Devoir de Philosophie

Le technicien n'est-il qu'un exécutant ?

Publié le 07/11/2005

Extrait du document

Autrement dit, la technique est utilise même si la science ne l'explique pas, ne l'appuie pas par des théorèmes. Cela remet en question l'idée que la technique n'est qu'une application des sciences, et est donc inférieures. La technique est utile avant la science et même, n'en découle pas nécessairement.   à le technicien est finalement celui qui crée : « Ce n'est pas seulement son utilisation, c'est bien la technique elle-même qui est déjà domination (sur la nature et sur les hommes), une domination méthodique, scientifique, calculée et calculante. » Marcuse, Culture et Société, 1965. L'inventeur ou le contremaître ne sont que des intervenants pensants, ils ne fabriquent pas, ne façonnent pas le monde. Or, un objet qui n'est qu'une idée n'est rien, ne sert à rien, on ne peut donc pas affirmer que le penseur asservit le technicien, au contraire, il lui est subordonné car sans lui, point d'oeuvre. Le technicien n'est pas une machine car il anticipe et crée : "Si chaque instrument était capable, sur une simple injonction, ou même pressentant ce qu'on va lui demander, d'accomplir le travail qui lui est propre, (...) alors, ni les chefs d'artisans n'auraient besoin d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves." Aristote, La Politique, 384-322 av.

Le technicien est par définition la personne versée dans la connaissance d'un  art ou d'une pratique. On distingue alors généralement le technicien du  concepteur qui serait celui qui pense, conçoit, définit, alors que le  technicien serait celui qui met en pratique ce que les autres ont pensé pour  lui. En ce sens, le technicien est celui qui exécute et on pourrait alors le  qualifier d'exécutant. Ainsi, on opère une distinction, par exemple, entre  les ingénieurs qui conçoivent une voiture et les techniciens qui la  fabriquent ou la réparent. Dans leurs actions, ils connaissent la mécanique,  ils savent alors faire en sorte de faire disparaître des dysfonctionnements  même s'ils ne sont pas ceux qui ont conçu le moteur, qui l'ont pensé.  Toutefois, aborder la technique uniquement comme une pratique n'est-ce pas  nier une de ses dimensions ? En effet, la technique ne suppose-t-elle pas  déjà un certain savoir qui ferait que le technicien ne se réduit pas à  mettre en pratique ce que d'autres ont pensé pour lui ? En d'autres termes,  il faudrait se demander si l'activité technique ne suppose pas également une  activité de la pensée. En effet, si le technicien n'était qu'un exécutant,  il pourrait simplement être remplacé par une machine, on considérerait que  son activité n'est que mécanique. Il faudrait alors montrer en quoi la  pratique technique conduit à son tour à interroger la théorie. En d'autres  termes, si on veut montrer que le technicien n'est pas qu'un exécutant, il  faut montrer en quoi il est nécessaire de sortir d'une opposition entre la  théorie et la pratique en faveur de la théorie. Pour cela, vous pouvez  montrer en quoi l'usage de l'outil suppose déjà une intelligence par  exemple. Vous pouvez ici réfléchir sur la question de la main et de l'outil.

« IVe siècle av.

J.C, Traité des Parties des animaux).

La main, a écrit Kant (XVIIIe s.) signale chez l'homme le « congé définitif» que l'intelligence donne à l'instinct.La main, organe doué d'expressivité.

Pensez aussi au caractère éminemmentindividuel de la main : empreintes digitales, graphologie, lignes de la main,expressivité de la main du musicien, etc.A la différence de l'animal, l'homme crée les moyens de son travail : les outils.L'outil est une sorte de ruse de la raison, qui se détourne provisoirement dubut à atteindre, pour construire un moyen d'action efficace : fabriquer unmarteau, c'est différer d'enfoncer le clou...

pour l'enfoncer plus facilement.Marx a repris à son compte la définition de Franklin : l'homme, écrit-il, est untoolmaking animal, un « animal fabricateur d'outils » (Le Capital, 1867).

