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VICTOR HUGO : RUY BLAS : ACTE V SCENE 4

Publié le 07/03/2012

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hugo

Ruy Blas fait quelques pas en chancelant vers la reine immobile et glacée, puis il tombe à deux genoux, l'oeil fixé à terre, comme s'il n'osait lever les yeux jusqu'à elle. RUY BLAS, d'une voix grave et basse. Maintenant, madame, il faut que je vous dise. - Je n'approcherai pas. - Je parle avec franchise. - Je ne suis point coupable autant que vous croyez. Je sens, ma trahison, comme vous la voyez, Doit vous paraître horrible. Oh ! Ce n'est pas facile À raconter. Pourtant je n'ai pas l'âme vile, Je suis honnête au fond. - cet amour m'a perdu. - - Je ne me défends pas ; je sais bien, j'aurais dû Trouver quelque moyen. La faute est consommée ! - C'est égal, voyez-vous, je vous ai bien aimée. LA REINE. Monsieur... RUY BLAS, toujours à genoux. N'ayez pas peur. Je n'approcherai point. À votre majesté je vais de point en point - Tout dire. Oh ! Croyez-moi, je n'ai pas l'âme vile ! - Aujourd'hui tout le jour j'ai couru par la ville Comme un fou. Bien souvent même on m'a regardé. Auprès de l'hôpital que vous avez fondé, J'ai senti vaguement, à travers mon délire, - Une femme du peuple essuyer sans rien dire Les gouttes de sueur qui tombaient de mon front. Ayez pitié de moi, mon Dieu ! Mon coeur se rompt ! LA REINE. Que voulez-vous ? RUY BLAS, joignant les mains. Que vous me pardonniez, madame ! LA REINE. Jamais. RUY BLAS. Jamais ! Il se lève et marche lentement vers la table. Bien sûr ? LA REINE. Non, jamais ! RUY BLAS. Il prend la fiole posée sur la table, la porte à ses lèvres et la vide d'un trait. Triste flamme, - Éteins-toi ! LA REINE, se levant et courant à lui. Que fait-il ? RUY BLAS, posant la fiole. Rien. Mes maux sont finis. Rien. Vous me maudissez, et moi je vous bénis. Voilà tout. LA REINE, éperdue. Don César ! RUY BLAS Quand je pense, pauvre ange, Que vous m'avez aimé ! LA REINE. Quel est ce philtre étrange ? Qu'avez-vous fait ? Dis-moi ! Réponds-moi ! Parle-moi ! - César ! Je te pardonne et t'aime, et je te croi ! RUY BLAS. Je m'appelle Ruy Blas. LA REINE, l'entourant de ses bras. Ruy Blas, je vous pardonne ! Mais qu'avez-vous fait là ? Parle, je te l'ordonne ! Ce n'est pas du poison, cette affreuse liqueur ? Dis ? RUY BLAS. Si ! C'est du poison. Mais j'ai la joie au coeur. Tenant la reine embrassée et levant les yeux au ciel. - Permettez, ô mon Dieu, justice souveraine, Que ce pauvre laquais bénisse cette reine, Car elle a consolé mon coeur crucifié, Vivant, par son amour, mourant, par sa pitié ! LA REINE. Du poison ! Dieu ! C'est moi qui l'ai tué ! - je t'aime ! - Si j'avais pardonné ? ... RUY BLAS, défaillant. J'aurais agi de même. Sa voix s'éteint. La reine le soutient dans ses bras. Je ne pouvais plus vivre. Adieu ! Montrant la porte. Fuyez d'ici ! - Tout restera secret. - je meurs. Il tombe. LA REINE, se jetant sur son corps. Ruy Blas ! RUY BLAS, qui allait mourir, se réveille à son nom prononcé par la reine. Merci !

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« RUY BLAS, joignant les mains. Que vous me pardonniez, madame ! LA REINE. Jamais. RUY BLAS. Jamais ! Il se lève et marche lentement vers la table. Bien sûr ? LA REINE. Non, jamais ! RUY BLAS. Il prend la fiole posée sur la table, la porte à ses lèvres et la vide d'un trait. Triste flamme, - Éteins-toi ! LA REINE, se levant et courant à lui. Que fait-il ? RUY BLAS, posant la fiole. Rien.

Mes maux sont finis. Rien.

Vous me maudissez, et moi je vous bénis. Voilà tout. LA REINE, éperdue. Don César ! RUY BLAS Quand je pense, pauvre ange, Que vous m'avez aimé ! LA REINE. Quel est ce philtre étrange ? Qu'avez-vous fait ? Dis-moi ! Réponds-moi ! Parle-moi ! - César ! Je te pardonne et t'aime, et je te croi ! RUY BLAS. Je m'appelle Ruy Blas. LA REINE, l'entourant de ses bras. Ruy Blas, je vous pardonne ! Mais qu'avez-vous fait là ? Parle, je te l'ordonne ! Ce n'est pas du poison, cette affreuse liqueur ? Dis ? RUY BLAS. Si ! C'est du poison.

Mais j'ai la joie au coeur.. »

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