Troglodytes
Publié le 07/05/2013
Extrait du document
«
leurs sentiments sont donc vrais, ce ne sont pas des mariages arrangés, comme cela était fréquent
à l’époque de Montesquieu.
Ce souci de l’intérêt général doit être aussi permanent.
Le texte présente une journée
de la vie des Troglodytes : Usbek les décrit du lever au coucher.
Le réveil : « dès qu’il ouvrit les
yeux », le déjeuner : « on faisait ensuite des festins », « le soir », le travail agricole : « lorsque
les troupeaux quittaient les prairies », le dîner : « dans un repas frugal », et enfin la nuit : « ils
s’abandonnaient à un sommeil ».
Cela donne l’impression d’une journée habituelle, que chaque
jour se déroule de la même manière.
Cela montre donc la permanence de l’intérêt général.
2.
D’autres vertus essentielles
L’intérêt général se traduit aussi par l’amour de la patrie et le renoncement à soi-
même.
Usbek écrit que les Troglodytes « ne savaient désirer que pour leurs compatriotes ».
L’amour de la patrie est une notion centrale.
L’abnégation de soi en est corrélative : « Les filles
venaient y apporter le tendre sacrifice de leur cœur ».
Le principe de vertu politique repose ensuite sur la justice.
La tournure intensive « si
juste » insiste sur la justice du peuple Troglodyte.
Les mots « ils chantaient les injustices des
premiers Troglodytes » laissent entendre qu’ils sont désormais justes.
Usbek parle aussi du
« bonheur d’une condition toujours parée d’innocence ».
Le terme innocence se rattache au
champ sémantique de la justice.
Les balancements dans le deuxième paragraphe « jeunes filles
… jeunes garçons », « donner … recevoir », « père … mère » expriment enfin l’idée du juste
équilibre.
Platon voyait en la justice « l’harmonie qui résulte du fait que chacun accomplit la
tâche qui lui a été dévolue en fonction de ses aptitudes dans une société idéalisée ».
Ainsi, la
notion de justice est liée avec celle d’harmonie, qui est suggérée dans ce texte par les « accords »
de la musique, les danses et les chants.
Le peuple des Troglodytes croit en la justice divine : « Ils célébraient les grandeurs
des Dieux, leurs faveurs toujours présentes aux hommes qui les implorent, et leur colère
inévitable à ceux qui ne les craignent pas.
» D’ailleurs, le fait qu’ils craignent des êtres
supérieurs, les dieux, témoignent de leur humilité.
Seul un être divin peut dominer ce peuple :
aucun Troglodyte ne peut dominer les autres, ils sont égaux.
Enfin, l’amour de l’intérêt général aboutit à l’établissement de vertus particulières à
la fois civiques et morales : celles qui transparaissent ici sont la charité et la frugalité.
La charité est par définition la vertu qui porte à faire ou à désirer le bien d’autrui.
Ainsi, les Troglodytes « ne savaient désirer que pour leurs compatriotes ».
La répétition dans
tout le troisième paragraphe de la tournure « ne…que » à trois reprises insiste et amplifie à la fois
cet altruisme.
La charité est aussi exprimée dans la phrase « ils se faisaient des présents où celui
qui donnait croyait toujours avoir l’avantage » : le don leur apporte plus de bonheur que de
recevoir.
Ils en viennent même à « s’abandonner à un sommeil que les soins et des
chagrins n’interrompaient jamais » ils pensent à leurs compatriotes même dans leur sommeil.
Le
bonheur des Troglodytes s’accompagne aussi d’une volonté de ne pas nuire au bonheur d’autrui.
Ainsi, le mot « innocence » peut être aussi interprété au sens étymologique du terme : innocent
vient du latin in-noceo : ne pas nuire.
Le Troglodyte veille à ne pas nuire à son prochain.
Cette
vertu sera reprise par l’Assemblée Constituante de 1789 dans l’article 4 de la Déclaration des
Droits de l’Homme et du Citoyen : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à
autrui ».
Le respect de cette vertu assure la liberté chez les Troglodytes..
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