On ditsouvent, dans le même sens, que l'homo sapiens est d'abord un homo faber. « C'est à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que lanature a donné l'outil de loin le plus utile : la main.

Car la main devient griffe,serre, corne, ou lance, ou épée, ou toute autre arme ou outil.

Elle peut êtretout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir.

» Aristote,Des parties des animaux, Ive s.

av.

J.-C. à la main au service du cerveau : Physiologiquement, l'usage de la main dépend du vouloir et de la pensée.

Ellen'est pas un outil inerte qu'on actionne mais une réponse à une volonté, et même à un élan qui est une sorte de savoir pré-scientifique. "On a fait l'arc, le treuil et la voile sans savoir assez ce qu'on faisait.

[...] On a souvent remarqué que nos lointainsancêtres avaient une technique fort avancée avec des idées d'enfants.

Nos descendants diront à peu près la mêmechose de nous [...] ; mais, en nous comme en eux, il y a toujours une point de puissance qui est en avance sur lesavoir." > Alain, La technique contre l'esprit, 3 novembre 1932, in Propos, Gallimard, coll.

Pléiade, t.

I, p.

1102.L'usage de la main est indubitablement lié à l'usage d'un certain savoir, enfoui, presque spontané ou inné, si l'onveut.

L'usage de la main n'est pas l'utilisation d'un outil mais celui de son propre corps subordonné à une pensée. II ] Le technicien est toutefois remplaçable par une machine : le travail de technicien est avilissant pour l'homme qui n'est alors qu'un outil : « Plus les techniques progressent, plus la réflexion est en recul.

» Gabriel Marcel, Les Hommes contre l'humain, 1951.La technique serait donc déshumanisante puisqu'elle contribue à effacer le propre de l'homme : sa capacité àréfléchir.

La technique est ici perçue comme avilissante pour l'humain, qui se réduit à faire de son corps un outil auservice de la matière, de l'utile, et qui est un outil entre les mains de l'inventeur (qui lui reste un être doué deréflexion) et du contremaître, qui connaît (et détient donc le savoir) la machine à construire.

Le technicien ne seraitdonc qu'un rouage dans une mécanique où son individualité, où son humanité n'ont plus leur place. la main se réduit parfois à n'être qu'un outil : « Dès que l'homme, au lieu d'agir avec l'outil sur l'objet de travail, n'agit plus que comme moteur d'une machine-outil,l'eau, le vent, la vapeur peuvent le remplacer, et le déguisement de la force motrice sous des muscles humainsdevient purement accidentel.

» Marx, Le Capital, 1867.

En somme, lorsque le travail d'un homme se borne à êtrerépétitif, ne demandant aucun savoir ni connaissance particulière, en somme quand il est avilissant, alors la mainn'est plus main, elle n'est qu'outil (précisons que Marx parle ici du travail industriel et non pas du travail manufacturéen général).

Et en effet, on peut se demander si dans un travail à la chaîne, lorsque l'ouvrier ne fait que visser lemême boulon sur la même pièce à longueur de journée, sans savoir à quoi servira la pièce en question dans leproduit final, on peut considérer qu'il n'est plus qu'outil, un outil remplaçable par une machine.

Et d'ailleurs, de fait,beaucoup d'ouvriers ont vu leur travail remplacé par des machines. le technicien répond effectivement à une demande extérieure : « Un monde gagné pour la technique est perdu pour la liberté ».

Bernanos.

Il semble que pour Bernanos, latechnique est la perte d'une liberté, une liberté créatrice.

En effet, un mouvement technique est un mouvementrépété, qui fait toujours la même action, qui est connu à l'avance.

Ceci est à l'opposé d'une création de la main etdu technicien, qui n'est alors considéré que comme simple exécutant. Transition : Mais l'artiste également est un artisan, un technicien.

Il mélange ses couleurs selon une règle, les applique sur la toile selon une autre, le musicien connaît son solfège et l'utilise au service de la création.

La où il y atechnique, la créativité n'est pas nécessairement absente.

Technique et créativité ne sont pas exclusives l'une del'autre. III ] Le technicien n'est pas avili, il est libre : La science ne précède pas toujours la technique :. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles