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Suis-je le mieux placé pour savoir ce que je suis ?

Publié le 27/02/2005

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Ces deux sciences ont blessé l'orgueil humain, ont montré à l'homme que son sentiment de supériorité était naïf et erroné. C'est pourquoi les thèses de Copernic valut un procès à Galilée, devant l'Inquisition en 1633. C'est pourquoi les thèses de Darwin sont jugées à l'époque scandaleuse. Les hommes refusent ce qui les blesse et y opposent une farouche résistance. Or, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison. » L'individu est pluriel : il n'est pas seulement une conscience maîtresse d'elle-même ; il subit un inconscient qui le pousse à agir malgré lui. Redécouvrir et explorer cette zone d'ombre en nous, cette force qui nous rend passif, ce déchirement de l'homme reste le principal acquis de la psychanalyse. Le point de vue que nous avons sur nous-mêmes est partiel et partiel Il arrive souvent, même lorsque nous sommes adultes, que des aspects de notre personnalité nous échappent, en particulier nos défauts. Nous en sommes inconscients jusqu'à ce que des amis ou des personnes de notre entourage nous en fassent la remarque. Seuls les autres peuvent avoir sur nous un regard objectif, car distancié.

« vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. Je suis un sujet, pas un objet de connaissance« La subjectivité est la vérité», dit Kierkegaard dans Post-scriptum aux Miettes philosophiques.

Je ne peux connaître que del'intérieur.

Je suis ainsi le mieux placé pour savoir ce que je suis et quelle est ma place dans le monde.

Et, puisque je suis libre,personne, sauf moi, ne peut prétendre savoir comment je vais agir ou penser.

[Une partie de moi-même m'échappe.

Je peux ne pasêtre conscient de certains aspects de mon caractère.D'autres, plus expérimentés ou objectifs que moi, peuventsavoir mieux que moi-même comment je fonctionne.] Notre inconscient sous échappeFreud souligne qu'une ne partie de notre psychisme est inconsciente et peut donc nous rester inconnue.

Le moi n'est pas maîtredans sa propre maison.

Nous pouvons par exemple refouler certains sentiments dérangeants ou agir de manière totalementinsensée.

Un psychanalyste perspicace, connaissant les ressorts de l'âme humaine, interprétera cependant nos actes, nos pensées,et nous en révélera le sens caché.

Aussi, pouvons-nous dire que nous ne sommes pas les mieux placés pour nous connaître. « Tu crois savoir tout ce qui se passe dans ton âme, dès que c'est suffisamment important, parce que ta conscience te l'apprendrait alors.

Et quand turestes sans nouvelles d'une chose qui est dans ton âme, tu admets, avec uneparfaite assurance, que cela ne s'y trouve pas.

Tu vas même jusqu'à tenir« psychique » pour identique à « conscient », c'est-à-dire connu de toi, et celamalgré les preuves les plus évidentes qu'il doit sans cesse se passer dans ta viepsychique bien plus de choses qu'il ne peut s'en révéler à ta conscience.

Tu tecomportes comme un monarque absolu qui se contente des informations que luidonnent les hauts dignitaires de la cour et qui ne descend pas vers le peuple pourentendre sa voix.

Rentre en toi-même profondément et apprends d'abord à teconnaître, alors tu comprendras pourquoi tu vas tomber malade, et peut-êtreéviteras-tu de le devenir. C'est de cette manière que la psychanalyse voudrait instruire le moi.

Maisles deux clartés qu'elle nous apporte : savoir, que la vie instinctive de la sexualiténe saurait être complètement domptée en nous et que les processus psychiquessont en eux-mêmes inconscients, et ne deviennent accessibles et subordonnés aumoi que par une perception incomplète et incertaine, équivalent à affirmer que lemoi n'est pas maître dans sa propre maison ». FREUD , « Essais de psychanalyse appliquée ». Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.

Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..

Pour le dire brutalement, en cesens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes e toute connaissance de cause, dans laclarté), mais serait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il neserait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) nepeut s'exprimer directement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales,professionnelles, morales du sujet.

Notre président subit donc deux forces contraires : l'uneparfaitement en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne peuts'exprimer directement, ouvertement.

Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre undésir conscient, conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer,mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement consciencequ'il ne veut pas être là.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais paspourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n'y a pas d'actes innocents ouanodins.

Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces. L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques,sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles.

Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avaitconscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : lelapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes conscientes et moralesque j'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit, ce symptôme. L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) ne m'est pas. »

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