LE THÉATRE AVANT LE QUINZIÈME SIÈCLE
Publié le 31/05/2012
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Le miracle de Théophile, avec sa tenue édifiante et un peu compassée, avec sa forme travaillée, et parfois trop littéraire, avec l'artillce de ses développements et de ses rythmes qui marquent la maigreur de la pensée, n'est pas une oeuvre supérieure. Il y a là un talent d'écrivain trop complaisamment étalé pour que les attitudes rigides et le dessin sec de ces personnages de vitraux se fassent got'iter. Cependant nous connaissons la simplicité de la foi du poète, et sa fervente confiance en Notre Dame : il en a tiré quelques assez belles inspirations, et un monologue demi-lyrique...
«
culte 1• Il ne s'agit que du théâtre qui tire ses sujets de l'histoire
religieuse et des légendes dévotes.
Ainsi réduite, la proposition n'a plus rien d'étonnant.
Tout
ce que le peuple pouvait gotiter d'émotions esthétiques lui
venait par la religion : l'Église était la maison bénie où se dila tait son âme, opp~imée par la dureté de la vie.
Les pompes, les
cérémonies de l'Eglise étaient sa joie.
Il ne se trouvait jamais
assez longtemps retenu par lé service de Dieu.
Et la messe était
une belle chose; mais surtout c'était déjà un drame : drame dans
sa forme, par les chants alternés avec la récitation, par le dialogue
de l'officiant et dès clerés ou des fidèles : tlrame aussi dans son
fond, par la commémoration symbolique du sacrifice, de l'acte
essentiel qui fonda le dogme.
Le prêtre devenait Dieu, et Dieu par lait: Ceci est mon corps, ceci est mon sang.
Mais la source immédiate
du drame, c'était la variation de l'office du jour, les prières ou le
récit qui rappelaient l'acte divin; le saint, ou le martyr, doqt l'of fice du jour consacrait particulièrement la mémoire; c'était l'Evan gile, les Actes des apôtres, ces délicieux poèmes de la religion
naissante, que l'usage de l'Église découpait pour servir à l'édifica
tion du peuple selon l'ordre de l'année chrétienne.
Le drame était partout dans ces récits : il ~uffisait de distinguer les personnages
et de distribuer les rôles.
Ne voit-on pas encore aujourd'hui l'Évan gile de la Passion se lire à trois voix, le prêtre disant la partie de
1.
Il parait utile d'indiquer la provenance des màtiUscrits qui contiennent les
pièces principàles dont le rapprochement fait apparaitre nettement l'évolution de la poésie dramatique depuis ses premières origines.
Tropes : ms.
de l'abbaye Saint Martial de Limoges, Bibl.
nat., fonds latin, n• /118.- Dmmes liturgiques : ms.
de Saint-Martial de Limoges, Bibl.
nat., fonds latin, n• 1199: il contient le drame des Vierges folles et les Prophètes du Christ.
Ms.
de J'abbaye de Saint-Benoit à Fleury
sur-Loire, Bibl.
d'Orléans, n• 178 : il contient dix draines liturgiques, quatre Miracles de saint Nicolas, l'Adoration des Mages, le Massacre des Innocents, les Saintes Femmes au tombeau, l'Apparition à .8mmaüs, la Conversion de saint Paul et la Résurrection de Lazare.
Mss de Rouen, n°' 48 y et 50 y : ancienne rédaction du drame de la Crèche.
Mss d'Origny Sainte-Benoite, Bibl.
de Saint-Quentin, n• 75 : le Drame des Trois iii aries.
Éditions : Hilarii t•ersus et ludi, pub.
p.
Champollion-Figeac, Paris, 1838.
Cous semaker, Drames liturgiques, Rennes, 1860 (les Vierges folles; les Trois Maries).
Fr.
Michel et Moninerqué, Thédtre français au moyen âge, Paris, 1839 ( Viergès folles;
Prophètes du Christ (latin); la Résurt•ection d:i xn• siècle; le Jeu de sàinf Nicolas, de Jean Bodel, etc.) Adam, mystère du xn' siècle, éd.
L.
Palustre, Paris 1877; éd.
K.
Grass (Rom.
Biolioth., n), 1891.
Le illiracle de Théophile, dans Rutebeuf, Œuvres complète.•, éd.
Jubinal.
Bibl., elzév.
t.
Il.
Les Miracles de Not1•e Dam.e (ms.
Cangé), pub!.
par G.
Paris et U.
Robert, 8 vol.
in•8, Soc.
des Anc.
textes, Paris, 1879 et su iv.; les neuf dernières pièces du recueil de Fr.
Michel et Monmer qué sont extraites du second tome de ce même ms.
Cangé.
A consulter : Petit de Julleville, Mystères, 2 vol.
in-8.
Paris, 1880, avec une bibliol"raphie détaillée; L.
Gautier, Histoire de la poésie liturgique: les f1•opes, Paris, 1886; \V.
Crêizenach, Geschiclite de neueren Dramas, t.
1, Halle, 1893, in-8; J.
Bédier, Fragment d'un ancien mystère (Romania, t.
XXIV)..
»
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