaît quelquefois à raconter, et des réflexions qu'elle se permet, qui ne s'accordent pas toujours avec cettehaute dévotion dont elle faisait quelquefois parade.

Le contraste est en effet plaisant.

» 3.

La correspondance de Mme de Sévigné aujourd'hui al Le texte actuelLe texte de la correspondance dont nous disposons aujourd'hui est à la fois (et, semble-t-il, irréparablement) :— Tronqué, puisque nous ne connaissons les lettres de la principale correspondante de Mme de Sévigné que par lescommentaires que celle-ci en fait et les réponses qu'elle leur apporte.— D'une fidélité souvent suspecte.

Nous possédons bien un certain nombre d'originaux (en particulier des lettres etdes billets adressés à Mme de Grignan alors que celle-ci se trouvait à Paris, et qui ont du coup échappé à l'autodaféprovençal), mais les lettres qui ne nous sont connues que par l'édition Perrin ont été mutilées et amendées, et cellesmêmes qui figurent dans le manuscrit Capmas ont été (ou ont pu être) retouchées. b/ La position du lecteurQuoi qu'il en soit, nous voici dans la position de ces tiers que Mme de Sévigné redoutait tant, nous pénétrons dansune intimité qui ne devait pas être violée.

Cette position est très exactement celle que tant de romanciers, enparticulier au avine siècle, se sont plu à imaginer de manière à donner à leur oeuvre un brevet d'authenticité : «comme les romans-mémoires de Marivaux, de Prévost, de Diderot, le roman par lettres se présente en document,émanant non pas d'un romancier, mais de personnages réels ayant vécu et écrit.

C'est la fiction du non-fictif» (JeanRousset, « Le roman par lettres », dans Forme et signification, p.

75).

Dans le cas de Mme de Sévigné, la réalitérejoint cette fiction.Installons-nous résolument à la place que d'heureusescirconstances nous ont ainsi ménagée et qui nous permet :— D'être les témoins d'une expérience exceptionnelle, à la fois par l'intensité et la complexité du sentiment qui unitles deux femmes et par la relation qui s'est instituée entre la passion et l'écriture.— D'apprécier l'exceptionnelle qualité d'un texte qui, quelles qu'aient été les intentions de son auteur, s'est imposécomme une oeuvre littéraire. 2.

La composition de l'oeuvre Voir les « Commentaires », pp.

185-194 (« L'originalité de l'oeuvre ») et pp.

194-203 (« Analyse.

Thèmes.Personnages »).On trouvera dans ces commentaires toutes les informations indispensables sur la composition de l'oeuvre, enparticulier :— Sur la place qu'y tiennent les principaux correspondants de Mme de Sévigné (outre M.

de Grignan, Pomponne, lesCoulanges, Bussy-Rabutin...).— Sur les conditions qui déterminent l'écriture des lettres à Mme de Grignan : les séjours de Mme de Grignan enProvence et ceux de Mme de Sévigné en Bretagne (p.

196) ; les jours de départ du courrier et les délaisd'acheminement (pp.

190-193); l'interaction entre la réception et l'envoi des lettres.Il faut signaler le cas très particulier des lettres écrites de Paris à Paris.

Elles peuvent être de simples billets, ellespeuvent aussi avoir un intérêt exceptionnel, telle cette lettre de mai 1678 (lettre 30, p.

112) écrite alors que lesdeux femmes habitaient sous le même toit : elle témoigne des tensions qui surgissaient lorsque Mme de Grignanrépondait à l'envahissante tendresse de sa mère avec cette réserve dont elle ne se départait que dans ses lettres,et qu'à sa volonté décidément bien impérieuse elle opposait une ferme résistance. 3.

Les thèmes principaux 1.

Le couple central a/ L'amour maternel« Il n'y a plus moyen de parler de vous à cette adorable mère ; les grosses larmes lui tombent des yeux.

Mon Dieu,quelle mère ! » (Coulanges à Mme de Grignan).

Mme de Sévigné n'a pas toujours eu pour sa fille cette passion. »

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